Solvants et néphropathies dans les arts plastiques (peintre, sculpteur...)
On estime à 20 % la proportion de la population active exposée, au moins une fois à un solvant durant sa vie professionnelle, les plasticiens selon leurs techniques peuvent être particulièrement exposés . La diffusion de ces produits dans le grand public fait qu'en pratique l'ensemble de la population peut être exposée à l'occasion d'activités domestiques ou de loisirs telles que le bricolage ou la pratique artistique amateur).
La néphrotoxicité peut être définie de façon large comme l'ensemble des altérations fonctionnelles ou structurelles rénales, induites directement ou indirectement par des agents chimiques (ou leurs métabolites), qui sont absorbés dans l'organisme quelle qu'en soit la voie de pénétration.
Les lésions rénales induites peuvent être réversibles ou définitives et intéresser les glomérules, le tubule et l'intertistium, ces deux dernières structures étant les plus fréquemment impliquées. Une atteinte vasculaire directe peut être parfois en cause et l'ischémie rénale qui en résulte générer des lésions tubulo-intertistielles secondaires. Il est classique de distinguer les mécanismes de toxicité directe dose-dépendants des mécanismes indirects de type immunologique le plus souvent non dose-dépendants. Cette classification a toutefois l'inconvénient de privilégier un concept monofactoriel de l'atteinte rénale d'origine toxique aux dépens d'un concept plurifactoriel prenant en compte la possible synergie de plusieurs substances néphrotoxiques ou de facteurs de susceptibilité individuelle. Bénédicte Stengel, Pierre Simon Néphrotoxicité d'origine iatrogène, professionnelle ou environnementale.
On sait depuis longtemps que l'exposition massive aux solvants organiques provoques des insuffisances rénales. On suspectait aussi l'exposition habituellement rencontrée dans l'environnement général ou professionnel à l'origine d'un certain nombre de glomérulopathies sans cause connue; mais les études pêchaient par une méthodologie criticable.
Une étude épidémiologique de type cas-témoins datant d'une vingtaine d'années a mis fin à cette incertitude.
Elle montre que l'exposition aux solvants organisque en général concerne 37 % des hommes et 17 % des femmes, dont respectivement 15 % et 2 % sont exposés plus de deux heures par semaine à un niveau élevé.
Pour des expositions inférieures à 2 heures par semaine aux solvants, cette étude ne montre pas de risque plus élevé de glomurulopathies, quelque soit le type histologique considéré.
En revanche chez les hommes, une association forte a été observée entre une exposition importante aux solvants, c'est-à-dire supérieure à 2 heures/jour et la survenue d'une insuffisance rénale chronique. Le risque lié à cette exposition forte et multiplié par cinq. Les peintres font partie des corporations les plus touchées.
De multiples utilisations
Les solvants organiques sont très utilisées, ils entrent dans la composition des peintures, des vernis, des encres, des colles, agents décgraissants etc.
Cette étude incite à la mise en oeuvre de mesures préventives, en premier lieu elle repose sur la connaissance des produits utilisés, leur nom commercial, leur composition si possible, les précautions conseillées par le fabricant, en deuxième lieu sur l'utilisation d'un local adapté ainsi que de protections individuelles efficaces (cela signifie pas d'utilisation d'un masque inefficace, inadapté aux produits) en fin en troisième lieu la pratique doit s'effectuer dans une athmosphère qui respecte les valeurs limites d'exposition qui existent déjà pour une centaine de solvant et une surveillance des artistes professionnels et amateurs exposés doit être proposées.
Source
Le Généraliste, Mardi 16 janvier 1996
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