Trompettiste en difficulté, comment en suis-je arrivé là ?
• 1980. Des débuts prometteurs en école de musique m’ont conduit rapidement au Conservatoire. Après 5 ans de pratique le constat était le suivant : impossible de jouer plus de 3 lignes et besoin de me reposer 15 minutes pour en jouer 3 autres. Jouer me faisait mal aux lèvres. Je n’arrivais plus à souffler. « Mets de l’air », mais plus j’en mettais moins ça sortait.
Malgré une oreille musicale (1er Prix de Formation Musicale en 1992), je n’arrivais plus à m’exprimer avec la trompette. Ma décision était prise : Si je ne trouvais pas une personne pour m’aider, j’arrêtais la trompette.
• 1986. La rencontre avec Jean-Marie Gallot (élève de Mr Pichaureau), m’a permis de travailler pour la première fois la respiration. Il m’a appris à jouer « placé », « sur l’air ». Les résultats ne se sont pas fait attendre mais les acquisitions restaient fragiles. J’avais tendance à me « déplacer » facilement.
• Octobre 1990. J’ai effectué mon service militaire dans la musique du Mont Valérien. Les cérémonies dans un climat glacial m’ont malheureusement fait rejouer comme avant, en force, « sur la gueule », ça ne sortait plus et je n’arrivais pas à me « replacer ». Obligé pour moi de faire du playback. J’avais honte…
•1991. J’ai accepté de donner des cours de trompette. Mais je savais qu’il me faudrait un Prix de Conservatoire pour pouvoir continuer dans la musique. Ce diplôme, c’étaient les autres qui finissaient par l’obtenir. La peur que le son ne sorte pas était trop forte. J’étais devenu le spécialiste de l’excuse « bidon » pour ne pas jouer en soliste et je vivais un calvaire dans les rangs des orchestres d’harmonie. Je souffrais en silence. Les seuls bons moments musicaux étaient avec mes élèves. Leur parler de la respiration les faisait progresser. La pédagogie était faite pour moi ? Mais il me fallait un Prix !
Je me suis accroché et j’ai décidé d’aller à la source : Robert Pichaureau, réputé à l’époque comme « le rebouteux des cuivres ».
Le souvenir de mon premier cours est celui-ci : « Tu ne peux plus jouer de trompette. Et bien c’est le plus beau jour de ta vie ! Plus possible pour toi de jouer à l’envers, tu es donc condamné à jouer « vrai », avec ton corps, comme le chanteur. Tu vas te régaler ! » « La trompette n’est qu’un outil de travail que l’on utilise pour amplifier la musique, le véritable instrument, c’est ton corps. » « Le corps et l’instrument ne font qu’un, comme le chanteur. » « La racine du son est en toi, pas dans la trompette. » « Tu t’intéresses uniquement au résultat et pas à la fabrique. » « Pour avoir des fraises, tu t’occupes des fraises ou du fraisier ? La musique, c’est pareil ! Les fraises, c’est le son. Le fraisier, c’est le corps. La trompette n’est qu’un amplificateur. »
Au début, il a fallu désapprendre les mauvaises habitudes et les progrès étaient lents. Ce qui m’a donné du courage, c’est de constater que les conseils de Mr Pichaureau fonctionnaient aussi sur mes élèves. Comme le corps a une mémoire, les réflexes néfastes remontaient à la surface avec le stress (solos, examens). En revanche, dans le quotidien, c’est en travaillant la racine que j’ai retrouvé des bonnes sensations, développé plus de confiance en moi et acquis une meilleure qualité de son.
1998. Premier Prix de conservatoire, discipline Trompette. J’ai fini par récolter les fruits de mon travail.
Robert Pichaureau m’a remis d’aplomb, m’a reconstruit de l’intérieur, pierre par pierre, petit à petit. Il m’a transmis que ce n’est pas une manière de jouer mais une manière d’être. « Vivre la musique et non la faire », pour ne pas jouer mais pour que ça joue, comme ça respire, ça parle, ça boit, ça mange … Une philosophie qui rejoint la bibliographie suivante : « Le violon intérieur », « Le zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc », « Le chant de l’être ». C’est grâce à sa voie pédagogique si je suis Trompettiste. Merci Robert d’avoir aidé tous ces instrumentistes à vent et chanteurs. Cette expérience me permet de rééduquer à mon tour les problèmes de lèvres, les difficultés dans le registre aigu, l’endurance limitée ou la perte momentanée du son. Lorsqu’un élève a des passages à vide, il ne culpabilise plus. Il a des réponses à ses questions. Le son est le résultat d’une vibration via un mouvement intérieur. Mais encore faut-il en prendre conscience !
Vous êtes « en panne », vous avez la sensation de ne plus progresser, vous tournez en rond, vous cherchez un moyen pour avancer ou souhaitez acquérir un meilleur confort de jeu. Cet enseignement spécifique peut vous apporter des solutions.
L’idée est la suivante : Prendre conscience des erreurs que vous commettez dans l’utilisation de votre corps. Apprendre comment réduire ces erreurs et comment obtenir un meilleur fonctionnement corporel avec les ressources physiques et mentales que vous possédez. Si vous connaissez une personne qui souffre, n’hésitez pas à faire suivre.
Cordialement
Fabien Delépine écrit en juillet 2011