Syndrome tibio-astragalien du danseur et de la danseuse ou syndrome exostosant tibio-astragalien

Traumatismes répétitifs en dorsi-flexion du pied du danseur

La douleur du cou-de-pied majorée par la dorsiflexion doit faire consulter le danseur et la danseuse à la recherche d’un syndrome tibio-astragalien…

Qu’est-ce que le syndrome tibio-astragalien ?

Il s’agit d’une arthropathie mécanique en relation avec les microtraumatismes répétitifs qui s’exercent au niveau tibio-astragalien. Les tractions répétées sur la capsule de la tibio-tarsienne, les traumatismes en dorsi-flexion vont favoriser cette arthropathie.

Quel est le mécanisme du syndrome tibio-astragalien du danseur et de la danseuse ?

« Deux mécanismes ont été décrits pour expliquer ce syndrome

  • « La flexion dorsale, celle-ci est est privilégiée en danse ; l’astragale sur sa face antéro-interne impacte la mortaise tibiopéronière sur sa face antéro-inférieure et la malléole interne. Une réaction exostosante se développe sur la zone de conflit. Cette flexion se retrouve lors des demi et grands pliés, lors de la propulsion ou réception des sauts.
  • L’hyperflexion plantaire maximale, utilisée lors du travail sur pointes ou de l’étirement passif de la cambrure du cou de pied, génère un étirement de l’articulation, résultant en une réaction ostéophytique sur la zone d’insertion de cette dernière. »(3)

Khan (4) décrit l’atteinte préférentielle des hommes à qui sont demandés plus de sauts, dont la réception passe par les pliés. Il décrit des facteurs prédisposantes : l’âge (la symptomatologie n’apparaît pas avant dix ans de pratique professionnelle), un pied équin avec une dorsiflexion limitée, des antécédents d’entorse de la cheville et le développement d’une laxité des ligaments latéraux qui entraîne la luxation antérieure du tibia, ou encore un pied creux, entrainent le développement d’ostéophytes.

Quels sont les signes ressentis et mis en évidence par l’examen clinique ?

La flexion dorsale maximale recherchée dans les pliés, lors de la préparation et de la réception des sauts, va révéler ou occasionner un syndrome tibio-astragalienne antérieur. La flexion dorsale est douloureuse et limitée, diminuant ainsi l’amplitude des sauts.
Le tableau clinique est celui d’une douleur du cou du pied, majorée par la dorsiflexion, les sauts (impulsions et réception) et les demi et grands pliés. La flexion dorsale peut être limitée dans son amplitude. La danseuse adopte une pronation antalgique sous-astragalienne qui lui permet d’obtenir une dorsiflexion plus importante, au risque de développer des pathologies.
Il s’agit d’une douleur de type mécanique qui va aller en s’aggravant progressivement, pouvant rendre la pratique extrêmement difficile.

Quels sont les examens pour mettre en évidence ce syndrome ?

Les clichés radiologiques standards visualisent la réaction exostosante, confirment l’affrontement des structures osseuses (contact antérieur) lors de la flexion dorsale. La radiographie en profil strict peut montrer des exostoses de la margelle antérieure du tibia, et, en flexion dorsale maximale, un contact osseux tibio-astragalien antérieur.
La radiographie en profil strict peut montrer des exostoses de la margelle antérieure du tibia, et, en flexion dorsale maximale, un contact osseux tibio-astragalien antérieur.
On retrouve aisément sur les radiographies standards de profil des ostéophytes au bord antérieur du tibia entrant en conflit avec ceux de la face supérieure du col de l’astragale.

Quel est le traitement du syndrome tibio-astragalien du danseur et de la danseuse ?

Le syndrome astragalien antérieur peut être une bonne indication d’arthroscopie de la cheville.
Le traitement arthroscopique d’abrasion mécanique du butoir est remarquablement efficace au prix d’un traumatisme opératoire minime. Dans ce domaine, comme dans beaucoup d’autres lorsqu’il s’agit des artistes et des pratiques artistiques, les études épidémiologiques sur les troubles et leur récupération postchirurgicale font défaut. Les danseurs et danseuses devront consulter des chirurgiens spécialisés en chirurgie du pied mais qui ont de plus une expérience sur les problèmes de santé des danseurs.

Quand reprendre la danse après une arthroscopie thérapeutique pour un syndrome tibio-astragalien ?

« Si la danseuse exerce à un niveau professionnel et qu’il existe une réelle limitation de la flexion dorsale, le traitement chirurgical ou arthroscopique (abrasion mécanique du butoir, exostosectomie et nettoyage du pourtour tibio-astrogalien antérieur et antéro-latéral) peut être exceptionnellement envisagé. La reprise de la danse se fait au troisième mois. »(3)

Rédacteur Docteur A.Arcier président fondateur de Médecine des arts®
Médecine des arts est une marque déposée®.Copyright médecine des arts©

Bibliographie

- 1. Courroy J. B. Journal de traumatologie du sport. 1994, vol. 11, no1, pp. 29-32
- 2. Thiescé A. Le geste dansé et ses conséquences en rhumatologie. Laboratoire Ciba-Geigy. 1996.
- 3. Tonnerieux C. Traumatologie de la danse classique, 2003
- 4. Kahn. Overuse injuries in classical ballet. Sport medicine, 1995. 19 (5) : 341-357.


 

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