Vincent Van Gogh ne s’est pas suicidé, mais a été assassiné
Vincent Van Gogh assassiné ?
Une dernière hypothèse : Vincent Van Gogh assassiné
Tout récemment, deux auteurs à succès ont émis une nouvelle hypothèse sur le décès du peintre Van Gogh. Le suicide de Van Gogh est la thèse retenue jusqu’ici par ses biographes, et les médecins qui ont étudié rétrospectivement le cas Van Gogh.
Selon Gregory White Smith et Steven Naifeh, qui avait déjà obtenu le Prix Pulitzer pour leur biographie du peintre Jackson Pollock, la fin de Vincent Van Gogh n’est pas celle qui a prévalu jusqu’aujourd’hui, c’est-à-dire son suicide. Ils ont mené une enquête semble-t-il sérieuse, découvrant quelques incohérences dans ce que l’histoire a reconnu, le suicide du peintre.
A cette période, Vincent Van Gogh habitait à l’auberge Ravoux, après avoir connu une succession d’infortunes au cours de l’année qui précède sa mort (échec de l’atelier d’Arles, dispute avec son ami Paul Gauguin et internement à Saint-Rémy-de-Provence où il multiplie les crises). Il parcourait la campagne environnante pour peindre les champs de blé. Il est admis que Van Gogh se serait tiré une balle de revolver dans un champ avant de revenir à l’auberge où il mourut deux jours plus tard. « Il est clair pour nous, raconte Steven Naifeh, qu’il n’est pas allé dans le champ de blé avec l’intention de se tirer dessus ».
Les biographes déclinent un certain nombre d’arguments et d’indices en faveur de leur hypothèse « Van Gogh assassiné ».
- 1. Une visite à Auvers dans les années 1930 de l’historien de l’art John Rewald. L’homme avait rencontré des personnes lui ayant affirmé que le peintre avait été tué par deux adolescents et que sur son lit de mort, Van Gogh avait parlé de suicide pour les protéger.
- 2. En 1956, René Secrétan devenu banquier, racontait en détail comment son frère Gaston et lui, alors adolescents, s’amusaient à tyranniser Van Gogh.
"Ils l’embêtaient sans cesse", dit M. Naifeh. "Ils avaient mis un serpent dans sa boîte de peinture. Ils mettaient du sel dans son café, du piment sur les pinceaux" qu’il machouillait en peignant et embrassaient des filles dans son champ de vision pour le gêner.
Vincent Van Gogh est désargenté et on le trouve souvent en compagnie de jeunes de la bourgeoisie parisienne en vacances qui lui payent des coups à boire au bar du village, à Auvers-sur-Oise, un village d’artistes à une trentaine de kilomètres de Paris… Mais ces jeunes ne manquent pas non plus de se moquer de lui, les frères René et Gaston Secrétan font partie de ceux-là. Les jeunes s’amusent de lui, salent son café, glissent un serpent dans sa boîte de couleurs. Un jour, ils le surprennent en train de se masturber dans les bois et l’affublent d’un surnom : "L’amant fidèle de la veuve poignet". - 3. Un dessin de Van Gogh d’un garçon portant un chapeau de cowboy. Les auteurs pensent qu’il s’agit de René Secrétan, qui avait assisté en 1890 à Paris au spectacle de western de Buffalo Bill. Passionnés de cow-boys et d’armes, les deux jeunes avaient emprunté un pistolet à l’aubergiste Arthur Ravoux pour chasser les oiseaux.
Pour ces biographes, ce 27 juillet, dans une cour de ferme, le ton monte, un coup part : « Accident, négligence ou malice », écrivent-ils. Ils s’appuient sur le fait qu’aucun témoin oculaire n’a vu Van Gogh se tirer une balle dans les champs. Sur son lit de mort, à l’auberge Ravoux, il répond « oui » au docteur qui lui demande s’il s’est suicidé. La preuve qu’il ne tenait plus à la vie, selon les auteurs, qui n’en restent pas là. Ils exhument les confidences de René Secrétan, devenu banquier et homme d’affaires, dans les années 1950. Avant de mourir, l’octogénaire raconte à un biographe du peintre qu’il l’a beaucoup tourmenté cet été-là. Sans en dire plus sur ce jour funeste. - 4. Pour appuyer leur théorie, ils pointent plusieurs zones d’ombre dans les circonstances de la mort du peintre : l’absence d’enquête médico-légale, la trajectoire oblique de la balle, peu probable pour un homme qui se tire lui-même dessus, et la faible probabilité que Van Gogh, connu pour ses problèmes mentaux, ait pu obtenir un pistolet.
