Bonjour
Accordéoniste amateur, j’ai été opéré il y a presque 2 ans d’une compression du nerf cubital au coude droit. Travaillant sur écran, la thèse de l’appui prolongé du coude a été retenue. En effet, au début des troubles, un week-end suffisait à la récupération, les sensations d’engourdissement et de faiblesse musculaire disparaissaient quasiment intégralement. l’EMG quelques mois avant l’opération mettait en évidence une vitesse de conduction au coude < 40m/s. Un an après l’opération elle était remontée à 42 m/s ce qui laissait présager une bonne récupération
Depuis quelques mois, la situation se détériore, malgré une correction posturale devant l’écran (souris main gauche, pas d’appui du coude, angle bras avant 120°…). Les engourdissements reviennent avec en supplément une sensation douloureuse lors de la pratique instrumentale au niveau de la gouttière ulnaire et la récupération est de plus en plus longue. Je dois espacer de plus en plus mes séances initialement quotidiennes de pratique musicale, pour garder un peu de sensibilité et d’agilité au niveau des doigts, ce qui pose un problème de répétition en période de concert. Que me conseillez-vous ? Une nouvelle opération doit-elle être envisagée ? Merci
Accordéon et compression ulnaire au coude droit
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par Guillaume
02/11/2014 à 21:20
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par Docteur A. Icarre
02/11/2014 à 21:27Bonjour
Vous avez été opéré il y a déjà deux ans d’un syndrome canalaire au coude droit. Vous travaillez sur écran et vous jouez de l’accordéon. Vous avez appliqué des principes préventifs concernant votre travail devant écran. Néanmoins vous présentez depuis quelques mois une détérioration sur le plan clinique puisque vous constatez que les engourdissements reviennent, le temps de récupération est plus long et vous indiquez (je ne sais pas si c’était le cas précédemment avant la première intervention) que vous êtes obligé d’espacer vos séances de pratique musicale pour conserver la sensibilité de vos doigts. Lors de la première période clinique, les symptômes semblaient liés à la pratique du travail devant écran, vous ne signalez pas à cette époque une relation éventuelle avec la pratique musicale.
En premier lieu, il me paraît légitime de demander l’avis précis du neurologue qui vous a fait l’examen, éventuellement que votre médecin traitant lui fasse un courrier pour lui demander ce qu’il pense de cette recrudescence des symptômes. En fin il faut demander l’avis du chirurgien qui vous a opéré. Parfois il faut chercher une irritation modeste du nerf à plusieurs niveaux. (double crush syndrom).
Il est nécessaire après avoir récolté ces avis qui seront formulés d’autant précisément que le médecin traitant aura fait un courrier dans ce sens, de consulter un chirurgien de la main particulièrement affuté sur le plan clinique (service hospitalo-universitaire par exemple) afin de redemander un nouvel avis plus neutre.
Enfin se pose la question de la pratique instrumentale, et celle-ci se décline à deux niveaux :
• D’une part, joue-t-elle un facteur péjoratif dans l’exacerbation de la symptomatologie ? (les signes sont-ils également rythmés avec les moments de longue pratique musicale), auquel cas il est nécessaire de faire le point sur la posture et le geste musical et estimer leur contribution dans la symptomatologie.
• D’autre part, la musique exige l’intégrité des capacités sensorielles, la diminution même minime parfois de la sensibilité peut poser de sérieux problèmes sur le plan de la pratique musicale, et effectivement chez un musicien il faut se porter avec plus d’acuité et de justesse encore l’indication chirurgicale : ne pas passer à côté de la nécessité d’une intervention lorsque celle-ci est indispensable au risque d’altérer même à minima la sensibilité du à un geste chirurgical retardé, mais aussi tout mettre en œuvre chez le musicien pour éviter une intervention chirurgicale, plus encore lorsqu’on est déjà intervenu. Le questionnement concernant une intervention chirurgicale chez le musicien est donc toujours un moment important, il ne faut pas passer à côté d’une intervention nécessaire et poser l’indication au moment judicieux lorsqu’elle se pose et de pas exposer le musicien à une intervention non nécessaire.On ne peut que vous conseiller de manière complémentaire de consulter une équipe pluridisciplinaire spécialisée pour le musicien. Ils pourront faire le point sur votre dossier médical, revoir la clinique sans instrument, mais aussi à l’instrument et vous conseillez de plus en tenant compte de la pratique musicale.
cordialement
Docteur ICARRE