Bonjour
Une capsulite idiopathique de l’épaule droite chez un violoniste peut-elle être considérée comme professionnelle ?
Cordialement
Capsulite épaule droite et maladie professionnelle chez un violoniste
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par clem
05/11/2014 à 22:23
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par Docteur A. Icarre
05/11/2014 à 22:30Bonjour
Les maladies professionnelles sont en France régies par les tableaux de maladies professionnelles. Pour qu’une maladie soit considérée comme professionnelle sur le plan médico-légal il est nécessaire que cette maladie soit inscrite sur un de ces tableaux.
Chaque tableau est spécifique à une problématique, les problèmes de troubles musculo-squelettiques de l’épaule font partie du tableau n°57 des maladies professionnelles. Si certaines tendinopathies de l’épaule font partie de ce tableau la capsulite n’en fait pas partie. Comme vous l’avez précisé d’ailleurs son origine n’est pas connue et elle est donc qualifiée d’idiopathique.
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par Martin
10/11/2014 à 18:25Une pathologie idiopathique n’a, par définition, pas de cause.
Quand vous demandez si une atteinte de l’épaule droite chez un violoniste peut être considérée comme professionnelle, vous pensez sans doute à sa reconnaissance en tant que maladie professionnelle. Pour bénéficier de cette reconnaissance il faut tout d’abord être salarié, puis que la pathologie soit inscrite au tableau des Maladies Professionnelles du Régime Général (les fonctionnaires ou assimilés comme les professeurs de conservatoires ou musiciens des Opéras et formations musicales des grandes villes bénéficient, si l’on peut s’exprimer ainsi , d’un régime particulier reprenant le tableau du régime général) .Les pathologies de l’Epaule sont décrites au tableau 57 paragraphe A du RG qui vient d’être modifié tout récemment par le décret n° 2011-1315 du octobre 2011. La déclaration de MP doit être faite par le patient sur un document qu’il peut trouver auprès de sa CPAM, sur lequel il indique le nom de la pathologie apparaissant sur le tableau 57. Il doit joindre deux certificats médicaux, sur lesquels doit apparaître l’intitulé exact de la MP, tel qu’il est écrit sur le tableau. Il est important aussi que figure sur ce certificat le délai de prise en charge, qui correspond au délai existant entre l’exposition professionnelle et le moment ou le médecin a constaté la pathologie ; ainsi pour les Tendinopathies Aigues de la coiffe des rotateurs, la constatation médicale doit avoir été faite dans un délais de 30 jours suivant l’exposition professionnelle. Le troisième critère indispensable à la reconnaissance de la MP est que les mouvements exécutés lors des gestes professionnels correspondent bien à ceux indiqués dans le tableau, pour cette même pathologie vous constaterez qu’il est exigé une abduction d’au moins 60, ce qui est bien le cas pour l’épaule droite d’un violoniste, mais pendant au moins pendant 3h30 par jour en cumulé, ce temps peut être indiqué par le médecin s’il connaît votre poste de travail (par exemple votre médecin du travail), et sera vérifié par un contrôleur de votre caisse d’assurance maladie.
Dans le cas où la pathologie présentée parait bien découler du geste professionnel mais qu’elle n’est pas inscrite sur un tableau il existe un autre recours qu’il est sous certaines conditions possible de faire auprès de la Commission Régionale de Reconnaissance des Maladies Professionnelles qui jugera du lien entre le geste professionnel et la maladie.
Vous trouverez sur ce lien le tableau 57 des Maladies professionnelles du Régime Généra
Comme vous pouvez le constater, la capsulite de l’épaule ne figure pas sur le tableau des MP, et à priori, ne devrait pas être retenue à ce titre. La capsulite peut évoluer vers une limitation d’amplitudes des mouvements de l’épaule. Si dans les deux tiers des cas on ne trouve pas d’origine si ce n’est une dystonie neurovégétative (que l’on appelle aussi neurotonie, correspond à un déséquilibre bénin du fonctionnement du système nerveux autonome ; ce terme ne doit pas être confondu avec la dystonie fonctionnelle du musicien, il s’agit d’un trouble tout à fait différent) , certains auteurs retrouvent un traumatisme, une affection cardiovasculaire, neurologique, pulmonaire voire la prise de certains médicaments.
Si votre questionnement n’était pas celui que j’ai cru comprendre, vous pouvez me préciser vos interrogations ainsi que le tableau clinique, les avis spécialisés reçus, des précisions sur le jeu instrumental et dans quelles structures évoluent le musicien concerné.
En restant à votre disposition,
Docteur Didier Martin Médecine des arts®
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par I.A.
