Jouer d'un instrument de musique améliore la connectivité audio-motrice dans le cerveau
Musiciens, un cerveau plus interconnecté que les non-musiciens
Nous possédons des systèmes neuronaux qui nous permettent de mener plusieurs actions de front, ainsi nous pouvons écouter de la musique, danser et chanter en même temps. Ces compétences exigent une grande connectivité entre différentes zones cérébrales, mais jouer d'un instrument à un bon niveau est une tâche plus exigeante encore ; c'est une activité complexe qui demande pour la plupart des instruments une bonne coordination bimanuelle et des interactions sophistiquées entre le système auditif et le système moteur, qui sont le fruit de nombreuses années de pratique.
La formation de la musique a des effets sur la structure et le fonctionnement du cerveau
Une équipe de chercheurs canadiens a étudié la connectivité fonctionnelle au repos [1] chez les musiciens et les non-musiciens pour tester les différences de connectivité auditive, motrice et audio-motrice entre ces deux populations.
Comme on pouvait s'y attendre, les musiciens avaient une connectivité plus forte entre le cortex auditif droit et le cortex prémoteur ventral droit que les non-musiciens ; cette connectivité fonctionnelle au repos était plus forte chez les musiciens ayant plus d'années de pratique.
L'une des principales conclusions de l'étude a été de vérifier que la formation musicale produit une augmentation des interactions audio-motrices dans l'hémisphère droit au repos. "Cela indique que lorsqu'un musicien s'entraîne et passe de nombreuses années à apprendre à jouer d'un instrument de musique, il existe des connexions plus efficaces entre les systèmes auditif et moteur, qui sont les régions principalement impliquées dans le jeu d'un instrument ", explique María Ángeles Palomar-García, docteur en psychologie et chercheuse à l'Université Jaume, qui a fait cette étude.
Contrôle bimanuel des musiciens
La recherche a également révélé une adaptation dans le cerveau des musiciens des zones du cerveau chargées de contrôler les mouvements des mains. Plus précisément, ils ont vu que les participants ayant une formation musicale avaient une connectivité réduite entre les régions motrices qui contrôlent les deux mains. Pour Maria Angeles Palomar-Garcia cela refléterait une plus grande habileté bimanuelle des musiciens par rapports aux participants non musiciens, en raison de la nécessité d'utiliser les deux mains de manière indépendante et coordonnée dans la pratique de leur instrument.
Les tests réalisés montrent également que lorsque les musiciens jouent d'un instrument qui ne nécessite qu'une main pour jouer, comme certains instruments à vent, la trompette par exemple, l'habileté bimanuelle de cette catégorie de musiciens est similaire à celle du groupe sans pratique musicale.
De plus, l'indépendance des mains des participants qui pratiquent un instrument de musique qui nécessitent l'utilisation des deux mains est liée aux heures de pratique tout au long de la vie. A savoir que les participants qui ont le plus pratiqué leur instrument ont une plus grande indépendance entre les deux mains.
Ainsi les checheurs concluent que plus on joue d'un instrument de musique qui nécessite des mouvements bimanuels, plus grande est l'indépendance entre l'activité spontanée de chaque main, ce qui leur permettra de mieux jouer de son instrument de musique.
Docteur Arcier André, président fondateur de Médecine des arts®
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Source
María-Ángeles Palomar-García, Robert J. Zatorre, Noelia Ventura-Campos, Elisenda Bueichekú, César Ávila. Modulation of Functional Connectivity in Auditory–Motor Networks in Musicians Compared with Nonmusicians. Cerebral Cortex, 2016
Information complémentaire
[1] L’IRMf de repos permet d’identifier les réseaux fonctionnels lorsqu’un sujet est placé « au repos », c’est-à-dire qu’il est demandé au sujet de se relaxer, de ne penser à rien de particulier tout en fermant les yeux pendant tout le temps de l’expérience.
L’idée que l'activité du cerveau reste intense au repos et que cette activité est soutenue par des régions spatialement éloignées est un sujet d'intérêt récent. En 1995, grâce à l’utilisation de l’IRMf de repos, Bharat Biswal et collaborateurs ont été les premiers à observer qu’au repos, les cortex moteurs droit et gauche présentaient une activité synchrone dans le temps, suggérant ainsi une connectivité fonctionnelle permanente entre ces régions, au repos. Depuis, de nombreuses études ont révélé l’existence d’activités synchrones entre d’autres régions cérébrales, démontrant ainsi qu’au repos, notre cerveau est loin d’être inactif.[Laure Bodet Les réseaux de repos sont-ils réellement activés ? mémoire Master Neurosciences Cognitives 2014-2015]
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