Brigands (Les)

Opéra-bouffe, musique d'Offenbach

Opéra-bouffe en trois actes, paroles de MM. Henri Meilhac et Ludovic Halévy, musique de M. Jacques Offenbach, représenté au théâtre des Variétés le 10 décembre 1869. Le brigand Falsacappa est informé que le prince de Grenade envoie au prince de Mantoue sa fille qu’il doit épouser, et qu’une somme de trois millions doit être rapportée par l’ambassadeur chargé de cette mission. Il lui vient à l’esprit de substituer le portrait de sa fille à celui de la jeune princesse, et de se substituer aussi lui-même avec sa troupe au personnel de l’ambassade. On comprend les quiproquos et les drôleries qu’une telle situation amène. Au lieu des millions, dépensés par un caissier infidèle, Falsacappa ne trouve qu’une somme insignifiante. Le véritable ambassadeur survient, et le brigand payerait cher son stratagème, si le prince de Mantoue ne reconnaissait dans la fille du bandit une personne qui lui a sauvé la vie. Il en résulte que les brigands sont amnistiés et retournent à leurs nobles travaux. Le fond de ces pièces est, comme on le voit, pauvrement imaginé, et il semble que les auteurs comptent pour le succès sur les plus grotesques invraisemblances. Les détails accessoires sont si multipliés et si extravagants, que le spectateur se soucie d’ailleurs très peu du canevas de l’intrigue. Je ne trouverais riens de compromettant pour l’art dans ces sortes de farces, si on les présentait comme tells pour l’amusement populaire, et si les moyens employés étaient en proportion avec le peu d’importance du genre. Mais quand on songe que l’exploitation de ce genre de spectacles est devenue une industrie très lucrative, encouragée pendant vingt-ans de mille manières par les fonctionnaires de l’Etat, qu’un compositeur a eu le courage d’écrire une partition de près de 400 pages, sur un livret comme celui des Brigands, il y a là de quoi faire faire des réflexions assez tristes sur les destinées de l’art musical et du goût dans notre propre pays, et sur la mauvaise influence que nous exerçons ailleurs.

On a remarqué, dans le premier acte des Brigands, le chœur d’introduction avec le dialogue entre le faux ermite et les jeunes filles : Bon ermite, ah ! dis-nous vite, où nous conduis-tu ? – Dans le sentier de la vertu, etc. ; les couplets de Falsacappa : Quel est celui qui par les plaines… ? et les couplets de Foirella, la fille du bandit : Au chapeau je porte une aigrette. Le musicien se défiait donc de son poète et le poète de son musicien, puisque tous deux ont eu recours à deux détonations de revolver pour faire applaudir ces couplets. Du reste, M. Offenbach met tout en musique, mêmes les bottes des carabiniers.
Dans le deuxième acte, le canon : Soyez pitoyables et donnez du pain, est le seul morceau qui ait quelque valeur musicale. Dans le duetto du notaire qui le suit, le musicien revient à son éternel rythme de polka.
Au troisième acte, je ne trouve à citer que le chœur de fête : l’Aurore paraît. Les Brigands ont été joués par Dupuis, Kopp, Léonce, Blondelet, Lanjallais, Baron, Mlles Aimée, Zulma Bouffar, etc.

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