Embolie pulmonaire chez les artistes, Muriel Robin, Frida Kahlo, Paula Becker
Embolie pulmonaire chez les artistes
L’embolie pulmonaire est l’obstruction partielle ou totale de l’artère pulmonaire ou de ses branches par la migration d’un caillot sanguin.
L'embolie pulmonaire fait partie des maladies thrombo-emboliques veineuses, une entité regroupant également la thrombose veineuse profonde (le plus souvent au niveau des membres inférieurs).
L’incidence annuelle d’un premier épisode de TVP est aux alentours de 1/1000 habitants, quand celle de la première Embolie pulmonaire est de 0,5/1000 habitants [1 et 2]
Quel est le mécanisme de l’embolie pulmonaire ?
Le caillot sanguin qui a migré se loge au sein des vaisseaux artériels pulmonaires et entraine une augmentation brutale des résistances vasculaires pulmonaires et donc une hypertension artérielle pulmonaire (HTAP).
La partie lésée ne peut plus assurer l’oxygénation de l’organisme.
Un ensemble de réactions en chaîne fait la gravité de l’embolie pulmonaire : augmentation de la charge du ventricule droit, dilatation et dysfonction du ventricule droit, diminution de l’éjection du ventricule droit, dysfonction du ventricule gauche entraînant une hypotension artérielle, une diminution de la perfusion coronaire, qui a son tour entraîne une ischémie du ventricule et une dysfonction du ventricule droit, etc.
La gravité de l’embolie pulmonaire est liée :
- à l’importance de la partie du poumon atteinte ;
- aux conséquences cardiaques et respiratoires.
Deux artistes célèbres ont été victimes d'une embolie pulmonaire Paula Modersohn-Becker et Frida Kahlo
Paula Modersohn-Becker
Peintre d'origine allemande (1876 - 1907)
En 1907, Paula Becker quitte son mari Modersohn. Elle est enceinte lorsqu'elle s'installe définitivement à Paris. "C'est la première fois qu'une artiste se représente ainsi, avec un ventre rond devenant le centre du tableau.". Elle accouche d'une petite fille, mais l'accouchement est particulièrement difficile. Elle a dû rester dix-huit jours alitée. Lorsqu'elle se lève, elle a une embolie pulmonaire et meurt à 31 ans le 21 novembre 1907. La grossesse, un accouchement difficile, l'alitement ont été des facteurs favorisants de l'embolie pulmonaire chez Paula Becker
Frida Kahlo (1907-1954)
Peintre d'origine mexicaine dont la vie est émaillée de problème de santé handicapants et douloureux au niveau de la colonne vertébrale notamment.
En 1953, Frida Kahlo qui a déjà subi de lourdes interventions dans le passé, est amputée de la jambe droite jusqu'au genou à cause d'une gangrène. En 1954, atteinte d'une grave pneumonie, elle meurt dans la nuit du 13 juillet 1954 d'une embolie pulmonaire, à l'âge de 47 ans. L'histoire chirurgicale, l'atteinte pulmonaire, l'alitement et le handicap qui lui ont imposé une sédentarité importante sont des facteurs favorisants de l'embolie pulmonaire chez Frida Kahlo.
Comment se manifeste l’embolie pulmonaire ?
Si l’embolie pulmonaire peut être asymptomatique, le plus généralement ce sont des signes d’une intensité variable et peu spécifiques qui sont présents :
Dyspnée (difficulté respiratoire), la respiration est rapide et courte,
Douleur thoracique d’un côté de type pleural qui augmente à l’inspiration.
Il peut exister également des signes généraux tels qu’un malaise ou une perte de connaissance.
On peut trouver également une hémoptysie (crachats de sang), une tachycardie, un œdème des membres inférieurs (lorsqu’il existe conjointement une thrombose des veines profondes au membre inférieur), plus rarement un arrêt cardio-respiratoire.
L’embolie pulmonaire est très souvent un diagnostic difficile et délicat car les manifestations sont des signes qui peuvent paraître mineurs et simuler bien d’autres troubles, tels qu’une simple manifestation de malaise ou d’un trouble vagal.
Manifestation aiguë et massive d’une embolie pulmonaire
« La défaillance diastolique du ventricule gauche s’accompagne d’une chute du débit sanguin par défaillance systolique, allant en cas d’embolie pulmonaire massive jusqu’au collapsus et à l’arrêt cardio-respiratoire. Lorsqu’il survient à la phase aiguë de la maladie, le décès est d’ailleurs le plus souvent lié à une défaillance cardiaque droite. »
L’arrêt brutal de la vascularisation par la présence d’un caillot est responsable également d’une diminution du lit vasculaire pulmonaire et d’une hypoxie artérielle par effet shunt. L’infarctus pulmonaire est directement lié à ce défaut de vascularisation du parenchyme, responsable d’une nécrose cellulaire, hémorragique. »[3]
Les facteurs de risques et favorisants de l'embolie pulmonaire
Les facteurs de risque sont nombreux, parfois aussi il s’agit d’une affection idiopathique, la cause exacte n’est pas trouvée avec certitude.[4]
L’alitement ou l’immobilisation prolongés quelle qu’en soit la cause (maladie, traumatisme, long voyage…) |
Les interventions chirurgicales et tout particulièrement les interventions orthopédiques, gynéco-obstétricales et carcinologiques |
Les traumatismes : choc, fracture osseuse |
Les troubles de la coagulation dus à des maladies héréditaires |
Chez la femme, la contraception orale (pilule contraceptive), le traitement hormonal substitutif de la ménopause, la grossesse |
Certaines maladies : cancers en particulier du poumon et de l’estomac, insuffisance cardiaque, varices, antécédent de phlébite |
Des traitements médicamenteux : chimiothérapie anticancéreuse |
Le surpoids et l’obésité |
Le diagnostic différentiel de l'embolie pulmonaire
Les diagnostics différentiels sont nombreux dans la phase initiale du fait de la faible spécificité des symptômes : crise d'asthme, pneumopathie, cancer bronchique, spasme œsophagien, crise d'angoisse, insuffisance cardiaque, infarctus du myocarde, dissection aortique.
Diagnostic de l’embolie pulmonaire
Du fait de ces difficultés, des « scores » cliniques existent pour sensibiliser l’interprétation des symptômes, le score de Genève ou de Wells par exemple.
L’électrocardiogramme peut être normal, le dosage des D-Dimères s’il est peu spécifique est intéressant pour leur valeur prédictive négative.
Le premier examen à réaliser en cas de suspicion d’embolie pulmonaire est l’angioscanner thoracique. Mais cet examen ne peut parfois être réalisé (contre-indication par exemple) ; les examens reposent alors sur la scintigraphie pulmonaire et le scanner thoracique.
La prise en charge rapide et la mise en place d’une thérapie spécifique sont d’une grande importance, et peut-être vitales.
L’embolie pulmonaire est une maladie sérieuse avec un haut risque de mortalité en particulier à court terme.
Son pronostic est extrêmement variable, puisqu’elle peut être asymptomatique parfois, mais aussi responsable d’un choc cardiogénique avec parfois un arrêt cardio-respiratoire.
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