Syndrome de compression nerveuse chez les instrumentistes à cordes frottées

Facteurs prédisposants

Jouer d’un instrument exige l’intégrité des nerfs qui assurent la motricité et la sensibilité de l’ensemble des segments musculo-squelettiques et cutanés. Parfois dans leur trajet, le nerf peut subir un stress mécanique, une compression, un étirement et souffrir de cette situation. Les pratiques violonistiques (idem pour l’alto, le violoncelle, la contrebasse), par les mouvements et les postures induites, génèrent des contraintes qui peuvent dépasser les possibilités physiologiques.

« Cette compression siège dans certaines zones anatomiques que parcourt le nerf de son origine rachidienne aux récepteurs périphériques cutanés ou musculaires. Ces syndromes s’observent lorsque le nerf s’engage dans un tunnel ostéofibreux avec incompatibilité entre le contenant et le contenu (nerfs, tendons) comme le canal carpien. La compression du nerf par une structure anatomique (arcade fibreuse, muscle, tendons) peut aussi être à l’origine de syndromes canalaires. » ALLIEU Y., «Pathologie musculo-tendineuse et syndromes canalaires du membre supérieur chez les musiciens jouant sur un instrument à cordes et à clavier», in Médecine des Arts, N°58, 2006, p. 2-10

Les instrumentistes à cordes présentent un risque élevé de compression nerveuse et sont sensibles aux légers déficits neurologiques du fait des capacités sensorielles acquises par la pratique instrumentale.
Facteurs prédisposants des compressions chez l’instrumentiste à cordes

Les principales attitudes et mouvements lors du jeu, qui compriment le tissu neural
Les mouvements répétitifs qui entraînent une traction du nerf
Des particularités anatomiques qui vont piéger le nerf sous un chef musculaire surnuméraire, une bride fibreuse, etc.
L’appui direct de l’instrument

Ainsi, on peut relever certaines technopathies qui peuvent entraîner une affection de type compressive sur un nerf chez un instrumentiste à cordes, par exemple :

les extrémités digitales du nerf ulnaire (nerf cubital) peuvent subir un stress mécanique lors de l’appui du violon sur la base de l’index gauche (compression du nerf digital)
La flexion prolongée du coude gauche de l’altiste ou du violoniste peut générer une compression du nerf ulnaire à ce niveau (compression du nerf ulnaire au coude)
La flexion prolongée du poignet et le mouvement répétitif peuvent entraîner une compression fonctionnelle d’autant qu’il existe un léger œdème inflammatoire au niveau du canal carpien (compression du nerf médian dans le canal carpien)
Certaines postures sur des sujets longilignes avec un long cou projeté en avant et des épaules tombantes peuvent favoriser des troubles au niveau du plexus brachial (compression du plexus brachial dans le défilé thoraco-brachial)
La flexion prolongée du rachis cervical dans le maintien de l'instrument peut entraîner une compression d'une racine nerveuse (compression d'une racine nerveuse - radiculite cervicale)