Evaluation des risques pour les entreprises culturelles et artistiques, 10 recommandations

Planifier la prévention

6. « Remplacer ce qui est dangereux par ce qui ne l’est pas ou ce qui l’est moins »
Cela paraît une donnée de bon sens et pourrait être appliqué immédiatement par exemple dans les arts plastiques par le choix des produits utilisés en faveur de produits non toxiques. Un label pourrait être créé dans les arts plastiques pour les produits utilisés par les femmes enceintes et les enfants.
Se prémunir du danger paraît pour beaucoup « d’apprentis dans des domaines artistiques » comme une contrainte indépassable, peut-être plus encore dans des pratiques plus singulières comme le cirque, les arts de la rue et autres. Mais l’apprentissage doit modifier cette manière de voir, la plus grande des contraintes c’est de ne pas disposer des degrés de liberté que donne une pratique sûre, un état physique et mental adapté à l’activité. Le professionnalisme aide à mieux comprendre les enjeux, les risques et la manière de les gérer.
 

7. « Planifier la prévention »
En y intégrant, dans un ensemble cohérent, la technique, l’organisation du travail, les conditions de travail, les relations sociales et l’influence des facteurs ambiants, notamment en ce qui concerne les risques liés au harcèlement moral.
La réussite d’un projet préventif s’organise en prenant en compte les données sociologiques, les facteurs connexes et culturels. La planification de l’action sera bien différente auprès d’une population d’enseignants de musique, que de circassiens ou d’intermittent de la danse, ou encore de salariés stables d’une troupe.
Ne pas sous-estimer les résistances au changement, les usages et les habitudes, car nombre d’usages, de manières de faire parasites ou toxiques sont fortement ancrés dans la culture propre à chaque pratique, à chaque milieu social et artistique. Dans ce domaine, la méthode utilisée, la manière de mise en œuvre est de première importance.
La planification, c’est l’intégration dans un ensemble cohérent de la technique, l’organisation de l’activité au sein du système ou l’on se trouve, des conditions réelles de la pratique et de son environnement, des relations sociales. Une démarche éclairée demande des compétences qui n’existent pas toujours dans le domaine artistique. Médecine des arts contribue à la mise en place de cette planification dans les milieux artistiques.
 

8. « Prendre des mesures de protection collective et leur donner la priorité sur les mesures de protection individuelle »
Les moyens pouvant être mis en place sont nombreux : la prévention la plus efficace est celle qui se fait dès la conception du matériel ou de lieux de travail. La mise en place d’ateliers, de salles de répétition dans chaque département avec des moyens préventifs intégrés devrait être une obligation. De nombreuses friches industrielles pourraient être dédiées à cela, ce qui de plus permettrait de réirriguer ces espaces et d’en faire des lieux de vie.
Obtenir la légitimité d’imposer des protections individuelles pour les artistes lorsque la protection collective est insuffisante se construit sur la base de la détermination de l’employeur à placer sa priorité en direction de la protection collective.
Les mesures individuelles doivent toujours être pensées comme des mesures complémentaires aux mesures collectives.

9. « Donner des instructions appropriées aux salariés »
Prévenir le risque, c’est d’abord faire un travail pour l’identifier, l’évaluer, et informer ensuite les artistes sur les mesures à prendre pour supprimer ou limiter ce risque. L’information devra être adaptée à ces publics d’artistes. Les artistes comme tous les sujets doivent travailler dans des conditions de pratique qui préservent leur sécurité et leur santé. Des formations peuvent être nécessaires. Médecine des arts est à l’origine des premières formations sur le plan international sur la prévention des risques chez les artistes.
Délivrer une information, c’est aussi avoir défini une stratégie pour que celle-ci parvienne de la meilleure manière aux personnes exposées au risque en question, en vérifiant que l’information a été bien comprise et qu’elle pourra être intégrée sans difficulté. Trop souvent dans une société de surinformation, l’information n’arrive pas au bon moment, au bon endroit, et avec les bons signaux. Les institutions artistiques n’ont pas suffisamment une culture sécuritaire ; elles manquent de savoir-faire et de souplesse, mais les choses changent aujourd’hui si l’on en juge par les nombreuses demandes qui sont faites à Médecine des arts sur ces thèmes préventifs. De nombreux acteurs dans ce milieu ne croient pas à la nécessité d’actions préventives dans le champ artistique. Ils ont tort, notre expérience dans ce domaine montre la pertinence de cette démarche, et bien souvent les artistes eux-mêmes nous disent le profit qu’ils en ont retiré et le bénéfice que cela a pu avoir dans leur pratique artistique.

10. « Adapter la démarche aux artistes et aux pratiques artistiques sans rien renier à la prévention » (Ce dernier article n’est pas inscrit dans les textes législatif, mais il nous paraît tout aussi important et judicieux)
Il y a deux écueils qu’il ne faut pas méconnaître :
le premier est de ne rien faire parce que l’on pense que le champ artistique ne peut pas se réduire à une contrainte même sécuritaire. « Faire de la musique, pour être libre ; en fait c’est le contraire il faut être libre pour faire de la musique et créer. » La liberté, c’est disposer de soi et de son potentiel à chaque instant pour satisfaire à des performances uniques, singulières et souvent de très haut niveau, la santé est importante pour satisfaire à cela. Quelle que soit la pratique, il est nécessaire que les artistes s’impliquent dans la démarche préventive et que les organisations patronales et syndicales fassent preuve de détermination pour s’engager dans une politique de préservation de la santé des artistes.
Le deuxième écueil, c’est de vouloir simplement imposer des règles sans prendre en compte les contraintes liées à la création, à l’art. Les artistes doivent se réapproprier les moyens préventif ; pour cela, il faut que cette démarche les intègre au tout début de la démarche. Le milieu de l’intermittence comme celui des arts plastiques semblent peu se prêter à un travail collectif sur la sécurité et la santé. Le statut et l’organisation des métiers sont des facteurs discriminants dans ce domaine. De fait, les structures qui organisent ces professions devraient s’investir de manière innovante pour améliorer cette situation.

Médecine des arts est à l’origine en France de nombreuses démarches dans ce domaine et se place toujours au plus près de l’intérêt des artistes, de leur santé et de leur bien-être.

Rédacteur Docteur Arcier André, président fondateur de Médecine des arts®
Médecine des arts est une marque déposée. Copyright médecine des arts©

Notes

Dans le même article le législateur indique que :
Sans préjudice des autres dispositions du présent code, le chef d’établissement doit, compte tenu de la nature des activités de l’établissement :
a. Évaluer les risques pour la sécurité et la santé des travailleurs, y compris dans le choix des procédés de fabrication, des équipements de travail, des substances ou préparations chimiques, dans l’aménagement ou le réaménagement des lieux de travail ou des installations et dans la définition des postes de travail ; à la suite de cette évaluation et en tant que de besoin, les actions de prévention ainsi que les méthodes de travail et de production mises en oeuvre par l’employeur doivent garantir un meilleur niveau de protection de la sécurité et de la santé des travailleurs et être intégrées dans l’ensemble des activités de l’établissement et à tous les niveaux de l’encadrement ; …
b. Lorsqu’il confie des tâches à un travailleur, prendre en considération les capacités de l’intéressé à mettre en oeuvre les précautions nécessaires pour la sécurité et la santé.
c. Consulter les travailleurs ou leurs représentants sur le projet d’introduction de nouvelles technologies mentionnées à l’article L. 432-2, en ce qui concerne leurs conséquences sur la sécurité et la santé.

Logo de l'article : extrait du film de F. Wiseman "La Danse".


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