Prothèse auditive (audition) chez un musicien professionnel

Musicien professionnel, je joue du trombone. J’ai participé tout au long de ma pratique ces dernières années à de nombreuses séances d’enregistrement en studio tout en subissant de nombreux "larsen". J’ai une déficience auditive prononcée. Peut-on avoir en même temps une prothèse auditive (interne si possible) et une protection de mon audition résiduelle. En résumé, le fait d’avoir une prothèse auditive ne va-t-il pas accélérer le déficit auditif.
D. O

Réponse

La pratique des cuivres, surtout en studio et durant le travail personnel, qui ne se font pas toujours dans de bonnes conditions acoustiques, est responsable de traumatismes auditifs chroniques. C’est une réalité et il faudrait prévenir les élèves de ce danger. Cela dit, il n’est pas toujours facile de se protéger, car les protecteurs auditifs de type bouchons d’oreilles entraînent une otophonie, c’est-à-dire une résonance interne des sons émis par la bouche. On entend ses mouvements de langue, de lèvres, etc. Il est possible, en-dehors des concerts, de se protéger au moyen de casques anti-bruit, en sachant qu’ils vont éliminer les fréquences aiguës, les plus nocives, en restant relativement perméables aux sons graves. Le son perçu va donc être déformé, mais ne sera plus dangereux. C’est un compromis.
Lorsque l’atteinte auditive est due à un traumatisme sonore, ce sont justement les fréquences aiguës qui sont moins bien perçues mais, malheureusement, la fragilité de l’oreille à ces sons ne s’atténue pas, bien au contraire.
A l’aide d’un appareil de correction auditive, il faut donc amplifier les sons faibles qui ne sont plus perçus, et atténuer ceux qui sont trop fort, dangereux. Les aides auditives actuelles ont toutes cette capacité de compression des sons, et elles peuvent constituer d’excellents moyens de prévention tertiaire. Leurs performances sonores (qualité du son) sont toutefois nettement moins bonnes avec les appareils intra-conduit (les composants sont trop miniaturisés) qui présentent en outre l’inconvénient d’être totalement obstructifs (otophonie) et sont limités dans leurs possibilités de programmation.
La qualité et la patience de l’audioprothésiste qui vous conseillera, réalisera la prise d’empreinte, adaptera un appareil à l’essai, puis affinera la programmation sont aussi importantes que l’appareil en lui-même.
En conclusion. Quand l’atteinte auditive est suffisamment gênante, l’appareillage auditif (petit contour très discret) est à envisager sans crainte. Un bon réglage permettra à la fois d’améliorer la compréhension, notamment dans le bruit, et de se protéger dans la plupart des cas. Il ne faut pas tarder à le faire pour permettre au cerveau de conserver ses capacités d’analyse fine des sons complexes, indispensable à tout musicien. Mais il n’est pas possible de porter un protecteur plus une aide auditive (on ne parle pas de prothèse oculaire pour des lunettes, ne parlons pas de prothèse auditive pour une aide auditive, hearing aid en anglais).

Dr C Meyer-Bisch
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L’audition du musicien. Revue Médecine des arts n°64-65, numéro spécial

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