La douleur et son expression chez le danseur

Localisations et causes de la douleur chez le danseur et la danseuse

La douleur est le symptôme le plus couramment exprimée par les artistes quelle que soit leur pratique.

Pour autant la danse est certainement la pratique où la douleur s’inscrit souvent de la manière la plus précoce dans les premiers apprentissages comme un phénomène avec lequel le jeune artiste doit voisiner, comme s’il s’agissait d’un facteur tenant à la pratique elle-même. C’est contre ce mode de penser que pédagogues, parents, préventeurs doivent s’élever et associer leur démarche afin de permettre l’expression de ces douleurs et leur prise en compte. Les traumatismes sont très fréquents dans la danse, beaucoup de facteurs interviennent comme facteurs ou cofacteurs causaux, mais la fatigue musculaire est vraisemblablement un élément notable sur lequel il faut agir.

La douleur interfère avec la pratique de la danse et les activités quotidiennes

Fontes Dore et al [1] ont étudié une population de danseurs de ballet professionnel. Il s’agissait après un entretien d’appliquer un questionnaire composé de questions ouvertes et fermées. Les activités extra-professionnelles étaient également explorées par ce questionnaire. Les zones douloureuses et l’intensité de la douleur (échelle de 0 à 10) étaient qualifiées par les questionnaires. Etait également étudiée la manière dont les douleurs venaient interférer avec les tâches quotidiennes : la prise alimentaire, l’habillement, le sommeil, l’humeur, la marche, les relations interpersonnelles ; une échelle de 0 à 10 était également appliquée pour étudier ces paramètres.

Doulers chez les danseurs

Douleur selon la localisation anatomique

La symptomatologie douloureuse était étudiée également en relation plus précise avec la pratique de la danse, ainsi que les traitements pratiqués. Une analyse statistique a été faite pour traiter ces données. L’échantillon était représenté par 141 danseurs, 56,7 % de sexe féminin, 43,3 % de sexe masculin, d’un âge moyen de 26,1 ans (+/- 6,1) L’âge moyen du commencement de la danse était de 13,2 ans +/- 5,8 pour les danseurs, 12,9 ans +/-7,6 pour les danseuses. Le temps hebdomadaire de pratique était de 21,8 heures +/- 8,8. 58,1% des danseurs pratiquaient également d’autres activités physiques, avec une moyenne de 3,6 heures (+/- 4,5) /semaine.

Les zones anatomiques les plus douloureuses chez les danseurs étaient la région lombaire qui était présente chez 85,8% des artistes, puis les genoux, le rachis cervical, les hanches et les pieds.

L’intensité douloureuse était qualifiée de modérée à sévère chez 70,2% des danseurs de cet échantillon. L’interférence de la douleur dans leur tâches quotidienne était également très fréquente, puisque 60,3 % mentionnaient la présence d’une douleur modérée à intense dans leur vie quotidienne.

Une analyse plus fine met en évidence une corrélation significative entre :

  • la douleur cervicale et l’âge du début de l’apprentissage,
  • la douleur lombaire et la pratique de la danse, le sommeil, l’humeur et les relations personnelles,
  • les douleurs du genou et la danse,
  • les douleurs cervicales et le sommeil et l’humeur,
  • les douleurs des pieds et la danse et l’humeur.

Causes de douleur chez le danseur

Si les facteurs tels que les conditions d’apprentissage et de pratique, l’environnement de travail tel que la qualité du sol, interviennent dans la fréquence et l’intensité des douleurs, les facteurs psychosociaux sont aussi une dimension des conditions favorisant l’émergence et le maintien de ces douleurs.

L’identification des facteurs de risque dans leur globalité est donc à prendre en compte pour appliquer une prévention intégrée à la pratique. La dimension douloureuse en relation avec la pratique interfère avec la qualité de vie, l’humeur et les relations personnelles, ce qui est une raison supplémentaire pour ne pas négliger ce symptôme. La prise en charge de cette douleur est, après la prévention primaire, une condition pour améliorer la pratique et les conséquences sur la vie professionnelle et personnelle. Aussi on ne peut que conseiller aux institutions d’intégrer des prestations de rééducateurs spécialisés pour une meilleure prise en charge des danseurs. Médecine des arts défend cette réflexion depuis près de 30 ans, tout en indiquant la nécessité d’associer d’abord une phase d’étude des populations afin d’avoir des indicateurs d’efficacité et de suivi avec des tests validés, et in fine de s’assurer de l’efficacité des méthodes utilisées. L’ensemble devant être intégré dans une démarche de progrès permanent sur le plan préventif et de la performance elle-même.

Rédacteur : Docteur ARCIER, président fondateur de Médecine des arts®
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Bibliographie

[1] Bianca Fontes Dore, Ricardo Oliveira Guerra. Painful symptoms and associated factors in professional dancers. Rev Bras Med Esporte. Vol. 13, Nº 2 – Mar /Abr, 2007.


 

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