La symphonie des toxicomanes, la drogue et les musiciens
Changer de métier et devenir abstinent
Je suis sobre depuis maintenant sept ans et, avec le recul, je peux dire que j’ai toujours eu des symptômes de dépendance. Bien que mon enfance ait été heureuse, je me suis sentie accablée par la peur inexplicable et par des comportements obsessionnels compulsifs. J’ai commencé à jouer du violoncelle à l’âge de huit ans et j’ai adoré immédiatement. Mon ambition était de devenir musicienne d’orchestre comme mes parents. J’ai commencé à faire l’expérience débilitante de l’anxiété de performance à l’âge de 14 ans, qui s’est aggravée et a culminé vers mes vingt ans. Je jouais du violoncelle dans l’orchestre principal du lycée quand j’ai eu une attaque de panique si sévère que j’ai été forcée de quitter la scène, au milieu de la symphonie, pour éviter l’évanouissement ou des vomissements devant le public. L’expérience a été si effrayante et si humiliante que je me suis promis que plus jamais le trac ne prendrait à nouveau le dessus sur moi. Le médecin m’a prescrit des bêta-bloquants, et par mesure de précaution j’ai complété les pilules par de la vodka. C’était un énorme soulagement de mettre ma robe noire et de pouvoir me comporter comme mes pairs sans le tsunami menaçant d’adrénaline qui m’inondait sur scène. L’évolution naturelle de l’alcoolisme a fait que rapidement le propanolol et la vodka n’ont plus marché. Je me suis alors tournée vers le valium. J’en ai pris de plus en plus pour me sentir normale, mais les attaques de panique ont commencé à survenir tout le temps et se sont même étendues à des situations en dehors de la scène. Je suis diplômée de l’université de musique, j’ai mis définitivement mon violoncelle dans sa caisse et je suis devenue serveuse. »
