La maladie de Sever chez le jeune danseur. Le pied du danseur
Quel est le traitement de la maladie de Sever ?
Le principe du traitement est simple, même si sa mise en œuvre est délicate à mettre en place du fait de l’importance de ses pratiques dans la vie de l’enfant ainsi que de ses parents.
Conduite à tenir repose sur l’arrêt momentané de la pratique
De manière générale il s’agit de supprimer l’appui podal ou de le limiter en le mettant en décharge partielle. L’arrêt de la pratique de la danse ou du cirque sera insuffisante dans la prévention des douleurs si on n’intègre pas à cet arrêt, la limitation des activités ludiques fréquents dans ces jeunes âges (sauts divers).
La précocité du diagnostic est en mesure de modifier le pronostic de la durée du traitement aussi il est nécessaire de consulter rapidement un spécialiste du pied et des pratiques artistiques afin de conduire de la manière la plus juste le compromis à réaliser entre l’arrêt de la danse et les traitements complémentaires et le retour progressif à la pratique.
Si l’affection est à un stade primaire, le repos pourra être limité dans le temps (qui sera fixer par le médecin, mais souvent plusieurs mois), celui-ci compléter avec l’étirement des chaines musculaires postérieures permettront la guérison. (En effet sur une étude de 85 cas (Micheli) uniquement 2 patients atteints de maladie de Sever ont récidivé). Pour M.-C Paruit la mise en place de talonnettes en silicone permet de faire disparaître la symptomatologie en 15 jours, si elle s’accompagne de mesures d’éviction des sauts (cause de surmenage biomécanique par impact et traction) [4]. Bien évidemment si des troubles de la statique du pied ont été dépistés, ils seront corrigés. Le port de semelles orthopédiques adaptées peut faire également l’objet d’une prescription afin de soulager les tensions tendineuses calcanéo-plantaires et limiter les impacts aux talons et de corriger les anomalies statistiques. L’application de traitement anti-inflammatoire est également conseillée (lors de la phase aiguë).
Cette période d’interruption d’activités physiques intenses peut perturber l’enfant. Le manque " d’hyperfonctionnement " peut générer des troubles psychologiques, une anxiété à minima. Un accompagnement psychologique peut s’avérer nécessaire. Dans ce cas un psychologue connaissant le milieu de la danse et ses difficultés va faciliter le travail a élaboré avec l’enfant.
Traitement en milieu sportif de haut niveau
Le traitement a consisté (dans l’échantillon étudié) en un repos relatif (travail gymnique du membre supérieur conservé), physiothérapie. Un seul cas s’est compliqué d’une fracture du noyau postérieur. L’ionisation avec des AINS, associée à des bains quotidiens d’eau froide (20 minutes chaque jour pendant 5 à 6 jours), associée au repos relatif dès le début des manifestations algiques, a permis la disparition des phénomènes douloureux et la reprise de l’entraînement intensif en 3 semaines à un mois. Le port d’une talonnette mousse et d’un chausson de gymnastique pendant 2 à 3 mois a été nécessaire dans un cas. (Il faut ensuite réhabituer le gymnaste à s’entraîner pieds nus pour des meilleures sensations proprioceptives). [5]
Le repos strict est indispensable pour une bonne cicatrisation de l’ostéochondrose. Il est nécessaire donc de ne pas reprendre trop précocement la pratique de la danse ou du cirque sous prétexte que les douleurs ont disparues. Il faudra savoir convaincre l’enfant, les parents et les enseignants pour maintenir ce repos et prendre des mesures d’évitement des facteurs de risques et cela,sur plusieurs mois.
La reprise va être progressive et le travail pendant plusieurs mois devra être géré avec précision afin de limiter le risque de récidive. Il s’agira de mettre en place toutes les mesures qui limitent les microtraumatismes à ce niveau. L’évolution se fait en 6 à 18 mois vers la guérison ou vers des récidives en fonction du surmenage. Un contrôle radiographique de l’arrière-pied de profil sera réalisé après 3 à 6 mois d’évolution afin de suivre la maturation osseuse.
Au tennis, Vittet retrouve 90% de Sever sur les 30 boursiers de la ligue. Lors de la visite médicale préalable à la sélection, on constatait que, dans 70% des cas, il n’y avait pas de prise en charge de la pathologie (absence de consultation et de diagnostic, méconnaissance de la pathologie). [6]
Prévention et pédagogie
Il est essentiel d’adapter l’enseignement aux caractéristiques de l’enfant enfin de prévenir efficacement ce risque. L’enfant n’est pas un adulte en miniature, il présente ses propres caractéristiques sur le plan physiologique et psychologique. Certaines périodes de la maturation de l’enfant le rendent plus fragile, mais certaines périodes liée au fonctionnement des institutions de danse le rendent également plus fragile (préparation d’examen par exemple, gestion de l’enseignement, dureté de l’enseignement, exigence avec surmenage).
Certains parents et enseignants doivent prendre la mesure du coût physiologique et psychologique exigé à l’enfant. Ils doivent eux mêmes être éveillés vis-à-vis de risque comme celui d’ostéochondrose, mais aussi sur des facteurs de risque propice à des affections : un état de fatigue, des signes de stress, une blessure, une perte de poids. Il est important de consulter préventivement un spécialiste aguerri à ces questions devant une situation qui se modifie et qui change.
Les étirements sont-ils utiles dans la maladie de Sever ?
L’arrêt de l’activité artistique, "pour être efficace doit s’associer au traitement simple, non coûteux, mais essentiel que sont : les étirements des muscles du mollet, genoux tendus, réalisés matin, midi (même à la cantine) et soir, puis, à la reprise de la pratique de la danse, avant et après toute activité sportive et de danse. Revu au bout d’un mois, le talon est généralement indolore. La prévention d’une récidive consiste en la poursuite de ces étirements lors des activités artistiques. Ces résultats confirment ceux de Micheli qui, sur 85 cas, n’a eu que deux récidives [7]. Les semelles orthopédiques sont inutiles et coûteuses ; comme traitement adjuvant, dans les formes sévères, des talonnettes viscoélastiques peuvent être prescrites afin d’amortir les chocs au sol. Surélever le talon est probablement un mauvais choix, car après un bénéfice immédiat par la détente du tendon calcanéen, on risque de majorer à terme sa rétraction". [8]
Rédacteur Docteur Arcier André, président fondateur de Médecine des arts®
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Bibliographie
[1] Heuleu J.N. Le pied de la danseuse. Communication orale au cours du Congrès sport et appareil locomoteur, 1ère journée de Bichat, Mars 1988
[2] Daudet G. Enfant et sport : truc en ite. Actualités Sport et Médecine, n°18, juin 1992
[3] Le pied de l’enfant et de l’adolescent sous la direction de A. Dimeglio et al, Masson, 1998
[4] M.-C Paruit. Microtraumatologie de l’enfant et de l’adolescent sportifs, Revue Médecine du sport, mars/avril 2008, n°88
[5] Charpiat A. Traumatismes et gymnastique artistique sportive. Actualités Sport et Médecine, n°49, avril 1996, p28-32
[6] Vittet F. Incidence et problèmes de la prise en charge des ostéochondroses de type Sever à partir du suivi médical de 40 enfants issus du pôle Espoir de tennis. Mémoire de Capacité de médecine du sport, 1999
[7] D’après Micheli, J. Pediatr. Orthop, 1987 ; 7:34-38
[8] Liger J.-N, Le quotidien du médecin, N°7758, p. 8
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