La musique a un effet dopant sur l’effort physique

La musique lors de l'exercice physique améliore la performance

Rôle ergogène de la musique
La musique est connue pour être capable de réduire l’effort perçu nécessaire lors d’activités physiques exténuantes

Certains genres musicaux, comme le blues ou le gospel ont été créés pour accompagner les efforts des hommes et des femmes qui travaillaient dans les champs de coton, explique le docteur Thomas Fritz [1], l’initiateur de cette étude. Lorsque les prisonniers aux Etats-Unis cassaient les pierres dans les carrières, ils chantaient en incorporant des sons de leur travail dans la musique (la projection de gravillons participait à l’action musicale, et déterminait la pulsation de leurs chants).
Le chant accompagne souvent des pratiques collectives ritualisées, comme dans certaines tribus africaines, ainsi que dans les stades lorsque les supporters encouragent vocalement les sportifs.
Les athlètes utilisent souvent la musique lors de leur préparation physique (1). Le tempo musical et le rythme par exemple se sont révélés avoir une influence sur la motivation et stimuler la performance sportive (2, 3). L’écoute de la musique pendant un contre-la-montre de 10 km constitue une stratégie efficace pour améliorer la performance et, ce surtout en début d’épreuve [2].

La musique est connue pour être capable de réduire l’effort perçu nécessaire lors d’activités physiques exténuantes

Cet effet a été mis sous le compte de la diversion entraîné par la musique, ainsi l’athlète serait moins attentif aux sensations (désagréables) proprioceptives qui accompagnent la fatigue physique et les sensations de stress seraient simplement moins clairement perçues.
Mais cette explication paraît insuffisante pour Fritz et son équipe, la diversion ne peut pas suffire à expliquer cet effet.

Afin de clarifier de manière approfondie cette question, Fritz a mis en place une étude qui consistait à comparer deux populations différemment exposées à la musique lors d’effort physique (Fitness).
Le premier groupe utilisait l’équipement de remise en forme en écoutant passivement de la musique. La musique est déconnectée des mouvements physiques.
Le deuxième groupe disposait d’appareils reliés à un générateur de sons. Les participants non musiciens avaient la possibilité de s’exprimer musicalement en travaillant sur les machines de fitness.
Parallèlement les scientifiques mesuraient la consommation d’oxygène, la modification du tonus musculaire. Une spirométrie était réalisée, l’effort perçu était mesuré.

L’effort physique réalisé par les deux groupes était équivalent sur le plan de la charge physique. Si, comme le confirment les études bibliographiques, l’écoute passive de la musique contribue à un meilleur rendement musculaire, les effets de la musique sur l’effort physique lorsque la musique est intimement liée à l’effort comme une co-création du mouvement sont particulièrement manifestes sur le plan de la physiologie de la performance.

Dans cette situation, les participants :

  •   ressentaient moins sévèrement le stress ;
  •   utilisaient moins d’énergie, et étaient donc plus efficaces ; physiologiquement, leur consommation d’oxygène pour le même effort était réduit ;
  •   percevaient les exercices à un degré d’intensité plus faible qu’ils ne l’étaient en réalité.

Il y a bien « une consommation d’oxygène diminuée lorsque l’on produit de la musique en faisant l’effort au lieu de se contenter de l’écouter », autrement dit les muscles consomment moins d’énergie.

Effort et Musique
Il y a bien « une consommation d’oxygène diminuée lorsque l’on produit de la musique en faisant l’effort au lieu de se contenter de l’écouter », autrement dit les muscles consomment moins d’énergie.

Pour ce groupe, la musique ne joue pas un rôle de diversion, puisqu’elle est réalisée de manière dirigée par les participants en interaction avec la proprioception et le mouvement. L’effet positif de la musique ne peut donc pas être mis uniquement sur l’effet distrayant qu’elle entraîne. Fritz suggère néanmoins que la musique pourrait sur un plan cognitif dans ce cas attirer l’attention sur la composante esthétique des nouveaux mouvements créés avec la musique, en limitant l’attention sur la sensation des efforts réalisés pour y parvenir et qu’ainsi l’effort serait moins perçu.
Pour Fritz et son équipe, l’effet de la musique sur l’effort physique est multiple. Si elle peut jouer un rôle en réduisant la tension musculaire, et en procurant une oxygénation plus efficace, elle pourrait jouer un rôle singulier lorsqu’elle est en symbiose avec l’effort. Quand la musique est intégrée à l’effort physique, elle a un effet motivationnel et catalyseur d’une puissance inouïe, car comme le précise le docteur Fritz « l’intensité perçue de l’effort » lorsqu’on le conjugue à la production du chant ou de la musique « diminue de moitié » dès les 6 premières minutes.
La musique produite lors de l’effort joue un rôle ergogène important qui pourrait être mieux utilisé dans le champ rééducatif et de l’entraînement physique.

Ergogène
Qui produit de l’énergie. Qui améliore le rendement musculaire. La musique est un facteur ergogène qui joue un rôle dopant naturel sur l’effort physique. On parle également de substance ergogénique (dopante)

Rédacteur Docteur Arcier, président fondateur de Médecine des arts®
Médecine des arts® est une marque déposée. Copyright Médecine des arts©

Bibliographie

[1] Thomas Hans Fritz, Samyogita Hardikarb, Matthias Demoucrona, Margot Niessend, Michiel Demeya, Olivier Giota, Yongming Lid, John-Dylan Haynese, Arno Villringerb, and Marc Lemana. Musical agency reduces perceived exertion during strenuous physical performance. PNAS Early Edition. October 3, 2012.
[2] Atkinson G, D Wilson et M Eubank (2004) Effects of music on work-rate distribution during a cycling time-trial Int J Sports Med 25:611-5.


 

Imprimer

Association

Faire un don
Adhérer