La lecture (le solfège). Chronique d’un professeur de piano, N°1
Ce ne sont pas les notes qui m’intéressent… c’est la structure
La lecture est bien sûr un élément-clé de la pratique instrumentale, savoir lire les notes sur une partition est indispensable, mais c’est un moyen et pas une fin en soi. Serjiu Celibidache (grand chef d’orchestre) disait à ses élèves : « ce ne sont pas les notes qui m’intéressent… c’est la structure ». Les notes sont en fait l’équivalent des lettres de l’alphabet, les lire une par une ne suffit pas pour lire un mot. Une note doit être associée à un son, les sons formeront des mots (accords) puis des phrases (musicales). Ainsi pour les débutants j’associe plusieurs techniques d’apprentissage. Comme je l’ai expliqué dans la partie 5.2, nous commençons sur les deux clés, clé de sol, clé de fa, avec quelques notes-repère, les « do, sol, fa ». J’associe des jeux de diction, d’ordonnance des notes, en montant, en descendant et par intervalles ; d’abord les sons conjoints (do, ré, mi, fa, sol, la, si, do) puis en tierces (do, mi, sol, si, ré, fa, la, do) ce qui permettra de lire facilement les accords composés de tierces superposées (à leur état fondamental).
Cette méthode est celle employée par les Hongrois (Kodaly) qui, à partir de ce travail, apprennent les sept clés en même temps (une clé de sol, deux clés de fa, quatre clé d’ut). Les deux techniques associées permettent d’apprendre beaucoup de notes en peu de temps, ce qui est indispensable au piano. Les notes-repère seront identifiées tout de suite, les autres le seront grâce à la logique du graphisme, et petit à petit d’autres notes-repère s’ajouteront d’elles-mêmes.
Je dissocie la lecture pure et le jeu instrumental en précisant quand on est au clavier de ne pas s’imposer le nom de la note. La position de la note sur la partition sera directement associée à une touche et à un son. Le geste peut précéder la pensée sans inconvénient, au contraire, à condition de travailler la lecture séparément (mais peu, quelques minutes par jours suffisent). Petit à petit on ajoute des notes-repère jusqu’au quatre « do » qui se font miroir par rapport au do central.
il faut sentir et ressentir… chacune des notes
Le raisonnement se fait de bas en haut mais je n’impose pas de sens de lecture la plupart du temps, même si l’harmonie se travaille de cette façon. L’important est qu’il y ait déjà une représentation mentale rapide avant que les doigts ne jouent , car c’est le cerveau qui commande le doigt. La logique est assez facile à comprendre au piano : du grave vers l’aigu, de gauche à droite équivaut à de bas en haut… Certains élèves paraissent quand même étonnés que le clavier soit horizontal et, du coup, cette logique n’est pas comprise d’emblée ! C’est à ce moment qu’il est important d’associer le son, de faire quelques exercices en fermant les yeux pour mieux écouter, de jouer déjà des mélodies même très simples. Alexandre Sorel (revue Piano n°21) écrit : « Il faut sentir et ressentir […] chacune des notes, […] vibrer à chacune d’entre elle, puis analyser soigneusement et presque froidement ce que l’on avait d’abord senti avec le coeur ». Cela est vrai, je pense, à tous les stades de l’apprentissage, du débutant au professionnel.
Ensuite chacun évolue à son rythme, mais la lecture directe vient assez facilement même sans pratique de solfège extérieure et intensive. Certains sont un peu plus lents, je leur propose alors un peu de lecture hors clavier. Passé ce premier stade nous arrivons réellement au déchiffrage instrumental.
Rédactrice Patricia Cousin. Professeur de piano
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