La motivation pour jouer, dans nos neurones ?
Neurobiologie de la motivation
L’incapacité à éprouver du plaisir pour une pratique artistique
La notion de plaisir est une composante importante en pédagogie des pratiques artistiques. Le plaisir est un facteur de motivation et si nous avons pas les mêmes capacités biologiques à nous motiver, le travail pédadogique, le rôle parental devrai oeuvrer pour développer ses capacités motivationnelles.
Il existe une importante bibliographie sur les bénéfices sur la santé d’une activité physique ainsi que des pratiques musicales, dansées, chantées. La motivation à pratiquer une activité présente donc une importance bien évidemment sur les apprentissages mais aussi sur la santé publique. Pour Francis Chaouloff qui a étudié les causes de l’inactivité physique : « L’incapacité à ressentir du plaisir lors de l’activité physique est souvent citée comme une cause de non adhésion partielle ou totale à un programme d’exercice physique et indique que la biologie du système nerveux est bel est bien en jeu » [1].
Cette notion de plaisir est centrale également dans la motivation à pratiquer un art ; c’est pourquoi comprendre les mécanismes neurobiologiques qui sous-tendent l’inactivité et le manque de désir à poursuivre une pratique quelle quelle soit, est susceptible d’aider les pédagogues.
Neurobiologie de la motivation
Les travaux réalisés par F. Chaouloff par expérimentation chez l’animal ont mis en évidence l’implication du système cannabinoïde endogène et particulièrement un de ses récepteurs dans ce processus. Il a été montré il y a quelques années déjà que l’exercice physique active le système endocannabinoïde chez le sportif entraîné, mais le rôle exact de ce système lors de l’exercice est resté longtemps inconnu.
Des souris mutantes ne possédant pas ces récepteurs cannabinoïdes (du type CB1) courent moins longtemps et sur de plus courtes distances que leurs congénères lorsqu’on les soumet à une roue d’exercice. Cette équipe de chercheurs a pu localiser précisément les récepteurs cannabinoïdes (CB1). Ils les ont situés dans l’aire tegmentaire ventrale, une région impliquée dans les processus motivationnels liés à la récompense (naturelle comme la prise alimentaire ou artificielle comme les substances psycho-actives). F. Chaouloff a pu mette en évidence que la « stimulation du récepteur CB1 est un prérequis pour que l’exercice se prolonge, et ce, en procurant à l’organisme la motivation nécessaire » [1].
« La découverte que les récepteurs CB1 jouent un rôle régulateur dans les circuits de la motivation à consommer différentes récompenses n’est pas nouvelle ». Mais cette équipe a pu montrer que l’exercice physique fait partie du système de récompense naturel qui active ce processus. Ces travaux mettent en évidence « le rôle important joué par ce récepteur dans les performances d’exercice physique et ce par l’impact qu’a ce système sur les processus motivationnels » [1]. Cette recherche permet d’entrevoir de nouvelles pistes de travaux sur les médiateurs du plaisir associés à une activité.
La motivation à pratiquer un exercice physique comme celle de la musique, de la danse ou de chant répond à de nombreux facteurs notamment sociaux et sociologiques. Mais des processus neurobiologiques régissent également « l’adhérence » à un projet artistique d’une manière similaire à un projet sportif. L’incapacité à ressentir du plaisir lors de ces pratiques joue vraisemblablement un rôle important dans cette adhésion à poursuivre une pratique. Chaouloff et son équipe ont montré le rôle des récepteurs cannabinoïdes et de leur stimulation permettant la « motivation » et la sensation de plaisir, et l’impact que cela a sur les performances physiques, apportant là une consistance supplémentaire de l’importance de la biologie dans l’espace motivationnel sur les différences individuelles qui pourraient exister dans ce domaine.
Se motiver malgré un déterminisme biologique défavorable
Vraisemblablement, nous n’avons pas tous sur le plan neurobiologique les mêmes capacités, les mêmes aptitudes à nous motiver, mais l’espace que les chercheurs doivent franchir désormais, c’est au-delà de la démonstration d’un truisme, de nous aider à comprendre comment développer ces capacités de manière naturelle et pédagogique, comment rendre ces récepteurs plus actifs lorsqu’ils sont déficients sans recourir à des artifices, comment compenser les déficits, comment reconquérir le plaisir de jouer, de danser, de chanter lorsque celui-ci est limité ou annihilé par la dureté de l’apprentissage ou les conditions de pratique ou un handicap, une maladie.
Docteur Arcier André, président fondateur de Médecine des arts®
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Bibliographie
Chaouloff and al, Ventral Tegmental area cannabinoid Type-1 Receptors control voluntary exercice performance. Biological Psychiatry, janvier 2013
[1] Pourquoi les bonnes résolutions en matière d’activité physique ne tiennent pas toujours… », communiqué de presse Inserm, 04 janvier 2013
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