Neurotoxicité des solvants chez les artistes plasticiens (peintre, sculpteur)
Etayer la suspicion
La suspicion d’une neurotoxicité induite par les solvants appelle l’évaluation clinique suivante :
- Interrogatoire du plasticien, en portant une attention particulière à l’historique de la pratique, aux antécédents d’exposition, les techniques utilisés et les modes opératoires, aux symptômes et plaintes, à l’environnement de la pratique (les locaux), les moyens de prévention.
- Examen neurologique
pour rechercher les anomalies neurologiques dues aux solvants : atteinte des nerfs crâniens (neuropathies trigéminées par exemple en relation avec du trichloréthylène), baisse du tonus musculaire, troubles de la coordination, altération de la sensibilité au pique-touche, perturbation du sens de position, altération de la sensibilité vibratoire, ou thermique…
Mais aussi pour ne pas méconnaître une autre cause telle qu’une sclérose en plaques, une démence vasculaire…
- Explorations neurophysiologiques (études de la conduction nerveuse, potentiels évoqués…)
- Examens radiologiques (tomodensitométrie, IRM) à la recherche de modifications atrophiques des lobes frontaux et du cervelet, ou d’une atteinte de la substanc e blanche, décrites après exposition à certains solvants.
- Explorations neuro-psychologiques (fonctions cognitives et motrices, humeur, personnalité).
Conclure à la relation entre l’exposition au solvant et l’altération neurologique
Les données d’exposition peuvent être recueillies par questionnaire précisant les types et durées d’exposition, par l’analyse des historiques des techniques utilisées, les descriptions sur la manière de pratiquée, les techniques utilisées, les dosages de l’atmosphère, biologiques. Certains solvants ou leurs métaboliques peuvent être dosés dans le sang, l’urine ou au cours de la respiration.
Mais l’interprétation est parfois délicate, et on ne peut s’appuyer de façon absolue sur les seuils et les valeurs limites recommandées pour déterminer si un artiste plasticien a une atteinte du système nerveux dû aux solvants. Même si la précision d’évaluation est bonne, la prudence d’interprétation s’impose : une exposition chronique à des niveaux inférieurs aux normes s’est avérée associée à des effets neurotoxiques chez certains patients. Les valeurs recommandées se fondent sur des données de groupes mais il existe une grande variabilité individuelle de susceptibilité à des toxiques spécifiques.
Conseils, formation sur les produits et les modes opératoires, prévention à la source et individuelles, surveillances médicales à la demande, sont les bases de la prévention. Les fabricants et distributeurs doivent s'impliquer dans la prévention des produits qu'ils fabriquent ou commercialisent.
Rédacteur. Docteur Arcier, président fondateur de Médecine des arts®
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Sources
RF White, SP Proctor Solvants and neurotoxicité. Lancert 1997; 349 (906) : 1239-43
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