On peut bien rire de la psychanalyse
Freud et le musique
Freud et le don en musique
Freud était pourtant particulièrement sensible aux mélodies, et il chantonnait parfois les airs d’opéra de Mozart, Verdi. Il fera régulièrement des références dans son œuvre aux sons, à la musique
Freud entretenait avec la musique, mais surtout les musiciens des rapports particuliers. Freud se déclarait lui-même « absolument pas musicien ». Sa mère est qualifiée par Jones de « très musicienne » » [1] Freud était pourtant particulièrement sensible aux mélodies, et il chantonnait parfois les airs d’opéra de Mozart, Verdi. Il fera régulièrement des références dans son œuvre aux sons, à la musique, utilisera souvent des métaphores musicales (la mélodie des pulsions, etc.), mais ses relations avec les musiciens et plus largement les artistes sont plus complexes.
Freud, hypersensibilité au bruit ou névrose d’angoisse ?
Jones évoque un des premiers conflits de Freud avec la musique. Les parents de Freud s’étaient beaucoup investis pour que leur fils puisse réussir ses études. « Freud, tout en ayant un bureau à lui, considérait insupportables et donc préjudiciables à ses études (argument essentiel on le sait pour ses parents), les gammes de la petite sœur. » Ceci amena la mère de Freud à renoncer à faire apprendre le piano à l’une de ses sœurs – trop de bruit. Lecourt ajoute : "Plus qu’une hypersensibilité au bruit –qu’il considérera, comme un symptôme de la névrose d’angoisse – on peut percevoir une humeur irascible et tyrannique, que nous interpréterons comme la réaction à la perception de ce qui, pour lui, pouvait constituer une rivalité insupportable. Si une de ses sœurs devenait musicienne, ne risquait-il pas de ses trouver détrôné dans le cœur de sa mère ? N’a-t-il pas souvent répété la force de pénétration et le caractère tout à fait privilégié de la communication artistique, regrettant amèrement d’y être le plus souvent extérieur ? [2]
Cet envie et cette frustration de Freud vis-à-vis des artistes revient souvent dans son œuvre. « Freud exprime comme un sentiment d’impuissance devant ce pouvoir de l’artiste comparé au scientifique qu’il est. » « Je pense, dit Freud, qu’une hostilité générale règne entre les artistes et les chercheurs plongés dans les détails d’un travail scientifique. Nous le savons, l’art donne aux premiers une clef leur permettant de pénétrer aisément dans les cœurs féminins, tandis que nous autres demeurons embarrassés devant cette étrange serrure, et sommes obligés de nous torturer l’esprit pour découvrir la clef qui convient » [3]
Cette réflexion de Freud à propos de ce que lui inspirait le don musical du jeune prodige Kreisler en dit long sur ce qu’il pensait du don en musique et de ses contraintes et effets.
Ces réflexions concrètes sur les enfants doués en musique sont rapportées par Jones, son biographe. « Un autre épisode, écrit Jones, du séjour de Freud à Paris, mérite d’être rapporté. A Vienne, les siens lui avaient demandé d’aller voir la femme de leur médecin de famille qui se trouvait à Paris et habitait rue Bleue, ce qu’il fit. « Cette pauvre femme a un fils de dix ans qui, après deux ans d’études au conservatoire de Vienne, y a reçu le premier prix et y révéla des dons extraordinaires. Maintenant, au lieu de mettre discrètement un frein à l’enfant prodige, le malheureux père surmené et qui a une maison pleine de gosses, a expédié le petit et sa mère à Paris pour qu’il entre au Conservatoire et y ait un prix. Imagine un peu les frais, la séparation, la dislocation du ménage » Le petit garçon qui ne suivit pas ses conseils s’appelait Frizt Kreisler ! Quelques années plus tard, il donnait un concert au Steinway Hall, à New York (177&, 208). On sent bien ici la force de l’envie face à ce que Freud considère comme un privilège dont il se sent dépourvu. » [4]
Echanges épistolaires Stefan Zweig et Freud
Stefan Zweig a entretenu des relations étroites avec Freud ; leurs échanges amicaux épistolaires s’étalent sur plus de 20 ans jusqu’au décès de Freud. On peut bien rire de la psychanalyse lorsque Zweig écrit à Freud :
« Le tirage hors commerce ci-joint, que je ne transmets qu’à un cercle des plus restreints : les neuf lettres de Mozart à l’âge de 21 ans, desquelles je publie ici une in extenso, éclairent d’une lumière très particulière sur le plan psychologique sa vie érotique, qui montre un infantilisme et plus de passion pour la coprolalie que chez n’importe quel autre grand homme. En fait, il y aurait là une étude intéressante pour l’un de vos élèves, car toutes les lettres sans exception tournent autour du même sujet ». [5]
Ces courriers bien plus tard seront interprétés à l’aune des connaissances de leur époque par les médecins comme une démonstration que Mozart était affecté d’un syndrome de Tourette, ce qui probablement était faux.
Mais le fait de rire de tout cela est autre, Freud répond ainsi à Zweig : « Merci pour le tirage hors commerce ! Le fait que Mozart appréciait et cultivait le « son » des cloches salopes m’était, je ne sais plus d’où connu. Il n’y a rien à opposer à l’explication que vous donnez. J’ai remarqué, en analysant plusieurs musiciens, un intérêt particulier, et qui remonte jusqu’à leur enfance, pour les bruits que l’on produit avec les intestins. S’agit-il seulement d’un des aspects de leur intérêt général pour le monde sonore, ou bien faut-il penser qu’il entre dans le don pour la musique (qui nous est inconnu) une forte composante anale ? Je laisse la question en suspens. » [6]
Rédacteur Docteur Arcier André, président fondateur de Médecine des arts®
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Bibliographie
[1] E. Jones. Lavie et l’œuvre de Sigmund Freud, Paris, PUF, 1969 (1975), 3 volumes : 177a (volI).
[2] Edith Lecourt. Freud et le sonore. L’Harmattan. 1992
[3] E. Jones. La vie et l’œuvre de Sigmund Freud, Paris, PUF, 1969 (1975), 3 volumes : 177a (volI).
[4] Edith Lecourt. Freud et le sonore. L’Harmattan. 1992
[5] Stefan Zweig Sigmund Freud. Correspondance. Rivages poche. 2013. Payot.
[6] Stefan Zweig Sigmund Freud. Correspondance. Rivages poche. 2013. Payot.
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