Hamlet (Opéra)
Deuxième et troisième acte
Deuxième acte : Ophélie se plaint de ce que le prince ne lui témoigne plus la même tendresse ; elle confie sa peine à la reine et lui demande de quitter la cour pour cacher sa douleur dans un cloître. La reine, déjà en proie aux plus sombres pressentiments, s’efforce de retenir la jeune fille :
Ne pars pas, Ophélie,
C’est une mère qui supplie,
Je n’espère qu’en toi pour guérir sa folie ;
duo entre le roi et la reine ; Claudius cherche en vain à apaiser les remords de sa complice. Hamlet se présente ; au milieu de discours simulant la folie, il annonce un spectacle qu’il a préparé pour divertir la cour ; chœur des historiens ; chanson bachique ; marche danoise. Hamlet fait représenter devant Claudius et Gertrude la scène de l’empoisonnement du vieux roi Gonzague, et, les yeux fixés sur les coupables, il décrit à haute voix la pantomime :
C’est le vieux roi Gonzague et la reine Genièvre !
En ce lieu solitaire, elle guide ses pas,
De doux serments d’amour que nous n’entendons pas
S’échappent de sa lèvre.
Le roi cède au sommeil et s’endort dans ses bras.
Mais, regardez ; voici paraître
Le démon tentateur, le traître !
Il s’approche, il tient le poison !
La reine, dont sa voix perfide
Egara la faible raison,
Lui tend une coupe homicide…
Il la saisit et sans effroi
Verse la mort au cœur du roi.
C’en est fait ! Dieu reçoit son âme,
Et lui, le meurtrier, calme et debout encor,
A la face du jour prend la couronne d’or
Et la met sur son front infâme.
Le roi pâlit ; la colère d’Hamlet fait explosion ; on le croit fou. Il en résulte une scène de désordre et de confusion qui termine le deuxième acte.
Troisième acte : Monologue d’Hamlet. Le roi entre en scène. Hamlet se cache derrière une tapisserie. Claudius essaye de prier ; il croit voir l’ombre de son frère ; il appelle ; Polonius accourt. Tous deux en quelques mots, achèvent de faire connaître à Hamlet l’affreuse vérité. La douleur d’Hamlet, apprenant que le père d’Ophélie a participé au crime, aurait pu être plus accentuée. Il y avait là un air à placer, air bien plus dramatique et plus émouvant que le to be or not to be, et qui amenait naturellement le trio suivant, dans lequel Hamlet repousse durement l’amour d’Ophélie pour accomplir sa terrible mission. Le duo entre la mère et le fils, qui termine le troisième acte, est la scène la mieux traitée du scénario. Gertrude rappelle le spectacle de ces reines des tragédies du vieil Eschyle, qui, toutes criminelles qu’elles sont, apparaissent si misérables, qu’elles excitent encore plus la pitié que la haine des spectateurs. Hamlet, nouvel Oreste, irait jusqu’à tuer sa mère, si l’ombre du vieux roi ne venait lui ordonner de respecter sa vie. Jusqu’au quatrième acte, on le voit, les sombres tableaux se succèdent, l’âme du spectateur est oppressée par la vue de ces personnages qui s’accusent, tremblent, se menacent, et par cette terrible vengeance suspendue sur leurs têtes.