Le café et ses effets sur la voix chantée et parlée

Une équipe de chercheurs [1] a décidé de mener une enquête épidémiologique afin de mesurer les effets d’une faible consommation de café sur la fonction phonatoire. L’étude a été réalisée sur un échantillon de 54 sujets de sexes féminins auxquels étaient administrés sur une partie de l'échantillon des comprimés de 100 mg de caféine et sur l’autre un placebo. Ensuite des examens cliniques ORL et complémentaires étaient réalisés.
Les résultats préliminaires ne mettent pas en évidence de différences dans les paramètres vocaux après la consommation d'une dose modérée de café (100 mg). Les auteurs pensent que l'ingestion de 100 mg de caféine ne peut pas avoir un impact négatif sur la voix.

D’autres études ont été menées ces dernières années ; la plus récente [2] étudie l’impact d’une dose significative de caféine sur la sphère vocale. La consommation de 480 gr de caféine par 16 adultes est comparée à la consommation d’une très faible dose (24 mg). Aucune différence significative n'est relevée dans les mesures vocales selon la dose de caféine consommée. Les auteurs concluent que l’élimination complète de la caféine pour des raisons d’hygiène vocale doit être évaluée au cas par cas selon les individus.

Enfin une autre étude, celle d’Akhar [3] concerne les effets de la caféine sur les cordes vocales sur la base d’une consommation de 250 mg de caféine sous la forme de comprimée à huit volontaires. Les influences défavorables de la caféine sur la voix ont été trouvées concernant la fréquence fondamentale (F0) des sujets testés durant la conversation, la lecture et le chant. Les résultats sont contrastés, ils mettent en évidence des modifications importantes de la qualité vocale, mais les auteurs notent qu'il existait une variabilité importante des résultats sur le plan intra-individuel.

Les études ont été réalisées soit au sein d’une population générale, soit de professionnels de la voix mais qui ne comprenait pas d’artistes, tels que les chanteurs, comédiens, acteurs, même si la voix chantée était explorée dans cette dernière étude.

Ainsi, si on peut penser que de faibles doses de caféine ne paraissent avoir pas d’effet délétère sur la sphère vocale proprement dite, il existe à des doses supérieures des doutes avec notamment une grande variabilité intra-individuelle. Du fait de l’usage qui est fait par les artistes de leur voix et de leur attente vocale, il paraît a priori prudent de maintenir des recommandations de limite d’usage de la caféine à des doses faibles et modérées en tenant compte de la variabilité inter et intra-individuelle. Ceci d'autant que la caféine a été décrite comme facteur aggravant dans des troubles qui pénalisent la pratique vocale tel que les acouphènes, la maladie de Ménière, ainsi que le reflux gastro-oesophagien. Sur un autre plan, au-delà de certaines doses, la caféine peut devenir anxiogène et aggraver la symptomatologie du trac, tels que le tremblement, la tachycardie et l'anxiété.
Des études complémentaires dans le champ artistique mériteraient d’être menées sur des échantillons plus larges, sur des périodes plus longues.

Rédacteur Docteur A. Arcier, président fondateur de Médecine des arts®
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[1] Franca MC, Simpson KO, Schuette A. Effects of caffeine on vocal acoustic and aerodynamic measures of adult females. Codas. 2013;25(3):250-5.
[2] Erickson-Levendoski E, Sivasankar M. Investigating the effects of caffeine on phonation. J Voice. 2011 Sep;25(5):e215-9
[3] Akhtar S1, Wood G, Rubin JS, O'Flynn PE, Ratcliffe P. Effect of caffeine on the vocal folds: a pilot study. J Laryngol Otol. 1999 Apr;113(4):341-5.

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