Influence de l’apparence, le look, sur le jugement de l’interprétation musicale

La pédagogie musicale devrait intégrer cette notion afin de mieux conseiller les élèves face à un jury et à leur attente ; cela devrait faire partie de leur apprentissage. Mais de manière parallèle, il est nécessaire d’informer et de former les musiciens, membres de jury, les journalistes également afin qu’ils puissent s’extraire des apparences et des effets du genre sur leur jugement (ces modes de pensée sont inconscients).
La musique « vivante » est aussi un spectacle, Mark Wed a fini par être convaincu par le jeu de de la pianiste Yuja Wang ; il écrira plus tard : « ses doigts volaient sur le clavier à une vitesse surprenante, avec puissance et précision dans ce célèbre concerto reconnu pour ses difficultés techniques (Rachmaninoff’s Piano Concerto No. 3). »
Mark Wed ajoute : « Le fait est que nous n’ignorons pas l’apparence, et nous ne l’avons jamais fait. Les longs cheveux de Liszt et la silhouette spectrale de Paganini les ont aidés à devenir les premières rock stars de la musique. La chevelure ébouriffée de Beethoven, d’après certains Viennois, est à l’image de sa dernière musique, incompréhensible. Tout le monde a remarqué que Glenn Gould était assis sur une petite chaise branlante. L’élégante posture de Carlo Maria Giulini et ses costumes Armani ont ajouté à son image, comme les robes bustiers de Anne Sophie Mutter à la sienne. »

Migette ajoute que si la musique classique veut vraiment attirer un nouveau public plus jeune, elle ferait bien de se débarrasser des codes vestimentaires indigestes. Contrairement à l’écoute dans iPod, nous utilisons tous nos sens lors d’un concert. « Nous voyons, nous sentons, nous ressentons la chaleur et le froid, nous sommes conscients des nombreux sons différents en plus de ceux de la performance. C’est toute la musique. L’instrument d’un musicien, d’ailleurs, est une extension du corps du joueur. […] Alors oui, l’apparence importe toujours, un artiste est un artiste. Ce qui est porté fait tout simplement partie du spectacle. » Le corps du musicien, sa représentation, sa physiologie, sa résonance psychologique sont le sujet de Médecine des arts et l’objet central des formations que nous avons mises en place, telles que le Diplôme médecine des arts.

Rédacteur Docteur Arcier André, président fondateur de Médecine des arts®
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[1] Klaus Ernst-Behne et Clemens Wöllner Seeing or hearing the pianists ? A synopsis of an early audiovisual perception experiment and a replication Musicae Scientiae November 2011 15 : 324-342