Bonjour Pierre
Comme pour tout instrument, au moment de l’apprentissage, il se crée des automatismes et des relations entre l’instrument et le musicien et plus encore entre l’instrument et la cavité buccale. Tout est pris en compte par le système propriocepteur et par le système nerveux.
Le fait de changer quelque chose dans la cavité buccale entraîne forcément un changement dans les rapports entre les divers intervenants du jeu instrumental. Dans le cadre d’un traitement orthodontique, les déplacements sont lents et continues et il est plus facile de s’en accommoder que quand il survient brutalement une modification de l’arcade dentaire, par exemple à la suite d’un accident qui expulse ou casse les dents antérieures. Par ailleurs, il faut bien considérer la gêne que va occasionnée et causer le traitement lui-même, par le fait qu’à un moment donné devront être placées des bagues et des attaches sur les dents.
Problèmes liés à la mobilisation des dents, à la douleur engendrée sur les lèvres par les attaches ( cf l’article dans médecine des arts écrit voilà quelques années) et aussi au fait que la vitesse de déplacement de la lèvre risque d’être modifiée. Donc la qualité des notes émises risque de ne pas être à son maximum. Il faut tenir compte aussi de l’encombrement que l’appareillage amène. Enfin, le fait de remettre la dent sur l’arcade, donc de la reculer va entraîner une différence d’appui de l’instrument.
Néanmoins il faut dire aussi que certains musiciens (ils sont rares ) ont réussi à passer outre ces inconvénients mais parfois pendant la durée du traitement il faut envisager de devoir arrêter la pratique de l’instrument, ou tout du moins la limiter à une certaine hauteur, qui ne nécessite pas trop de tension des lèvres.
Voilà les données objectives. Après c’est une question de désir personnel, mais par ailleurs il ne faut pas sous-estimer et mésestimer les raisons qui ont amené à proposer le traitement orthodontique. En conclusion, si un traitement orthodontique est proposé c’est parce que l’on pense qu’il peut apporter un bénéfice au patient. Ce bénéfice va être en premier lieu d’ordre général mais par ricochet il sera aussi d’ordre musical. Cependant, il peut occasionner à l’instrumentiste des perturbations pendant la durée du traitement, que le traitement ait pour but de rectifier une arcade ou d’assurer une expansion des maxillaires.
Au final, la décision de faire ou ne pas faire dépend du musicien et il doit bien préciser à son praticien son statut de musicien, qu’il soit professionnel ou amateur.
Pierre DANA