Stress et activité musculaire dans les pratiques artistiques
Le stress musculo-squelettique
Le stress musculo-squelettique, qu’est-ce-que c’est ?
Physiquement : Le stress est un processus de dépassement des capacités physiologiques. Les phénomènes douloureux musculaires peuvent apparaître pour de faibles contractions musculaires, par recrutement d’unités à faible niveau de déclenchement en permanence sollicités et conduisant à un surmenage local.
Les gestes répétitifs réalisés lors des pratiques artistiques, en musique par exemple, ou bien lors d’activités intenses à travail statique dans des activités circassiennes par exemple ("porteur" dans les numéros d’acrobatie au cirque) sont un exemple de ce stress musculo-squelettique.
Physiologiquement, le stress est une perte d’équilibre entre ce que l’individu perçoit de ce qui lui est demandé et ce qu’il se sent capable de donner, que la contrainte en elle-même soit importante ou non. Les conséquences peuvent être cardio-vasculaires, musculo-squelettiques et immunologiques ; elles sont évaluées par les dosages de sécrétion d’adrénaline et de cortisol et la fatigabilité musculaire.
Quelles sont les manifestations musculo-squelettiques ?
De nombreux artistes se plaignent de crampes, tension ou fatigabilité musculaire parfois même associés à des troubles moteurs. Ces troubles fonctionnels ne se situent ni sur les zones tendineuses, ni sur les zones de défilés neurogènes, mais aux bras et avant-bras avec une sensibilité palpatoire.
Parallèlement, sur un plan plus général, on constate des prises en charge prolongées de l’assurance maladie en nette augmentation (plus de 20 %) pour des désordres psychologiques mineurs mais aussi pour des phénomènes musculo-squelettiques modérés.
6 % des salariés se plaignent de douleurs des avant-bras en relation avec une activité monotone et des relations tendues avec leur collègue de travail. Ce pourcentage semble plus élevé encore dans les pratiques artistiques quel que soit le niveau : amateur, apprentissage, professionnel.
18 % se plaignent de douleurs du trapèze rapportées à un manque de contrôle des contraintes de travail.
Ces processus douloureux sont associés à des perspectives négatives de l’environnement social et professionnel et à un ressenti de stress psychologique.
Le mouvement est le résultat d’un recrutement moteur programmé, qui peut être parasité par divers facteurs. Les individus anxieux ont une activité électromyographique (EMG) plus élevée pour une même tâche, du fait d’un recrutement anormal de neurones.
Les tracés EMG des trapèzes sont liés de façon dose-dépendante à l’intensité du stress :
- L’activité EMG des muscles de l’avant-bras est plus élevée chez les sujets anxieux.
- Les moments de force des muscles lombaires sont plus élevés lors d’un stress émotionnel.
Il y a donc une influence de la personnalité sur l’activité musculaire, et la posture. Lors de phase de stress, les contraintes biomécaniques peuvent augmenter. Ainsi, en présence d’un stress cognitif, les opérateurs informatiques ont une augmentation de l’activité du trapèze et de la force donnée à la "souris", mais l’activité des trapèzes est augmentée aussi du côté ne maintenant pas la souris (controlatéral). (Ces mêmes contraintes sont rencontrées également dans la pratique des jeux vidéo). On connaît dans de nombreuses pratiques artistiques l’importance du rôle des muscles de la ceinture scapulaire (musique, cirque, arts plastiques, chant). Ainsi, ce phénomène qui n’a pas été étudié dans ces populations pourrait jouer un rôle dans les phénomènes algiques retrouvés en dehors des phénomènes de tendinopathies et nommés plus largement "syndrome de surmenage non spécifique".
Cette augmentation de l’activité EMG survient non seulement au cours de la tâche, mais aussi pendant les périodes de repos, même quand l’activité initiale est faible ; ainsi les trapèzes gardent une activité rythmique liée aux fréquences cardiaques ou respiratoires. Ces anomalies ont été constatées sur des muscles fonctionnant de façon tonique, assurant des postures prolongées, comme les trapèzes et les muscles lombaires.
Quelle est la physiopathologie de ces troubles ?
- Différents mécanismes peuvent expliquer la souffrance musculaire :
- une vascularisation inhomogène avec des zones ischémiques à l’effort
- un dysfonctionnement des canaux potassiques après sécrétion de cortisol, adrénaline et noradrénaline
- une activation persistante des motoneurones par modifications centrales.
- L’anxiété et le stress sont responsables :
- d’une contraction en isométrique donnant une meilleure rigidité mais avec gêne à la vascularisation musculaire.
- d’une augmentation de la ventilation avec diminution du PCO2 et augmentation du pH sanguin entraînant une hyperactivité neuro-musculaire.
- d’une hypertension avec inhibition du réflexe sympathique périphérique de défense et d’adaptation musculaire périphérique.
- Ainsi en situation de stress, on observe :
- des modifications de l’activité musculaire de type hyperactivité musculaire
- une réponse centrale sympathique avec des rythmes cardiaque et respiratoire avec hypertension et alcalose, renforçant l’inadaptation musculaire à l’effort.
Quelle est la conduite à tenir ?
- Prévention collective
Quelle que soit la pratique artistique, la prévention s’entreprend d’abord à la source, c’est-à-dire qu’elle s’établit en première intention en amont du geste artistique. Elle prend en compte l’organisation de l’activité (que cela soit dans les apprentissages, dans une pratique amateur ou professionnelle), les conditions de l’activité, l’environnement (sonore, spatial, climatique), les paramètres psychosociaux. - Prise en charge individuelle ou en groupe, qui repose sur
- l’apprentissage du "bon geste" et de postures adéquates,
- le management du stress et du trac dans le spectacle vivant, en s’appuyant sur les techniques comportementales et cognitives.
L’activité musculaire est dépendante du fonctionnement neurologique aussi bien pour l’organisation motrice que pour la répercussion vasculaire et donc métabolique. Le stress cognitf et émotionnel a un impact sur ces deux fonctions.
La composante physique n’est pas seule en cause et en cas de dysfonctionnements musculaires on doit également prendre en compte les facteurs environnementaux collectifs liés à l’organisation de la pratique artistique, ainsi que les composantes individuelles.
Rédacteur Docteur Didier Martin, Médecine des Arts®
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En savoir plus
revue Médecine des Arts, numéro spécial sur le stress
Voix et trac : stress, anxiété de performance, article de la revue Médecine des Arts
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