Quand la musique est bonne pour la santé, Mozart, Strauss plutôt qu'ABBA

Les effets bénéfiques de la musique

Musique et effets sur la santé

L'effet bénéfique de la musique sur la santé est connu depuis longtemps. "Dans l'antiquité, la musique a été utilisée pour améliorer la performance des athlètes lors des jeux Olympiques." Plus récemment de nombreuses études ont investigué l'influence positive de la musique sur certains symptômes, certaines situations médicales ou chirurgicales.

La question de savoir si et comment la musique affecte les êtres humains a longtemps été un sujet d'intérêt pour les études universitaires. Une équipe de chercheurs s'est à nouveau penchée sur l'effet salutogène voire thérapeutique de la musique sur la santé en quantifiant les effets de la musique sur des paramètres de santé comme la tension artérielle, la fréquence cardiaque, le taux de cortisol (hormone du stress) et le taux des lipides sanguins.

A partir d'un échantillon de 120 personnes, les chercheurs ont exposé durant 25 minutes 60 personnes à la musique, alors que les 60 autres personnes constituant le groupe témoin n'étaient pas exposées.
Le groupe exposé était réparti en trois sous-groupes, le premier écoutait les airs de Mozart, le second les symphonies de Strauss et le troisième écoutait les tubes du groupe suédois ABBA. Avant, pendant et après chaque séance, les chercheurs mesuraient différents paramètres cardiovasculaires et biochimiques chez les participants.

musique et thérapie

Les résultats obtenus montrent que la musique de Mozart et de Strauss sont inducteurs d'une chute de la tension artérielle systolique et diastolique, mais que la musique d'ABBA n'a pas cet effet. Il est évident pour l'équipe de chercheurs que les effets de la musique observés sont relatifs au genre musical et ne sont pas liés en soi aux compositeurs.

En 2009, Bernardi et al. avaient montré des effets mesurables de la musique classique sur le système cardiovasculaire mais sur un très petit échantillon d'auditeurs. Les effets les plus bénéfiques avaient été observés pour la musique de J.S. Bach, mais pas pour la musique de Beethoven. Les chercheurs attribuaient cet absence d'effet aux volumes sonores, aux changements de tempi et à la dynamique de la musique de Beethoven.

La musique de Mozart et les paramètres cardiovasculaires

Les études sur la musique de Mozart et la santé sont dans la littérature médicale les plus nombreuses. Elle a été recommandée pour ses effets bénéfiques lors de périodes de grossesse, ainsi que pour faciliter la relaxation. « Hughes et al. ont entrepris une analyse informatique des caractéristiques de composition et ont constaté que la musique de Mozart a un degré de périodicité supérieure à la moyenne. » La symphonie en sol mineur de Mozart est particulièrement bénéfique pour le système cardiovasculaire en raison de l'arrangement spécial de ses éléments de composition.

La musique de Strauss et les paramètres cardiovasculaires

La musique de Strauss a induit des baisses notables de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque et des baisses relativement fortes du cortisol. Les effets peuvent également être liés à la typologie de la composition. Les danses de Strauss sont basées sur des structures simples, des mélodies captivantes, accrocheuses, « gracieuses » et ont été composées sans dissonances pour plaire.

La musique d'ABBA et les paramètres cardiovasculaires

Les effets sont très faibles sur la pression artérielle et la fréquence cardiaque. Cela peut être le fait des émotions véhiculées par la musique mais aussi de la forme parlée qui peut avoir un rôle négatif.

Les auditeurs volontaires exposés à la musique de Mozart (la symphonie n°40 KV550), et de Johann Strauss Jr (danses) ont eu une baisse significative de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque, ainsi que de la concentration du cholestérol et des triglycérides dans le sang alors qu'il n'y a eu aucun effet notable chez les auditeurs de la musique du groupe ABBA. Tous les types de musique ont été associés à une chute du taux sanguin de cortisol (hormone du stress), mais la chute du cortisol était plus prononcée chez les hommes, en particulier après l'écoute des musiques de Mozart et de Strauss.

Le groupe témoin mis en situation de calme sans musique a également présenté une baisse des paramètres cardiovasculaires mais à un niveau nettement moindre et une baisse modérée du cortisol a été aussi constatée vraisemblablement lié à la posture de repos dans le calme.

Si la musique de Mozart et de Strauss abaisse de manière importante la pression artérielle et la fréquence cardiaque, cet effet ne se retrouve pas dans la musique du groupe ABBA.  Les résultats ne dépendaient pas des goûts musicaux des participants. L'effet maximal a été trouvé pour la Symphonie n°40 en sol mineur (KV 550)
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rédacteur. Docteur Arcier, président fondateur de Médecine des arts®
Médecine des arts est une marque déposée. Copyright médecine des arts©

Source

Trappe, H; Voit G. The Cardiovascular Effect of Musical Genres: A randomized controlled study on the effect of compositions by W. A. Mozart, J. Strauss, and ABBA. Dtsch Arztebl Int 2016; 113(20): 347-52

Bibliographie

- Bernardi L, Porta C, Casucci G, et al.: Dynamic interactions  between musical, cardiovascular, and cerebral rhythms in humans. Circulation 2009; 119: 3171–80
- Trappe HJ: The effects of music on the cardiovascular system and cardiovascular health. Heart 2010; 96: 1868–71
- Trappe HJ: Johann Sebastian Bach: Leben, Werke und seine Bedeutung für die Kardiologie. DMW 2014; 139: 1–7
- Hodges DA: Psychophysiological responses to music. In: Juslin PN, Sloboda JA (eds). Handbook of music and emotion: theory, research, applications. Oxford University Press, 2010: 279–311.
-  Attanasio G, Cartocci G, Covelli E, et al.: The Mozart effect in patients suffering from tinnitus. Acta Otolaryngol 2012; 132: 1172–7
- Keidar HR, Mandel D, Mimouni FB, Lubetzky R: Bach music in preterm infants: no ’Mozart effect’ on resting energy expenditure. J Perinatol 2014; 34: 153–5
- Lubetzky R, Mimouni FB, Dollberg S, Reifen R, Ashbel G, Mandel D: Effect of music by Mozart on energy expenditure in growing preterm infants. Pediatrics 2010; 125: 24–8
- Smith JC, Joyce C: Mozart versus new age music: relaxation states, stress, and ABC relaxation theory. J Music Ther 2004; 41: 215–24
- Gray PM, Krause B, Atema J, Payne R, Krumhansl C, Baptista L: Biology and music. The music of nature. Science 2001; 291: 52–4


 

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