Sublime
Sublime au théâtre
Du latin sublimis
Ce qu’il y a de grand, d’élevé dans les pensées, dans le style et dans les actions. Le sublime est tout ce qui nous élève au-dessus de ce que nous étions, et qui nous fait sentir cette élévation. On en compte de deux sortes : le sublime d’images et le sublime de sentiments. Ce n’est pas que les sentiments ne présentent de grandes images, puisqu’ils ne sont sublimes que parce qu’ils exposent aux yeux l’âme et le cœur ; mais comme le sublime d’images peint seulement des objets inanimés, et que l’autre marque un mouvement du cœur, on distingue ces deux espèces par ce qui domine en chacune. Les peintures que Racine fait de la grandeur de Dieu sont sublimes. En voici deux exemples :
J’ai vu l’impie adoré sur la terre :
Pareil au cèdre, il cachait dans les cieux
Son front audacieux.
Il semblait à son gré gouverner le tonnerre,
Foulait aux pieds ses ennemis vaincus :
Je n’ai fait que passer ; il n’était déjà plus.
(Esther, act. V, sc. 5.)
Les vers suivants ne sont pas moins sublimes
L’éternel est son nom ; le monde est son ouvrage.
Il entend les soupirs de l’humble qu’on outrage,
Juge tous les mortels avec d’égales lois ;
Et, du haut de son tronc, interroge les rois.
Les sentiments sont sublimes quand, fondés sur une vertu vraie, ils paraissent être presqu’au-dessus de la condition humaine, et qu’ils font voir, dans la faiblesse de l’humanité, la constance de Dieu. L’univers tomberait sur la tête du juste, son âme serait tranquille, dans le temps même de sa chute. L’idée de cette tranquillité, comparée avec le fracas du monde entier qui se brise, est une image sublime, et la tranquillité du juste est un sentiment sublime. Le sublime de sentiment est ordinairement tranquille ; une raison affermie sur elle-même le guide dans tous ses mouvements. On représentait à Horace fils, allant combattre les Curiaces, que peut-être il faudrait le pleurer ; il répond :
Quoi ! vous me pleureriez, mourant pour ma patrie ?
La reine Henriette d’Angleterre, dans un vaisseau, au milieu d’une affreuse tempête, rassurait ceux qui l’accompagnaient, en leur disant d’un air calme, que les reines ne se noient pas. Curiace dit à Camille qui, pour le retenir, fait valoir sa tendresse :
Avant que d’être à vous, je suis à mon pays.
Auguste, après la découverte de la conspiration formée contre sa vie, et après avoir convaincu Cinna d’en être le chef, lui dit :
Soyons amis, Cinna, c’est moi qui t’en convie.
Voilà des sentiments sublimes. La reine était au-dessus de la crainte, Curiace au-dessus de l’amour, Auguste au-dessus de la vengeance, et tous trois étaient au-dessus des passions et des vertus communes. – Ce qui est sublime a des dimensions vastes et imposantes. Dans beaucoup de passages d’Athalie le sublime vient de la noblesse et de la grandeur des pensées.
A côté du sublime est l’extravagance. Pour atteindre au sublime, il faut que le comédien ait assez d’empire sur ses sens pour les soumettre en tous points au génie de l’auteur. Il faut qu’il ait l’art de sortir de lui-même, de manière à se donner tout entier au personnage qu’il représente et à confondre toutes les sensations avec les siennes.
Dictionnaire de l’art dramatique A l’usage des artistes et des gens du monde Ch. De Bussy Paris, Achille Faure, 1866
Encyclopédie Arts et Médecine
Rédacteur Docteur A. Arcier président fondateur de Médecine des arts®
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