Piano. Les premiers pianistes, et compositeurs pour piano. Chapitre 2
Bach, Mozart, Haydn, Clementi
J.-S. Bach et ses fils
A la mort de J.S. Bach, le 28 juillet 1750, aucun musicien ne peut s’honorer du titre de pianiste. Cependant l’initiative revient aux deux fils du grand compositeur :
J.C. Bach est considéré comme le premier "fortepianiste" rendu célèbre grâce aux concerts qu’il a dirigés à Londres en compagnie de C.I.F. Abel.
L’autre fils, C.P.E. Bach, est le premier compositeur à écrire pour pianoforte des pièces dignes de ce nom. Il reconnaît en 1762 que le pianoforte vaut bien le clavicorde. C’est en Angleterre que l’interprétation publique naîtra sur pianoforte, ceci favorisé par la guerre de 7 ans (1756/173) ainsi que l’installation en force de la facture allemande autour de Londres. La profession de pianiste apparaît sous forme embryonnaire.
W.A Mozart, du clavecin au pianoforte
W.A. Mozart comme J.C. Bach dirigera ses derniers concertos depuis son pianoforte ; cette forme de composition permettant de faire valoir leur virtuosité en assurant la présence de cet instrument sur scène.
Mais ce n’est que dans les salons que se développe l’interprétation pianistique avec comme moyen la forme sonate, structure musicale essentiellement pour instrument seul avec différents mouvements, "vif - lent - vif".
Comparé au clavecin, possédant des cordes pincées, le pianoforte apporte avec ses cordes frappées plus de contrastes, des nuances piano ou forte et plus d’ampleur avec une possibilité d’exploiter les aigus et les graves, l’utilisation de la pédale pour l’accroissement de la résonance et en 1784, la pédale una corda pour renforcer les nuances piano.
Le commencement de la pédagogie pianistique
D’autres compositeurs que Mozart l’adoptent tels que Haydn et M. Clementi. Celui-ci est l’un des premiers à écrire une méthode sérieuse pour pianoforte. C’est le début de la pédagogie et l’évolution touchera également le domaine de l’interprétation dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. C’est avec l’arrivée des premiers pianofortes de la génération Zumpe-Stern que les compositeurs-interprètes donnent au mot "legato" une signification tout autre que celle obtenue avec le clavecin.
A partir de 1780, Mozart, Haydn, Clementi et les compositeurs les plus célèbres écrivent exclusivement pour le pianoforte. L. van Beethoven fera de même avec le souci de sonorités différentes et de la toute puissance orchestrale. Cette recherche sera poursuivie par F. Liszt plus tard.
Des interprètes compositeurs
D’autre part, Schubert, Brahms, Schumann et Chopin préfèrent une écriture plus intimiste et plus inférieure. Quant à ces deux derniers compositeurs, eux ne chercheront aucune autre référence que le pianoforte lui-même.
Les compositeurs-interprètes de cette époque préfèrent jouer leurs oeuvres eux-mêmes au piano jusqu’à l’année 1850. En 1804, Beethoven écrit qu’il désapprouve la manière dont d’autres pianistes jouent ses compositions. Pourtant, ceux-ci existent. Par exemple, Schubert dédicace sa sonate D850 au virtuose C.M. von Bocklet.
Avec Clementi, grand virtuose selon la tradition de J.S. Bach, apparaît une catégorie de musiciens compositeurs faisant oeuvre de pédagogues du piano.
Clémenti compose plus de cent sonates et le "Gradus ad Parnassum", recueil d’études incontournables pour une bonne éducation musicale et une bonne technique instrumentale. Il émancipe l’écriture et la technique du piano avec des oeuvres pleines de difficultés telles que des "glissendi d’octaves", des gammes rapides de doubles notes, etc.
La virtuosité pianistique
Il a eu entre autres pour élève Field (1782-1837) et surtout Czerny, également élève de Beethoven, puis maître à son tour de Liszt.
Czerny, compose une oeuvre innombrable dont des préludes, fugues et études toujours pratiqués aujourd’hui dans la formation en conservatoire. Dans la lignée de Czerny, il y a Liszt, comme on l’a dit plus haut, ainsi que Leschetizky. Ceux-ci développeront la virtuosité et la brillance du jeu pianistique.
Le premier a un grand rayonnement sur l’histoire du piano, il est extrêmement doué et possède une grande aisance physique vis-à-vis de l’instrument. En tant que professeur, le point fort de ses cours se situe dans la recherche de la meilleure interprétation, en étant très proche de la partition et en relisant uniquement les notes. C’est aux élèves d’argumenter leur façon d’interpréter. Quant au second, Leschetizky, il est reconnu par le milieu musical comme un génie de l’enseignement du piano. Le son revêt pour lui une importance primordiale, non pour satisfaire une beauté narcissique, mais pour servir la musique. La décontraction au clavier est une recherche de chaque instant. Il prépare ses élèves à la scène en leur demandant de jouer face à un miroir.
Contrairement à ces deux monstres sacrés, Frédéric Chopin et Clara Schumann appartiennent à l’école de la sensibilité et de l’intériorité musicale.
Le développement de la sensibilité pianistique
Chopin se comporte de manière totalement différente avec ses élèves. Alors que ceux de Lechetizky étaient plutôt du type "enfants prodiges", les élèves de Chopin vont développer la sensibilité d’une manière plus intimiste et deviendront plutôt enseignants à leur tour. Ce compositeur envisage sa pédagogie du piano avec un travail sur le corps : main, poignet, avant-bras, épaule et torse. Il insiste également pour que soit toujours donné un sens musical aux exercices : "Les exercices ne doivent pas être juste mécaniques. Ils requièrent toute l’intelligence et la volonté de l’élève".
Quant à Clara Schumann, elle enseigne le piano au conservatoire de Franckfort, et c’est pour elle une seconde nature. Elle s’investit toujours avec sincérité auprès de ses élèves. L’une d’entre elles, Mathilde Verne, dit à son propos : "Pour Clara, chaque élève représente un territoire sacré, non seulement pour la musique, mais aussi en tant que personne". Madame Schumann reprend à son compte les méthodes de son père, Herr F. Wieck, avec plus d’humanité et de la chaleur dans le contact de ses élèves."
L’histoire de la transmission de l’art pianistique rappelle "une compression du sculpteur César". En effet, un entrelacement de conservatoires publics, privés et de professeurs va former un ensemble à défaut d’un tout, à l’intérieur duquel chacun revendique une paternité.
On peut cependant distinguer trois courants essentiels sous le nom "d’écoles nationales" voire "nationalistes", ce que justifie le contexte historique : l’école allemande, l’école française, l’école russe. (Ces écoles seront traitées dans de prochains chapitres.)
Rédaction. Marc Papillon, Clinique du Musicien, Catherine Bros, professeur de piano.
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