Stradivarius, le secret du verni dévoilé
Le secret du stradivarius
Des instruments légendaires
Antonio Stradivarius est mort il y a plus de trois siècles en 1737 (à l’âge de 93 ans).Si de son vivant déjà les instruments d’Antonio Stradivarius étaient prisés dans les cours européennes, ces instruments sont par la suite devenus légendaires. Harpes, cistres, violes, violoncelles et violons, 1100 instruments ont été fabriqués dans l’atelier du maître-luthier. Il en resterait aujourd’hui environ 650.
Le secret du maître-luthier a fait l’objet de nombreuses recherches et supputations. Des générations de luthiers, acousticiens, chimistes ont tenté de mettre à jour le secret de ses instruments qui pourrait expliquer leur qualité sonore. Le bois, la colle, l’assemblage, tout ou presque a été analysé, mais le vernis avec lequel Stradivarius revêtait ses instruments nécessitait encore de nouvelles analyses ; Stradivarius lui-même n’en avait jamais révélé la composition.
Cinq instruments de musique conservés au musée de la Cité de la musique
Une équipe pluridisciplinaire avec des techniques sophistiquées a permis mettre à jour la composition des vernis utilisés par Stradivarius. Le Musée de la Cité de la musique à Paris a été mis a contribution dans cette vaste recherche ; 5 instruments du maître-luthier ont été soumis à ce que des médecins pourraient appeler une biopsie ; des prélèvements ont été faits sur chacun d’eux.
Les 5 instruments testés ont été choisis selon des datations de fabrication qui permettaient de recouvrir une large période de temps. Les microfragments prélevés ont d’abord été analysés au microscope à ultraviolets, révélant alors que le vernis composant ces fragments était constitué de deux fines couches avec la présence de pigment.
C’est ensuite dans un autre laboratoire que l’échantillon a été analysé en lumière infrarouge dans le Synthotron SOLEIL. Il s’agit d’un immense accélérateur de particules qui permettra de dévoiler la composition intime du vernis. Le mystère est peut être encore plus grand que ce que les amateurs présupposaient car le vernis est un simple vernis, un vernis à l’huile d’usage courant à l’époque de Stradivari. Pas de produits miracles, de composants étranges et particuliers. Pour sa base, le maître utilisait une simple huile siccative, à la façon des peintres ou des ébénistes.
Dans un nouveau laboratoire, cette analyse a pu être complétée grâce à deux techniques qui ont été associées : la chromatographie en phase gazeuse et la spectrométrie de masse. La composition des deux couches a pu être précisée : dans la première, ils n’ont trouvé que de l’huile de peintre et dans la seconde un mélange composé de la même huile et de résine de pin. Mais il restait encore à trouver l’origine des pigments et deux nouveaux laboratoires ont participé à cette nouvelle enquête (le CNRS et l’unité de recherche à Dortmund en Allemagne). Le coloris rouge obtenu par Stradivari a varié dans sa composition selon les périodes de sa vie : de l’oxyde de fer à un vermillon au sulfate de mercure pour finir avec un pigment laqué à base de cochenille.
Quand le plus grand mystère est le talent
Si le but de Stradivari était bien la recherche des effets sonores de ses instruments, c’était également l’effet visuel qui auquel il prêtait la plus grande attention, grâce aux pigments les plus courants de sa période ajoutés à ses vernis.
Cette recherche dévoile la méthode de travail du luthier. Stradivarius utilisait simplement les matières en usage courant à son époque. Ces travaux donnent également à penser que son intention était de donner à ses instruments leurs célèbres teintes rouges. Des hypothèses les plus étranges ont couru sur la composition des ingrédients utilisés par Stradivarius, désormais le secret est levé, le vernis n’est pas en cause dans l’exceptionnelle qualité sonore de ses instruments. Le véritable secret réside dans le talent du luthier, le talent d’un artisan aux techniques précises et abouties qui ont résisté au temps.
Rédacteur Docteur Arcier pour Médecine des arts®
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Notes
- [1] Cinq violons de Stradivari conservés au Musée de la musique de Paris. De gauche à droite, le "Davidoff" (1708), le "Tua" (1708), le "Longuet" (vers 1692), le "Provigny" (1716) et le "Sarasate" (1724). Cliché A. Giordan © Cité de la Musique
- [2] Coupe du vernis du violon le "Provigny" (A. Stradivari, 1716, Crémone, coll. Musée de la musique E.1730). De bas en haut : la structure cellulaire du bois, la première couche (blanche) à base d’huile, d’imprégnation du bois, la couche supérieure (jaune-orange), un mélange d’huile et de résine de pin contenant les pigments rouges. Cliché J.-P. Echard © Cité de la Musique
Bibliographie
- Libération, page culture du 5 décembre 2009
- Le Monde, page culture du 4 décembre 2009
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