La méthode Feldenkrais pour un usage optimal de soi particulièrement adapté pour le musicien, le chanteur, le danseur
Equilibre stable et équilibre instable
Je peux choisir, donc je suis
Avoir le choix, voilà qui fait de nous une espèce « supérieure ». « En tant qu’êtres humains, nous possédons une capacité toute particulière que les autres animaux ne possèdent pas : nous pouvons savoir ce que nous faisons. C’est de là que vient notre liberté de choisir. »[4, p.142]. Pourtant, la plupart d’entre nous arrêtons notre quête d’apprentissage, dans quelque domaine que ce soit, lorsque nous avons atteint un niveau suffisant pour permettre l’action voulue. Nous gardons ce schéma d’action puisqu’il nous convient, sans nous demander si nous pourrions faire mieux, et sans nous demander si nous pourrions faire autrement, avec des variantes, même infimes, nous permettant peut-être une adaptation plus fine à chaque situation. Aussi, « certains blocages... ou compulsions limitent nos actions à des schémas répétitifs, sans alternative ni échappatoire. »[4, p.113]. Manquer de « libre arbitre » nous empêche de profiter pleinement du capital dont notre condition d’être humain nous a doté. En outre, un manque de choix nous place dans une position de « pion », de « victime » de la vie, plutôt que dans une position de « maître », de « décideur ». Une des idées principales de Moshe Feldenkrais était d’aider à créer les conditions, à travers sa méthode, permettant d’avoir en soi les moyens d’être « auto-référentiel ».
Si l’on n’a pas le choix, on est obligé de toujours suivre le même chemin, toujours les mêmes associations : de pensées (« pensées » ou « réflexes » ?!), de synergies gestuelles, de voies neuro-musculaires... Il en résulte une sclérose à tous les niveaux, en plus d’un surmenage tissulaire des éléments impliqués dans les gestes.
Il peut devenir vital, parfois, de sortir de l’habitude, de défaire les schémas pour créer de nouvelles combinaisons, d’autres voies.
Geste et posture
« Toute action fait intervenir tant de muscles et une activité si complexe qu’il nous sera plus utile de décrire la fonction que son mécanisme.
A savoir :
1) que la posture correcte du corps soit telle que le mouvement puisse être initié avec la même aisance dans n’importe quelle direction ;
2) que n’importe quel mouvement puisse démarrer sans ajustement préalable ;
3) que le mouvement puisse se faire avec le minimum d’effort, i.e., avec le maximum d’efficacité. »[5, p.75].
« Vous ne pourrez pas réduire l’effort sans améliorer votre organisation »[6, p.27].
Le geste est lié à la posture qui, elle, est liée à notre relation avec l’espace extérieur, dont l’aspect le plus évident est la verticale. Il n’est pas ici de notre propos d’entrer dans les détails de ce que disait Moshe Feldenkrais sur la posture, car le domaine est vaste. Néanmoins, pour résumer, nous dirons qu’il faisait la distinction entre un équilibre stable et un équilibre instable. « La posture érigée est assurée non pas par une stabilité statique mais par l’aisance avec laquelle peut s’opérer un ajustement dynamique vers la position (idéale) d’énergie potentielle maximum. »[5, p.75]. Alors que le mot « posture » indique un état statique, « en réalité, l’équilibre instable est essentiellement un état dynamique par lequel, lors de chaque action, passe l’organisme entier comme à travers une station où il peut reprendre ses repères et réajuster tous les instruments sensibles à la force de la gravité pour améliorer sa relation avec l’espace et le temps. »[5, p.75]. Le passage récurrent harmonieux à travers cet état référentiel va requérir des dispositions neuro-musculaires particulières.
L’environnement
« ...Le système nerveux fait le pont entre le squelette et les muscles d’une part et, d’autre part, l’extérieur du corps, c’est-à-dire le champ de gravitation, l’espace, le temps et l’environnement social, sans lesquels il n’y aurait ni objets à saisir ni mots à dire ou entendre [...]. L’environnement [...] est perçu par le système nerveux au travers des sens. Ce système va permettre au corps de se diriger, s’organiser, s’ajuster et s’adapter pour mieux réagir aux objets environnants [...]. L’activité sans cesse déployée par notre système nerveux s’élabore à partir des muscles et du squelette de façon à agir dans un environnement qui devient dès lors une partie de nous-mêmes. Cet environnement, qui se révèle à nous au travers de nos activités, est donc le reflet de ce dont notre système nerveux a besoin pour continuer à agir et à réagir dans un environnement mobile et changeant. »[4, pp.151, 152].
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