Deux gendarmes sont venus interroger l’artiste mais le rapport de police n’a jamais été retrouvé. "On l’a vraiment cherché, croyez-moi", dit M. Naifeh, "soit il n’a pas été archivé, soit il a été détruit".
Le conservateur du musée Van Gogh à Amsterdam, Leo Jansen, interrogé par l’AFP, avait jugé l’hypothèse "intéressante". "Pour pouvoir croire à cette nouvelle théorie, j’aurais besoin de nouvelles preuves mais c’est très difficile, cela fait tellement longtemps".
Selon Gregory White Smith et Steven Naifeh [12], le peintre aurait répondu "oui" pour protéger les frères Secrétan. "Mais pourquoi les protéger alors qu’ils n’arrêtaient pas de l’ennuyer, de le taquiner ?", s’interroge le conservateur.
Naifeth avance alors la possibilité d’un meurtre qui aurait été perpétré par « deux jeunes garçons, dont un portait un costume de cowboy et avait un revolver qui fonctionnait mal, et qui avaient l’habitude d’aller boire avec Vincent à ce moment de la journée. »
"Les deux auteurs n’ont pas trouvé de nouveaux faits, ils les ont seulement interprétés différemment", souligne Leo Jansen. Les indices que présentent ces auteurs sont d’ailleurs discutables et n’apportent pas de preuves objectives et définitives sur la véracité de cette hypothèse.
Rédacteur : Docteur Arcier, président fondateur de Médecine des arts®
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Bibliographie
[1] Michel Weber Epilepsies. Volume 17, Numéro 4, 258-62, Octobre-Novembre-Décembre 2005, Épilepsie et histoire de la médecine
[2] Gastaut H. La maladie de Van Gogh envisagée à la lumière des conceptions nouvelles sur l’épilepsie psycho-motrice. Ann Med Psych 1956 ; 114 : 196-238.
[3] Arenberg IK, Countryman LL, Bernstein LH, Shambaugh Jr. GE. Vincent’s violent vertigo. An analysis of the original diagnosis of epilepsy vs. the current diagnosis of Ménière’s disease. Acta Otolaryngol 1991 ; 485(Suppl.) : 84-103.
[4] Yasuda, 1979 Yasuda K. Was Van Gogh suffering from Méniére’s disease ? Otologia 1979 ; 25 : 1427-39.
[5] Baker, 1991 Baker HS. Letter about Van Gogh : Ménière’s disease ? Epilepsy ? Psychosis ? JAMA 1991 ; 265 : 722.
[6] Freedman AL, Freedman DP. Letter about Van Gogh : Ménière’s disease ? Epilepsy ? Psychosis ? JAMA 1991 ; 265 : 723.
[7] Maire, 1971 Maire FW. Van Gogh’s suicide. JAMA 1971 ; 217 : 938-9.
[8] Lazorthes, 2001 Lazorthes G. Les hallucinés célèbres. Paris : Masson édit, 2001 ; (1 vol).
[9] Gonzalez Luque FJ, Montejo Gonzalez AL. Implication of lead poisoning in psychopathology of Vincent van Gogh. Actas Luso Esp Neurol Psiquiatr Ciend Afines 1997 ; 25 : 309-26.
[10] Lee TC. Van Gogh’s vision. Digitalis intoxication ? JAMA 1981 ; 245 : 727-9.
[11] Kunin RA. Letter about : Van Gogh : Ménière’s disease ? Epilepsy ? Psychosis ? JAMA 1991 ; 265 : 723.
[12] Steven Naifeh and Gregory White Smith. Van Gogh : the Life, 2011. Telegraph Books
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