Bonjour,
Vous posez des questions difficiles à répondre sans examen clinique préalable.
Les capsulites ont à terme un bon pronostic et il n’est pas une consultation de musiciens dans laquelle n’est pas présent un musicien avec une capsulite. Le degré de handicap durant cet épisode de capsulite à l’instrument est également très variable selon l’instrument et les sujets, de même pour la récupération complète à l’instrument. C’est effectivement au cas par cas, effectivement l’altiste a une pratique qui sollicite de manière importante les épaules et d’une manière particulière, en abduction et élévation du bras notamment > 60°. Il est évident que la reprise est dépendante de votre récupération fonctionnelle (les mobilités) à l’instrument et de l’absence de douleur. Des conseils à l’instrument sont toujours utiles lorsqu’ils sont donnés par des personnes avisées.
Le soubassophone est régulièrement impliquée dans des problématiques de lombalgie, c’est certainement un facteur a minima favorisant. Une réflexion commence à être portée afin de trouver des solutions de supports corporels adaptés. Concernant la hernie discale, je suppose que vous avez fait les examens complémentaires classiques à ce sujet, que vous avez consulté éventuellement un neurochirurgien afin d’avoir des conseils à ce sujet. C’est un instrument relativement lourd, la recherche d’un maintien avec un équilibre optimal des forces de pesanteur n’est pas aisée. En premier lieu, il est nécessaire de traiter les douleurs éventuelles induites par la hernie discale dans la mesure où celle-ci est symptomatique (ce qui n’est pas la majorité des cas). Dans ce cas, également des conseils pratiques à l’instrument et à l’instrument pour trouver la posture optimale à l’instrument ne peuvent être que salutaires.
Enfin concernant les maladies professionnelles, la capsulite n’est pas reconnue comme maladie professionnelle. Pour autant les tendinopathies de l’épaule le sont, mais il s’agit de deux pathologies différentes. Quant au problème de hernie discale, dans le cadre du port d’un instrument, elle n’est également pas reconnue comme maladie professionnelle dans ce cadre précis. Pour autant la sciatique par hernie discale, radiculalgie crurale sont bien présentes dans deux tableaux de maladies professionnelles, dans le tableau 97 intitulé « Affections chroniques provoquées par des vibrations de basses et moyennes fréquences transmises au corps entier » (qui ne concerne pas votre pratique) et dans le tableau 98 intitulé « Affections chroniques du rachis lombaire provoquées par la manutention manuelle de charges lourdes », et pourraient éventuellement entrer dans ce cadre. Mais il faut noter que la pratique et le port d’un instrument ne font pas partie des travaux susceptibles de provoquer ces maladies. Le tableau 98 donne une liste de travaux :
Travaux de manutention manuelle habituelle de charges lourdes effectués :
- dans le fret routier, maritime, ferroviaire, aérien ;
- dans le bâtiment, le gros œuvre, les travaux publics ;
- dans les mines et carrières ;
- dans le ramassage d'ordures ménagères et de déchets industriels ;
- dans le déménagement, les garde-meubles ;
- dans les abattoirs et les entreprises d'équarrissage ;
- dans le chargement et le déchargement en cours de fabrication, dans la livraison, y compris pour le compte d'autrui, le stockage et la répartition des produits industriels et alimentaires, agricoles et forestiers ;
- dans le cadre des soins médicaux et paramédicaux incluant la manutention de personnes ;
- dans le cadre du brancardage et du transport des malades ;
- dans les travaux funéraires.
Mais on peut concevoir que cette maladie pourrait être prise en compte par la Sécurité sociale. Dans ce cas, il faut que vous adressiez un certificat de votre médecin traitant à la Sécurité Sociale. Il est possible que dans une première étape la maladie ne soit pas reconnue comme professionnelle car absente de cette liste, mais il est probable que par la voie de recours par l’intermédiaire du Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP) celle-ci puisse être reconnue. Dans cette dernière situation, il est à noter que la présomption d’origine n’existe pas et c’est donc au musicien d’apporter les arguments en faveur de la relation de cause à effet entre la pratique en question et la maladie.
Cordialement
Dr AF ARCIER