Effet mozart n’existe pas
L'effet Mozart est un mythe
L’effet Mozart n’existe pas
Contrairement à cette idée si répandue depuis cette expérience, l’effet Mozart n’existe pas, non pas que cela rende stupide, mais tout simplement cela ne rend pas plus intelligent que patienter en silence, ou écouter une autre musique. C’est du moins sur des bases argumentées que des chercheurs de la faculté de psychologie de Vienne contredisent cette légende. C’est dans le cadre d’une méta-analyse consistant en la compilation de l’ensemble des études réalisées sur ce thème que l’équipe de Jakob Pietschnig a pu porter cette conclusion : en analysant les résultats des études cherchant à reproduire l’"effet Mozart" depuis 1993, on ne trouve pas de preuve significative de l’existence de ce phénomène. "Ceux qui ont écouté de la musique, Mozart ou autre chose - Bach, Pearl Jam - ont de meilleurs résultats que ceux du groupe silencieux. Mais on sait déjà qu’une personne est plus performante s’il y a un stimulus", a expliqué Jakob Pietschnig, qui a dirigé l’étude.
De nombreuses équipes ont essayé de reproduire les conditions de recherches de cette première expérience de Rauscher
Quarante études dans divers pays ont ainsi été analysées, quelques 3000 cas compilés, l’équipe de l’Université de Vienne n’a pu dégager aucune preuve de l’existence de l’effet Mozart.
Pour Pietschnig et son équipe, la présentation des travaux de Rauscher est un cas typique de publication biaisée. En effet, une étude avec un résultat positif a plus de chances d’être sélectionnée par les revues scientifiques qu’un étude négative. De plus, le faible effectif des personnes expérimentées rend peu fiable les travaux sur l’effet Mozart.
Un travail scientifique très documenté sur ce même thème paru récemment avait également rejeté clairement ce « fameux effet Mozart ». Dans la conclusion de ces travaux, Bolduc précise que :
« L’effet Mozart » : Un mythe ou une réalité ?
La recension des principales recherches sur le sujet nous amène à conclure que le phénomène de « l’effet Mozart » n’est pas fondé. Les procédures méthodologiques et expérimentales utilisées par Rauscher et al. (1993, 1995) sont discutables. Seuls les spécialistes qui ont repris le même schème expérimental ont obtenu des résultats semblables à ceux de l’étude originale. Comme le fait remarquer Howell (1997), une étude est considérée valable seulement lorsqu’elle peut être reproduite auprès d’un échantillon partageant des caractéristiques semblables, à l’aide de mesures évaluatives comparables et dans un contexte expérimental équivalent. Or, plusieurs chercheurs ont porté une attention particulière aux critères spécifiques de Rauscher et Shaw (1998) sans pour autant obtenir des résultats concluants. Il semble donc possible d’établir une corrélation entre l’écoute de la musique de W. A. Mozart et les tâches spatio-temporelles lorsque celles-ci sont extraites ou adaptées du Stanford-Binet Intelligence Scale (Thorndike et al., 1986). Si tel est le cas, nous pouvons difficilement considérer que « l’effet Mozart » est valide sur le plan scientifique. Cependant, il a été démontré que la musique peut, à l’occasion, stimuler certaines habiletés cognitives. Elle aurait donc un effet potentiel sur le développement intellectuel de l’individu. Néanmoins, le fait d’associer cela exclusivement à la musique de W. A. Mozart serait une grave erreur. Il est préférable, selon nous, de tenir compte des bienfaits de la musique de façon générale plutôt que se référer à un seul et unique compositeur. » [1]
Dans son ouvrage sur les 50 grands mythes de la psychologie populaire, le psychologue américain Scott E. Lilienfield place ‘l’effet Mozart » en 6° position de la liste des légendes populaires.
Si les revues scientifiques de référence comme Nature, malgré des comités scientifiques de renom, sont victimes de biais typiques, les journalistes et la population cumulent de nombreux biais dans lesquels ils tombent avec une grande facilité. Le biais du désir de trouver un scoop singulier pour les journalistes peu enclins à vérifier leurs sources et faire une expertise des travaux. Le biais bien banal d’accepter plus facilement une hypothèse positive et "qui fait plaisir" qu’une hypothèse contraire.
De manière tout à fait humoristique, Jakob Pietschnig concluait dans la restitution de ses travaux sur une pensée bien moins contestable et qu’il n’est pas besoin de démontrer : « Je recommande à tout le monde d’écouter Mozart, mais ça ne va pas augmenter les capacités cognitives comme certains l’espèrent ».
Rédacteur : Docteur Arcier, fondateur de Médecine des Arts
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