La médecine du temps de Mozart. La thérapeutique. Dossier 4
Les remèdes du temps de Mozart
La thérapeutique du temps de Mozart [1]
Méthodes et remèdes relèvent des théories des Anciens, selon lesquelles les maladies sont dues à un déséquilibre entre les humeurs. Pour rétablir l’équilibre corporel, il faut donc dépléter, évacuer. Le sang et la bile étant les humeurs les plus accessibles, on saigne et on purge.
Sous le terme d’ « évacuant » sont regroupés les remèdes dont l’administration donne lieu à la sortie, à" l’expulsion d’une humeur quelconque. Leur fonction est de développer la vitalité d’un des organes sécréteurs ou « exhalants » du corps. Ils doivent « accélérer les mouvements de cet appareil organique, élever son action vitale au-dessus de la mesure qui lui est ordinaire ».
Les remèdes du temps de Mozart
Avant l’ère de la chimie de synthèse, qui connaîtra un réel développement au cours du XIXème siècle, la production des médicaments est liée à l’acquisition et à la transformation galénique de matières premières pharmaceutiques végétales, minérales ou animales qui, en raison de leur fréquente inactivité, sont l’objet de constants remaniements. Parmi les ressources végétales, certaines viennent de pays lointains, ramenées par les marchands d’épices et de drogues qui profitent du développement du commerce international.
La chimie et la thérapeutique vont connaître un renouveau à la fin du XVIIIème siècle, qui conduira au début du XIXème siècle à la découverte de la molécule comme entité et à la création artificielle de nouvelles substances pharmaceutiques. A la fin du XVIIIème siècle, la chimie passe du stade expérimental au stade industriel ( c’est le cas du carbonate de sodium, utilisé dans la fabrication du savon, du papier et du verre, etc.). Hahnemann introduit la notion , vers 1790, que toute substance est capable de guérir des symptômes analogues à ceux qu’elle peut elle-même produire, et crée ainsi l’homéopathie.
De nombreux codex et ouvrages de pharmacopée, où sont répertoriés et classés les différents remèdes officiellement utilisés sont édités. Il en est ainsi de l’ouvrage d’Antoine Baumé « Eléments de pharmacie théorique et pratique », en 1762 [2]
Une « médecine traditionnelle » des campagnes existe parallèlement à la médecine héritée des Anciens, dont l’arsenal thérapeutique s’agrandit dès le 17ème siècle, avec la découverte de l’écorce de quinquina, des vertus de la rhubarbe, du guaiac, etc., et avec le développement de remèdes d’origine minérale, tels que le mercure et l’arsenic qui enrichissent au XVIè et au XVIIème siècle l’étroit éventail thérapeutique disponible. Aux remèdes utilisés par les apothicaires viennent donc s’ajouter les remèdes préparés et utilisés dans les campagnes, dont la connaissance se transmet de génération en génération [3]. Ces remèdes sont préparés à base de minéraux, de végétaux que l’on cueille au moment propice dans la campagne, et d’animaux dont on utilise les organes mais aussi-les excréments.
Les excipients sont généralement à base de denrées alimentaires, permettant la réalisation d’onguents de cataplasmes, de baumes, de lotions, de teintures et de vins médicamenteux.
Ces remèdes sont parfois utilisés dans le cadre de la théorie dite « des signatures », selon laquelle le mal doit être soigné par l’identique ou son symbole : par exemple, la perte de sang doit être soignée par des substances primitivement de couleur rouge, etc. Cette théorie, avancée par Pline puis reprise par Paracelse , est basée sur le fait que Dieu, regrettant d’avoir créé les maladies, donne à l’homme des remèdes qu’il a placés dans les végétaux. C’est le cas de la « pulmonaire », plante dont les feuilles allongées et tachées de blanc rappellent les lobes des poumons et sont donc indiquées dans les affections respiratoires. On utilise également certains remèdes en vertu du symbole qu’ils représentent. Ainsi l’or est utilisé sous forme de bouillon pour conférer l’immortalité qui lui est attribuée. Il en est de même des pierres précieuses.