Représentation du corps et anorexie chez les danseuses
Image corporelle non réaliste chez l'anorexique
L’anorexie nerveuse serait accompagnée de distorsions dans la représentation du corps et de l’espace ce qui est en faveur d’un dysfonctionnement du lobe pariétal. [1] Il existe chez le sujet anorexique « une atteinte globale des systèmes de représentation corporelle, qu’il s’agisse du corps agi ou du corps pensé » [2].
une représentation modifiée de son image corporelle
Lors d’une expérience de franchissement de portes virtuelles, les sujets anorexiques sous-estimaient leur capacité à franchir les ouvertures étroites (surestimation des dimensions de leurs épaules). Ce biais était corrélé à la gravité de l’anorexie. Ceci est en accord avec le sentiment que peuvent ressentir les sujets anorexiques qui se sentent « plus grosse » qu’elles ne le sont réellement.
L’expérience a été menée chez 25 personnes anorexiques comparé à 25 personnes non anorexiques. On leur demandait d’estimer si les portes virtuelles étaient suffisamment larges pour qu’elles puissent être franchies par elles-mêmes ou pour une autre personne. Les chercheurs ont mis en évidence que les sujets anorexiques ont des difficultés pour juger leur propre « dimension », mais non celles des autres. Plus la perte de poids avait été importante les six derniers mois, plus les portes choisies devaient être larges. Les sujets anorexiques conservaient pour les autres sujets un jugement correct pour le choix des portes. Ce qui suggère une atteinte spécifique du schéma corporel et non une perturbation globale des jugements perceptifs. [2]
L’anorexie chez les danseuses est un sujet discuté, qui fait l’objet d’articles scientifiques réguliers. Une étude récente centrée sur l’image du corps de jeunes anorexiques issues de la population générale met en évidence également des caractéristiques psychologiques telles que « perfectionnisme, obsession de l’ordre, inflexibilité, une tendance à se focaliser sur des émotions négatives. Elles sont très anxieuses et intolérantes au danger, à la douleur et à l’incertitude même après la rémission de la maladie ». [1]
Des marqueurs chimiques chez les sujets anorexiques et ex-anorexiques
Pour Angela Sirigu, « si le désir d’adhérer à un idéal contemporain de minceur y contribue sans doute, un certain terrain psychique et neuronal semble nécessaire à l’apparition du comportement pathologique ». « L’imagerie fonctionnelle du cerveau anorexique montre que les régions préfrontales impliquées dans le contrôle inhibiteur du comportement sont suractivées, alors que d’autres régions (système limbique, striatum) impliquées dans la motivation y compris alimentaire sont sous-activées. » [1]
Il semblerait que chez l’anorexique « il y ait plus de sérotonine et moins de dopamine que la norme ». Ceci serait retrouvé également chez les ex-anorexiques ce qui tendrait à indiquer que « ces empreintes chimiques sont un révélateurs de traits stables et de facteurs de vulnérabilité plus que d’une pathologie spécifique ».
« Cette surestimation du schéma corporel dans l’anorexie mentale pourrait être liée à l’existence d’un trouble de l’intégration multisensorielle, l’élaboration d’un schéma corporel harmonieux résultant de l’intégration des afférences visuelles, tactiles, proprioceptives et vestibulaires. »
« Les performances des patientes sont liées à la fois à leur perte de poids au cours des mois précédents et à leur poids avant la décompensation. Ce résultat pourrait appuyer l’hypothèse d’un défaut d’actualisation du schéma corporel, les modifications morphologiques engendrées par une perte de poids rapide et massive n’étant pas prises en compte par le système nerveux central. » [2]
Conflit entre le corps réel et le schéma corporel antérieur
L’anorexie mentale touche essentiellement les jeunes femmes entre 15 et 19 ans. Dans cette période le sujet subit de profondes transformations physiques et psychologiques, ayant un impact sur le schéma corporel. Guardia et al. suggèrent que ces transformations psycho-corporelles pourraient comme peut le faire le membre fantôme d’un sujet amputé, donner des représentations « fantôme » et erronées du corps. Un conflit pourrait émerger entre le corps réel et la représentation du schéma corporel antérieur, le cerveau n’ayant toujours pas pris en compte les nouvelles données du corps en transformation. « Ainsi les patientes se trouveraient enfermées dans un corps « plus gros ».
Ces travaux appliqués dans le champ des professions et des pratiques physiques les plus exposées permettraient d’élargir le champ de compréhension de ce trouble et de valider plus largement ces hypothèses. Médecine des arts souhaite s’impliquer dans le champ de la recherche en créant un Institut Médecine des arts® dédié à la recherche pour initier et soutenir les recherches sur la santé et le bien-être des artistes.
Rédacteur : Docteur ARCIER, président fondateur de Médecine des arts
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Bibliographie
[1] Angela Sirigu (CNRS), Le Monde science, 21/02/2013.
[2] Guardia, D., Metral, M., Pigeyre, M., Cottencin, O. & Luyat, M. Body distorsions after important weight loss, lack of updating of the body schema hypothesis, Eating and Weight Disorders
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