Bonjour
Votre question est délicate, les articles scientifiques existent concernant la prévalence de ces troubles dans certaine organisation musicale, mais le pronostic à long terme n’a pas été véritablement étudié scientifiquement à ma connaissance. Pour autant cette problématique est connue depuis fort longtemps dès 1829 Larrey l’avait décrite chez les muezzins, et d’autres auteurs l’avaient observé chez les tousseurs chroniques, les souffleurs de verre et les instrumentistes à vent au milieu du XX° siècle.
Cette anomalie anatomique est semble-t-il assez fréquente chez les instrumentistes à vent, Mac Fie trouve cette anomalie chez 56% des membres de plusieurs fanfares. D’autres auteurs ont retrouvés également une présence élevée de laryngocèle chez les instrumentistes à vent. Le plus souvent ces anomalies sont asymptomatiques, Stephani décrit des sensations de gêne, de corps étranger au niveau laryngé chez des instrumentistes amateurs ; la symptomatologie s’accentue pendant ou après le jeu instrumental. L’arrêt de la pratique entraîne une régression complète des symptômes dans les cas étudiés pour cet auteur.
Une étude plus récente chez les hautboïstes a montré la présence d’une hypertrophie du cou lors du jeu de 2 à 7 cm. L’auteur a sélectionné 5 hautboïstes pour un scanner laryngopharyngée, tous présentaient un cou très volumineux lors du jeu (3 à 8 cm). Tous ces musiciens avaient une pharyngocèle bilatérale très volumineuse d’effort, 1 avait également une laryngocèle bialtérale de taille modeste, négligeable comparée à celle de la pharyngocèle bilatérale.
Pour reprendre votre question, pharyngocèle et laryngocèle semblent extrêmement fréquents chez les instrumentistes à vent, notamment chez les bassonistes, hautboiste, les cors et les trompettes pour les cuivres, je n’ai pas vu de publication chez les saxophonistes, mais probablement simplement du fait de la faiblesse des travaux sur cet instrument. De nombreux professionnels présentent cette anomalie, pour le plus grand nombre sans gêne, ni symptôme. Isaacson et Sataloff ont décrit le cas d’un jeune trompettiste de 16 ans, trompettiste. Ce jeune musicien avait consulté parce que le leader de la fanfare avait remarqué que lors du jeu il présentait une masse qui apparaissait au niveau du cou. Les examens ont mis en évidence une laryngocèle bilatérale. La chirurgie a été discutée et différée du fait que cette masse était réductible et asymptomatique, le jeune musicien a été autorisé à continuer la pratique.
Il est évident qu’une surveillance rapprochée peut s’imposer dans ce cas. Mais il s’agit là d’un cas clinique, et chaque cas nécessite une analyse spécifique, ce serait une erreur d’en conclure à priori que cela peut être généralisé. Il me semble qu’il faut à nouveau consulter le spécialiste que vous avez rencontré, éventuellement voir un spécialiste de manière complémentaire et lui apporter ces informations afin qu’il puisse poser son indication en tenant compte de cette information car s’il ne faut pas écarter une intervention chirurgicale nécessaire, notamment selon l’importance symptomatique, il ne faut pas non plus intervenir de façon excessive plus encore chez un musicien. L’expérience des spécialistes sur ce sujet ne peut être que faible, du fait de la faible fréquence de ces cas dans la population générale, une réflexion si possible pluridisciplinaire peut s’avérer utile, un avis d’un spécialiste universitaire également.
cordialement, merci par avance de nous informer de l’évolution et des décisions thérapeutiques.
cordialement
Docteur ICARRE