Comment les émotions interviennent sur la créativité du pianiste jazz ?

Le choix  de l’improvisation jazz comme sujet de recherche a été fait par les chercheurs parce qu’elle représente un processus créatif immédiat et donc plus facile à étudier. Les résultats de la neuroimagerie fonctionnelle ont été examinés, les chercheurs ont remarqué qu’une région cérébrale se désactivait, se mettait en veille lors de cette expérience.

Cette observation est d’ailleurs concordante avec celle faite sur une population de musiciens qui pratiquent le rap « freestyle » où l’improvisation se déroule également en temps réel et donc est plus aisément objet d’étude en laboratoire. De la même manière, une région du cerveau impliquée dans la planification et le contrôle du comportement nommée cortex préfrontal dorsolatéral se désactive. Cette mise en veille de cette zone cérébrale permet de libérer la créativité des rappeurs. Par ailleurs leur amygdale (noyau cérébral en forme d’amande, d’où son nom) qui représente l’alarme émotionnelle est particulièrement active dans ces figures de freestyle, révélant par là le rôle favorisant des émotions dans la créativité.

Pour ces chercheurs cette désactivation est la signature neuronale des artistes en état de flow, qui permet de libérer les pulsions créatrices.

Cette expérience a permis également de montrer que la valence émotionnelle (le fait qu’une émotion soit négative ou positive) jouait le rôle de variateur de cette veille du cerveau préfrontal dorso-latéral. Lorsque les pianistes de jazz sont soumis à une émotion positive, parallèlement on constate une désactivation du cerveau préfrontal plus importante que pour une émotion  négative.
D’autre part, l’exposition des pianistes à une émotion négative est associée à une plus grande activation des circuits de la récompense du cerveau, qui sont impliqués dans les expériences plaisantes.
Ces circuits favorisent l'exécution de nos fonctions vitales, mais aussi d'expériences plaisantes apprises en les accompagnant d'une sensation agréable.
Cette observation pourrait être un argument pour expliquer « pourquoi il peut être agréable pour un musicien de créer une mélodie mélancolique », indique un des coauteurs, musicien instrumentiste de l’étude.

Le lien entre les émotions et la créativité est fondamental ; c’est finalement ce que soupçonnaient dès le début les chercheurs de cette enquête. Les émotions modulent les systèmes neuronaux impliqués dans la créativité. Elles engagent le cerveau émotionnel (système limbique) dans un processus créatif qui permet un état de flow propice à libérer toute l’énergie créatrice, pour le plus grand plaisir de l’auditeur également.

Rédacteur. Docteur Arcier, président fondateur de Médecine des arts®
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Malinda J. McPherson, Frederick S. Barrett, Monica Lopez-Gonzalez, Patpong Jiradejvong, Charles J. Limb. Emotional Intent Modulates The Neural Substrates Of Creativity: An fMRI Study of Emotionally Targeted Improvisation in Jazz Musicians. Scientific Reports, 2016; 6: 18460

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