La santé du musicien instrumentiste comparée au chanteur

L’examen rhumatologique a montré que la moitié des instrumentistes et des chanteurs avait une statique vertébrale normale sans anomalie des courbures physiologiques, le reste du groupe montrant des déviations des courbures plus accentuées ainsi qu’un dos plat.
On retrouve plus de dysfonctions articulaires au niveau thoraco-lombaire chez les musiciens et des dysfonctions plus bas situées au niveau lombaire pour les chanteurs.
Les musiciens et les chanteurs ont une prédominance de dysfonction dans les articulations du côté gauche de la colonne cervicale. L’examen clinique corrobore les signes subjectifs exprimés par les artistes au niveau du haut et du bas du dos. Les dysfonctions au niveau cervical pourraient expliquer la fréquence des céphalées chez ces artistes. Par contre, on ne retrouve pas plus de signes cliniques de tendinites des membres supérieurs chez les instrumentistes par rapport aux chanteurs, ni de tendinites des membres inférieurs chez les chanteurs par rapport aux instrumentistes. Cliniquement on retrouve plus de dysfonctions articulaires en fonction de l’âge des artistes.

Points remarquables de l'étude

Cette étude permet de relever quelques points intéressants en dehors de faits connus comme la prépondérance des troubles des membres supérieurs chez les musiciens et plus volontiers les instrumentistes à cordes, troubles qui sont plus nombreux que dans d’autres populations dont celle les chanteurs.
D’une part, les symptômes subjectifs comme les douleurs des membres supérieurs formulées chez les musiciens instrumentistes ne sont pas à mettre en rapport avec la présence de tendinopathies. Les musiciens instrumentistes n’ont pas plus de tendinites à l’examen clinique que les chanteurs.

Les hypothèses retenues pour expliquer une plainte importante de douleurs au niveau des membres supérieurs pourraient être un seuil de douleur inférieur au chanteur, mais plus vraisemblablement la présence de syndromes de surmenage non spécifiques que l’examen clinique des sites d’insertion tendineuse ne met pas en évidence. La douleur retrouvée dans les syndromes de surmenage non spécifiques se retrouve plutôt au niveau du corps musculaire lui-même et non au niveau des insertions tendineuses.
D’autre part, les chanteurs ont comparativement aux musiciens plus de plaintes au niveau des articulations des membres inférieurs : hanche, genou, pied. On peut faire l’hypothèse que la station debout statique relativement longue pourrait en être responsable.

Enfin, les perturbations retrouvées au niveau du rachis et les différences concernant les musiciens des chanteurs (plaintes thoraco-lombaires pour les premiers et plus bas situées au niveau lombaire pour les chanteurs) pourraient être liées aux postures de travail, assise pour les musiciens, plus volontiers debout pour les chanteurs.

Il est à noter que les symptômes ORL sont retrouvés de manière plus fréquente chez les chanteurs en dehors de l’enrouement qui est moins fréquent. Cela pourrait être mis en relation avec le travail d’échauffement vocal et de préparation vocale du chanteur.

L’étude différentielle n’a certainement pas été assez poussée parmi les populations étudiées, mais ces résultats permettent de mettre l’accent sur certains points particuliers de troubles spécifiques à la tâche. Si la prévention globale non spécifique des artistes est certainement utile, il est important de mettre en place également une prévention spécifique liée aux gestes, aux modes opératoires, aux conditions environnementales qui sont différentes.

Rédacteur : Docteur Arcier, président fondateur de Médecine des arts®
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