Apprendre la musique aux enfants, mieux vaut tard que tôt !
A quel âge commencer à apprendre la musique ?
Les neuroscientifiques dévoilent progressivement les effets de la musique sur le cerveau. L’entraînement de la musique améliore le fonctionnement et la connectivité des différentes régions du cerveau. Jouer d’un instrument modifie la manière dont le cerveau interprète et intègre un large éventail d’informations sensorielles, en particulier pour ceux qui commencent avant l’âge de 7 ans.
Jouer de la musique n’est pas seulement une expérience auditive, c’est aussi une expérience multisensorielle et motrice. Faire de la musique durant une longue période de sa vie peut modifier les fonctions cérébrales et la structure du cerveau. Les parents sont de ce fait incités à proposer à leurs enfants un apprentissage de plus en plus précoce.
Néanmoins ces arguments sont à nuancer d’après une nouvelle étude sur ce sujet.
Les diverses régions du cerveau se développent à des rythmes différents. Le cortex préfrontal est considéré comme une structure idéale pour l’intégration et le contrôle des différentes informations ; cette région du cerveau est essentielle pour traiter de cognitions complexes comme la prise de décision. Mais le cortex frontal ne devient efficient, mature, qu’à un âge plus tardif.
Si l’apprentissage précoce confère au cerveau de l’enfant des bénéfices sur le système sensoriel et moteur qui est mature à cette période de vie, quelles sont les conséquences de cet apprentissage sur les systèmes et processus cérébraux qui sont encore en cours de développement ?
Apprentissage de la musique à un âge précoce ou plus tard ?
Kirsten E. Smayda et son équipe [1] ont conçu une expérience afin de mieux prendre en compte l’intérêt d’un apprentissage de la musique plus ou moins précoce. Pour cela, ils ont élaboré une série de tests visant à explorer la justesse de prise de décisions complexes dans des tâches similaires à la vie réelle.
L’expérience est réalisée sur une population de 69 personnes âgées de 18 à 32 ans divisée en trois groupes.
- Le premier comprend des personnes ayant au moins huit ans de formation musicale et qui ont débuté la musique avant l’âge de 8 ans.
- Le second comprend des personnes ayant également au moins huit ans de formation musicale et qui ont commencé la musique après l’âge de 8 ans.
- Le troisième groupe est constitué de non-musiciens.
Les musiciens qui ont commencé l’apprentissage de la musique après huit ans obtiennent de bien meilleurs résultats que les non-musiciens ou leurs pairs musiciens qui ont commencé à suivre un enseignement musical plus tôt dans la vie.
Face à une tâche décisionnelle complexe, les participants qui ont commencé leur formation après l’âge de 8 ans ont fait de meilleurs choix que ceux qui ont commencé plut tôt ainsi que ceux qui n’on eu aucun apprentissage musical. En plus des riches bienfaits sensoriels et moteurs que la musique peut avoir sur le développement du cerveau, l’apprentissage de la musique peut aussi conférer des bénéfices de longue durée dans les fonctions cognitives complexes.
L’explication des résultats donnée par ces chercheurs est que la formation musicale lorsqu’elle commence à la fin de l’enfance intervient en toute efficience sur la période où la maturation du cortex préfrontal est significative.
L’analyse fine des résultats suggère qu’il n’y a pas de différence de groupe dans les mesures de la mémoire de travail, l’inhibition [2], la mémoire à court terme. La mémoire de travail était par ailleurs prédictive de la performance cognitive au « Iowa Gambling Task (IGT) [3] », uniquement pour le groupe avec un apprentissage plus tardif, ce qui suggère des mécanismes différentiels pour la prise de décision selon le moment où un individu commence à jouer de la musique.
Ces résultats plaident en faveur d’un avantage potentiel d’un enseignement musical plus tardif dans l’enfance (après 8 ans) concernant les capacités de prise de décisions complexes.
Rédacteur. Docteur Arcier, président fondateur de Médecine des arts®
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Bibliographie
[1] Kirsten E Smayda, Darrell A Worthy, Bharath Chandrasekaran Better late than never (or early): Music training in late childhood is associated with enhanced decision-making August 22, 2017 Psychology of Music
[2] Inhibition : Processus cognitif qui favorise la prise de décision. Décider, c'est aussi décider de ne pas faire : Pour A. Berthoz « Nous disposons d'un répertoire d'actions constitué à la fois par le bagage génétique de notre espèce et par les apprentissages acquis au cours de notre vie. Déclencher une action, c'est donc en inhiber beaucoup d'autres. C'est aussi toujours faire un choix entre une action et son contraire. » Lorsque l'individu est en train de prendre une décision, l'apparition d'un événement nouveau peut le distraire, et donc parasiter le processus de décision. Il est donc nécessaire d'inhiber la réaction d'orientation vers le nouveau stimulus, quel qu'il soit (personne, objet ou pensée) pour pouvoir décider.
[3] L’Iowa Gambling Task (IGT) ou test du jeu de poker a été créé pour évaluer les capacités de prise de décision.
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