Bonjour,
En maladie professionnelle depuis plus d’un an, après opération nerf radial aux deux bras, compression d’autres nerfs, tendinites chroniques périarthrite épaule droite etc vu expert qui a dit qu’il ne fallait plus que je joue de violon au vu des échographies et des électromyogrammes mais m’envoie chez expert psychiatre car dit douleurs psy, expert psychiatre dit que je suis "normale" et qu’il n y a aucun problème psy. La commission de réforme confirme maladie professionnelle puis demande une expertise avec un spécialiste du violon …. pour savoir s’ils me mettent en retraite anticipée (58 ans) est-ce normal ?? de redemander une expertise ? ensuite l’école qui m’a payé mes salaires depuis plus d’un an demande à son assurance de la rembourser puisque je suis déclarée en maladie professionnelle mais l’assurance demande que je repasse une expertise afin soi-disant de savoir à quel tableau rattacher ma maladie ce qui a déjà été fait par le premier expert que j’ai vu lors de l’opération de mes deux bras donc ma question ? tout cela est-il normal ? toutes ces demandes d’expertise pour ne pas payer je suppose et si le centre de gestions accepte ma mise à la retraite pour invalidité cela ne fera-t-il pas jurisprudence ? car les musiciens pour l’instant ne sont pas des gens ayant des maladies professionnelles … je me bats depuis 2008 je vous ai déjà écrit au sujet des % qui ont été décidé pour mes bras bien sûr entre temps j’ai retravaillé !! je suis fonctionnaire territorial à temps complet merci de m’aider. Ont-ils le droit de demander une autre expertise après la commission de réforme ? ont-ils le droit (assurance de l’école) de redemander une expertise alors qu’elles ont déjà été faites vont-ils enfin trouver un médecin expert spécialisé en violon ou bien cela n’existe pas ? pendant ce temps je touche mon salaire et j’ai peur de devoir le rembourser si tout ça dure encore merci
Violoniste. Troubles musculo-squelettiques (TMS) et maladie professionnelle chez une violoniste
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par helene
06/12/2014 à 13:00
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par Docteur A. Icarre
06/12/2014 à 13:22Bonjour,
Vous posez des questions extrêmement délicates du fait des conséquences que les décisions prises peuvent avoir sur le plan médico-professionnel et il est quasiment impossible d’y répondre simplement. Pour régler un problème de la sorte et de manière optimale, ma propre expérience m’apprend que de telles situations peuvent demander de longues négociations au-delà des seuls règlements administratifs en ajoutant des relations interpersonnelles étroites avec toutes les composantes du dossier, service de relation humaine, partenaires sociaux, service de santé, services sociaux au travail, direction et une grande habileté de la personne qui fait avancer ce dossier.Sur le plan pratique quelques précisions pour faire avancer une telle démarche
- Vous évoquez des problèmes de santé et vous demandez si ces problèmes « peuvent passer » en maladie professionnelle. Qui dit maladies professionnelles, dit maladies et il est nécessaire de ne pas s’arrêter aux symptômes que vous décrivez, il est nécessaire d’étiqueter ces symptômes et de les référer à une maladie.
- dans un premier temps donc, il est nécessaire de faire le diagnostic précis et argumenté des problèmes dont vous souffrez et qui vous impose cette incapacité temporaire de jouer dans le cadre de votre travail.
- Dans un deuxième temps, votre médecin doit vérifier si la maladie en question fait partie des tableaux de maladies professionnelles (en général le tableau 57). A noter que votre statut (régime général de la sécurité sociale, régime des collectivités territoriales etc.) a une importance dans le système de reconnaissance des maladies professionnelles. Ces tableaux sont régis par le code de la sécurité sociale (Régime général), les autres systèmes font généralement référence à ces tableaux.
