Dystonie du musicien, définition et prévalence

Pour les chercheurs qui travaillent sur la dystonie dans le sens le plus général, cette affection est une pathologie rare. Les études épidémiologiques donnent des résultats variées selon les critères choisis dans ces études et « une tendance globale au sous-diagnostic ». Les dystonies généralisées sont les plus rares, la prévalence se situe entre 0,3/100 000 en Islande et 3,4/100 000 aux USA [Nutt J.G., Muenter M.D., Aronson A., Kurland L.T., Melton L. J., 3rd. Epidemiologic of focal and generalised dystonia in Rochester, Minnesota. Mov. Disorder, 1988, " (3), 188-194], mais il est à noter que cette prévalence est particulièrement élevée dans les populations juives Ashkénases (6,8/100 000). Mais celle-ci reste donc particulièrement rare, puisque, la dystonie généralisée est retrouvé chez 3 personnes sur un million à 68 personnes sur 1 000 000 dans les populations Ashkénases, marquant là un terrain génétique particulier.
Dans la population générale, les dystonies dites focales sont légèrement plus fréquentes que les dystonies généralisées, mais restent relativement rares. Ainsi la prévalence de la dystonie focale dans la population générale varie de 13,7/100 000 [2] à 43,5/100 000 [3]. Soit 137 personnes sur 1 million sont touchées par la dystonie focale, à 435 personnes sur 1 million, selon les études.

Dans ces dystonies focales, si on distingue les dystonies focales touchant spécifiquement les musiciens, notamment les musiciens professionnels, les niveaux de prévalence sont spectaculairement élevés, sans aucune mesure avec les études concernant la population générale. La prévalence de la dystonie focale chez le musicien touche de 1 à 2 /100 de la population des musiciens professionnels. Si on extrapolait de manière tout à fait artificielle cette prévalence pour un nombre théorique de musiciens professionnels, on retrouverait alors un niveau de risque de dystonie de 10 000 à 20 000 musiciens sur 1 million de musiciens professionnels. Cette extrapolation est évidemment artificielle, nous la faisons pour marquer de manière plus évidente l’importance de cette affection grave chez le musicien professionnel.

Ces considérations épidémiologiques devraient de manière évidente pour l’ensemble des populations et des institutions concernées les amener à s’investir de manière importante dans la recherche dans ce domaine. Nous lançons un appel clair aux artistes, institutions diverses dans le champ artistique, parents d’élève, syndicats, assurances, orchestres à rejoindre Médecine des arts dans sa démarche afin de potentialiser nos efforts dans un but commun. Prochainement, nous serons amenés à prendre des initiatives dans ce domaine afin de donner à la recherche sur la dystonie du musicien une dynamique importante et pérenne.

Rédacteur Docteur Arcier André, président fondateur de Médecine des arts®
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La dystonie du musicien, ouvrage de référence à paraître début 2013, éditions Alexitère, collection "Médecine des Arts".

[1] Grabli D., Vidailhet M. Dystonies : les aspects médicaux de la thérapeutique, p 935-950. Bulletin de l’Académie de médecine, 2011, tome 195 ; avril-mai, n°4 et 5
[2] Fukuda H., Kusumi M., Nakashima K. Epidemiology of primary focal dystonia in the western area of Tottori prefecture in Japan : Comparison with prevalence evaluated in 1993. Mov. Disorder. Sept 2006, 21 (9), 1503-1506.
[3] Das SK., Banerjee T.K., Biswas A. et al. Community survey of primary dystonia in the city of Kolkata, India. Mov. Disorder. Oct 31 2007, 22 (14), 2031-2036

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