Déterminants psychologiques des blessures chez les danseurs
Stress, anxiété et blessures
Toutes les études sont convergentes et indiquent une prévalence importante des troubles musculo-squelettiques et des traumatismes liés à la pratique de la danse, notamment dans la danse classique, mais aussi la danse contemporaine.
Une étude récente réalisée sur une durée de 8 mois au sein de danseurs et danseuses classiques montrait que le taux de blessures déclarées était de 61 %. Ce niveau de blessure était comparable aux pratiques sportives à risque comme le football américain et la lutte sportive. La durée moyenne d’arrêt pour ces danseurs était de 10,5 jours, avec des arrêts s’étalant de 1 jour à 87 jours.
Une blessure (affection liée à la pratique) a été définie comme un problème médical qui restreint la pratique de la danse pour une durée d’au moins un jour après la date de la blessure.
Pour Smith et son équipe qui ont engagé cette étude, les danseurs sont aussi vulnérables que les athlètes de haut niveau, parce que le ballet est une activité soumise à une très grande pression et à une concurrence effrénée parmi les danseurs.
Pour ces auteurs, la danse est très exigeante sur le plan physique et le fait que les danseurs sont en concurrence accroît le stress physique. Ils dansent souvent avec « la douleur » et craignent de perdre leur place, un rôle, une évolution professionnelle. Les contraintes pondérales jouent également un rôle stressant. Finalement, danseurs et danseuses mènent des vies stressantes. Le niveau d’exigence est comparable pour ces auteurs à celui d’un gymnaste olympique.
L’étude menée par Smith auprès d’une compagnie de danse (Ballet Company Pacific Northwest à Seattle) est orientée sur les contraintes psychologiques et leur relation avec les blessures (traumatismes et TMS). Ils ont étudié durant une saison les « événements de vie », le « support social » des danseurs, ainsi que l’anxiété de performance à l’aide d'un questionnaire. Les danseurs étaient âgés de 26 ans en moyenne. Aucun danseur n’était blessé lorsque l’étude a commencé. Les danseurs blessés ont ensuite été suivis sur une durée de 8 mois.
L’étude de Smith et al. est centrée plus particulièrement sur l’anxiété comme un facteur de blessures liées à la performance. L’anxiété a des composantes somatiques et cognitives.
- L’anxiété physique représente les modifications de la perception de l’activation physiologique, notamment au niveau des constantes physiologiques incluant des signes comme la tension musculaire et la "boule au ventre", l’hyperventilation ou une accélération du rythme cardiaque, des palpitations.
- L’anxiété cognitive est répartie en deux catégories, une perte ou une baisse d’attention et l’inquiétude. Mais on a pu décrire également les pensées négatives, les préoccupations latentes au sujet de la performance, les expectations (attentes) de réussite pessimistes.