- Soit cette maladie professionnelle fait partie du tableau et les conditions requises sont bien présentes et la maladie peut être reconnue, soit ce n’est pas le cas et votre médecin doit regarder si les conditions de faire appel à une commission de recours est envisageable ou pas (il y a là aussi des conditions particulières)
- Le fait qu’une maladie professionnelle puisse être reconnue ouvre droits à des avantages médico-sociaux et professionnels mais peut également selon les cas entraîner des inconvénients qu’il est prudent de bien étudier et peser. Il est donc nécessaire de mettre en perspective les conséquences médico-professionnelles.
- Enfin, dans la mesure où on considère que la maladie professionnelle pourrait être acceptée, une réflexion doit être menée afin d’étudier toutes les conséquences pratiques d’une telle évolution du dossier et cela dépend de données qui ne sont pas toutes objectives (dépend notamment des services de ressources humaines et du désir partagé de régler le mieux possible un dossier en faveur de la santé de l’intéressé).
- Sur le plan pratique encore, le médecin doit faire un certificat actant la maladie et le fait qu’elle fait partie de tel ou tel tableau de maladie professionnelle et le patient adresse lui-même cette demande de reconnaissance à sa caisse d’assurance maladie.
Mais vous mesurez que type de dossier demande du temps et il est souvent nécessaire de l’étudier précocement après le début de l’arrêt, dès que l’on pense qu’un arrêt peut être prolongé. Il est, il me semble important de demander un rendez-vous avec le service de santé au travail et plus particulièrement le médecin du travail dont vous dépendez et là aussi de voir si celui-ci a, n’ont pas la compétence technique (car il l’a), mais toute l’habileté de conduire le dossier avec vous et avec les services de RH. Car en général, il faut rencontrer le chef des services de ressources humaines, ou les directions, parfois les partenaires sociaux (et souvent plusieurs fois), le service social.
Le médecin du travail peut faire avancer le dossier très utilement, faire avancer le dossier de maladie professionnelle, prévoir une reprise à temps partiel, la prescription de réserves médicales et technique, la participation simplement à certaines répétitions par exemple ou à d’autres tâches etc… Mais chaque fois il faut qu’il vérifie les conditions de cette reprise et vos capacités et les conséquences à court, moyen et long terme puisque le médecin doit in fine définir l’ « aptitude au travail », ce qui peut avoir aussi des conséquences redoutables parfois. L’enjeu par ailleurs est de faire passer ces décisions le plus habilement possible auprès des directions afin de faire en sorte de garder les meilleures relations pour que dans la pratique même la reprise se passe bien, en bonne intelligence, en ayant pour but ultime la reprise définitive de l’activité avec toute l’efficience possible requise pour une activité telle que la vôtre.Il est à noter que l’on utilise pas assez la visite médicale de pré-reprise qui peut se faire durant la période de maladie, bien avant la reprise afin d’étudier toutes les orientations du dossier et qui permet au médecin de prendre les contacts nécessaires pour faire en sorte que la reprise se fasse dans des conditions qui permettent la réadaptation à son poste de travail en prescrivant les réserves nécessaires pour cela.
Je vous souhaite un rétablissement dans les meilleures conditions et un prompt rétablissement
Cordiales salutationsDocteur ICARRE
PS. Médecine des arts® a mis en place une consultation-conseil pluridisciplinaire spécifique à l'expertise de problèmes médico-légaux
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par helene
06/12/2014 à 13:24Re bonjour,
Je vous remercie pour votre réponse, à présent après de nouvelles visites chez des médecins experts, après une commission de réforme qui reconnait que je suis en maladie professionnelle, le centre de gestion demande une expertise médicale d’un spécialiste en violon qu’ils ont semble-t-il trouvé à parisDe plus l’école qui me paie mes salaires puisque je suis en maladie professionnelle demande le remboursement de mes salaires à son assurance qui…. demande une expertise outre le fait que la vie sans jouer du violon c’est tout un monde à reconstruire, mes nerfs sont à rude épreuve j’ai vraiment l’impression que les musiciens ne sont pas pris au sérieux tout cela est-il normal ?
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par helene
06/12/2014 à 13:26Excusez-moi un oubli, oublié de préciser que la question posée à l’expert est retraite anticipée ? et que j’en suis à la troisième commission de réforme
merci