Le choix de la méthode. Chronique d’un professeur de piano n°12
La position des mains
Progresser à chaque cours
Partant du constat qu’ils démarrent complètement vierges (excepté quelques souvenirs de clé de sol liés à la flûte à bec au collège), que j’ai seulement 23 cours dans l’année, qu’ils travaillent peu entre les cours mais veulent avancer vite et jouer de vrais morceaux… L’équation n’est pas facile à résoudre.
Mon but est de pouvoir progresser à chaque cours, d’aborder une notion nouvelle chaque semaine, en avançant même si elle n’est pas parfaitement maîtrisée. Je m’assure qu’ils ont compris et sauront retravailler cette notion seuls, même si ce n’est pas dans l’immédiat. Contrairement aux enfants et aux adultes plus âgés, ils possèdent cette capacité d’emmagasiner des informations et de s’en resservir plus tard. Je n’attends donc pas que les petits morceaux soient complètement sus pour avancer. Ils les reprendront seuls, souvent pendant une période de vacances (puisque leur forfait piano s’interrompt de mi-mai à mi-octobre), et les perfectionneront.
J’ai testé cette solution, c’est un peu déroutant et frustrant, tant pour l’élève que pour l’enseignant.
Ce n’est pas du tout dans la lignée de ce que nous apprenons pendant nos études musicales, mais cela fonctionne. Il faut bien expliquer la démarche et convaincre qu’il n’est pas nécessaire d’amener un « produit fini » au cours. La peur de la réprimande est encore très présente. Les perfectionnistes ont un peu de mal à adhérer. Malgré tout, nous travaillons quelques pièces de manière plus aboutie pour le plaisir et parce que c’est nécessaire de ne pas rester toujours au niveau du déchiffrage amélioré. Chacun décide quelles pièces travailler plus en profondeur.
La position des mains
Par contre, j’accorde beaucoup d’importance à la position de la main et à la posture au piano, et sur ce point, je ne lâche rien. J’ai donc sélectionné à peu près 25 feuilles prises dans différentes méthodes (méthodes de piano Michael Aaron, enfants n°1 et n°2, plus quelques petits morceaux), je les ai photocopiées en quelques exemplaires et je les prête maintenant aux élèves (les originaux sont dans la salle de cours pour rester dans la légalité). Ces méthodes introduisent simultanément la mélodie, l’harmonie et la technique en une progression modérée et accessible. Le solfège est appris en même temps en partant du do central du clavier avec la main droite sur do, ré, mi, fa, sol, et la main gauche sur do, si, la, sol, fa (le do étant commun aux deux clés).
Ils comprennent ainsi facilement la logique de l’écriture et du clavier et l’utilité des deux clés (je vois encore arriver des élèves non débutants n’ayant pas compris que la clé de sol et la clé de fa sont une continuité : cela ne leur a pas été clairement expliqué. Le seul inconvénient est que cette position est peu physiologique, je compense avec des exercices de doigts en plaçant l’avant-bras et la main plus en face du clavier. Nous restons peu de temps sur ces premiers exercices ; très vite, les mains s’écartent (droite vers la droite, gauche vers la gauche) permettant d’apprendre de nouvelles notes et d’être dans une position plus adaptée. J’introduis très tôt cette notion (à l’intérieur d’une même pièce musicale) pour ne pas risquer de rester sur une lecture exclusive des doigtés. _ Ensuite, j’introduis des altérations (dièse, bémol, bécarre), puis les accords importants (premier degré, quatrième degré, cinquième degré) permettant déjà de jouer une mélodie accompagnée, simple mais juste. Les notions d’indépendance des mains sont présentes dès le début. La pédale faisant partie intégrante du jeu, elle est abordée rapidement en travaillant d’abord des exercices sans souci de lecture. Les plus grands déplacements sur le clavier, voire les mains croisées feront suite, ainsi que le travail de l’équilibre des mains (plus fort à droite ou à gauche).
Avec les élèves un peu plus âgés (personnel universitaire), la progression est la même mais un peu plus étalée car leur forfait est un peu plus long et ils travaillent plus régulièrement. Je leur demande d’acheter la méthode Aaron adulte à laquelle je fais quelques ajouts. Leur capacité de mémorisation étant moins bonne, les repères tels que les dessins des mains sur le clavier, ainsi que les explications théoriques leur sont utiles. Ils ont davantage besoin d’un support écrit. J’avance un peu plus lentement aussi en décomposant certaines étapes et en introduisant des exercices qu’ils noteront à leur façon. Ils les mémoriseront ainsi plus facilement.
Je laisse aussi à disposition pour tous des feutres fins, des surligneurs, des crayons à papier afin qu’ils puissent les utiliser pour annoter leur partitions (je n’aime pas griffonner leurs textes). Tout ceci nous amène aux premiers vrais morceaux à jouer, classique ou jazz, à la fin de ce cycle de 23 cours, en ayant les bases techniques fondamentales. Pour certains, cette année sera la seule, car la poursuite des études, le début de la vie professionnelle, le problème financier ne leur permettront pas toujours de continuer. Il est donc important qu’ils aient un maximum d’acquis en ce minimum de temps qui nous est imparti.
(A noter que cet enseignement se fait au sein d’une Université à l’intention des étudiants)
Rédactrice : Patricia Cousin. Professeur de piano
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Texte extrait du mémoire réalisé dans le cadre du diplôme Médecine des arts®
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