15/02/2017 à 18:21Capsulite chez une violoniste et maladie professionnelle
Violoniste et soubassoniste, je souffre depuis plusieurs mois d'une capsulite qui m'a imposé un arrêt de travail. Je n'ai pas encore repris. De plus je souffre également d'une sciatique avec hernie discale. Je travaille en orchestre et je suis donc amené à travailler de longues heures assises et je m'inquiète pour reprendre mon travail.
- Comment vais-je pouvoir reprendre le violon avec cette capsulite de l'épaule ?
- Comment reprendre le soubassophone, qui est un instrument lourd du fait de ces douleurs de sciatique ?
- Enfin, ces maladies sont-elles des maladies professionnellesMerci pour vos conseils
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par Docteur Icarre
15/02/2017 à 18:23Bonjour,
Vous posez des questions difficiles à répondre sans examen clinique préalable. Mais voici quelques pistes à ce sujet.
Les capsulites ont à terme un bon pronostic et il n’est pas une consultation de musiciens dans laquelle n’est pas présent un musicien avec une capsulite. Le degré de handicap durant cet épisode de capsulite à l’instrument est également très variable selon l’instrument et les sujets, de même pour la récupération complète à l’instrument. C’est effectivement au cas par cas, effectivement l’altiste a une pratique qui sollicite de manière importante les épaules et d’une manière particulière, en abduction et élévation du bras notamment > 60°. Il est évident que la reprise est dépendante de votre récupération fonctionnelle (les mobilités) à l’instrument et de l’absence de douleur. Des conseils à l’instrument sont toujours utiles lorsqu’ils sont donnés par des personnes avisées.
Le soubassophone est régulièrement impliquée dans des problématiques de lombalgie, c’est certainement un facteur a minima favorisant. Une réflexion commence à être portée afin de trouver des solutions de supports corporels adaptés. Concernant la hernie discale, je suppose que vous avez fait les examens complémentaires classiques à ce sujet, que vous avez consulté éventuellement un neurochirurgien afin d’avoir des conseils à ce sujet. C’est un instrument relativement lourd, la recherche d’un maintien avec un équilibre optimal des forces de pesanteur n’est pas aisée. En premier lieu, il est nécessaire de traiter les douleurs éventuelles induites par la hernie discale dans la mesure où celle-ci est symptomatique (ce qui n’est pas la majorité des cas). Dans ce cas, également des conseils pratiques à l’instrument pour trouver la posture optimale à l’instrument ne peuvent être que salutaires.
Enfin concernant les maladies professionnelles, la capsulite n’est pas reconnue comme maladie professionnelle. Pour autant les tendinopathies de l’épaule le sont, mais il s’agit de deux pathologies différentes.
Quant au problème de hernie discale, dans le cadre du port d’un instrument, elle n’est également pas reconnue comme maladie professionnelle dans ce cadre précis. Pour autant la sciatique par hernie discale, radiculalgie crurale sont bien présentes dans deux tableaux de maladies professionnelles, dans le tableau 97 intitulé « Affections chroniques provoquées par des vibrations de basses et moyennes fréquences transmises au corps entier » (qui ne concerne pas votre pratique) et dans le tableau 98 intitulé « Affections chroniques du rachis lombaire provoquées par la manutention manuelle de charges lourdes », et pourraient éventuellement entrer dans ce cadre. Mais il faut noter que la pratique et le port d’un instrument ne font pas partie des travaux susceptibles de provoquer ces maladies. Le tableau 98 donne une liste de travaux :Travaux de manutention manuelle habituelle de charges lourdes effectués :
- dans le fret routier, maritime, ferroviaire, aérien ;
- dans le bâtiment, le gros œuvre, les travaux publics ;
- dans les mines et carrières ;
- dans le ramassage d'ordures ménagères et de déchets industriels ;
- dans le déménagement, les garde-meubles ;
- dans les abattoirs et les entreprises d'équarrissage ;
- dans le chargement et le déchargement en cours de fabrication, dans la livraison, y compris pour le compte d'autrui, le stockage et la répartition des produits industriels et alimentaires, agricoles et forestiers ;
- dans le cadre des soins médicaux et paramédicaux incluant la manutention de personnes ;
- dans le cadre du brancardage et du transport des malades ;
- dans les travaux funéraires.Mais on peut concevoir que cette maladie pourrait être prise en compte par la Sécurité sociale. Dans ce cas, il faut que vous adressiez un certificat de votre médecin traitant à la Sécurité Sociale. Il est possible que dans une première étape la maladie ne soit pas reconnue comme professionnelle car la liste des travaux ne comporte pas cette activité, mais il est probable que par la voie de recours par l’intermédiaire du Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP) celle-ci puisse être reconnue. Dans cette dernière situation, il est à noter que la présomption d’origine n’existe pas et c’est donc au musicien d’apporter les arguments en faveur de la relation de cause à effet entre la pratique en question et la maladie.
Cordialement
Dr A. Icarre