Bonjour,
Je suppose que vous avez vu un ORL, fait un bilan clinique et réalisé à minima une audiométrie qui a constaté une diminution de votre audition de manière bilatérale, notamment sur les fréquences aiguës (les hypoacousies en relation avec l’exposition à la musique se caractérisent ainsi en général, il y a quelques exceptions pour les instruments fortement asymétriques par rapport à l’oreille, violon par exemple). (Merci de nous envoyer les résultats de vos examens complémentaires – vous pouvez nous les adresser à l’adresse suivante en les scannant, ou plus simplement en faisant une photo, mda.medecine-des-arts@.com.
Dans la mesure où c’est le cas, il serait utile de faire une dosimétrie à votre poste de travail afin de savoir si la dose de bruit reçue est susceptible d’être le facteur de nuisance (si vous êtes soumis à la médecine du travail, tous les services en questions ont ces appareils, il vous suffit de les contacter pour cela, cela fait partie de leur prestation globale, il n’y a pas de surcoût).
Cet examen de l’ambiance acoustique permettra d’indiquer si ces 20 heures de cours sont susceptibles d’avoir entraîné vos problèmes auditifs. Cela est possible, mais cela ne me paraît pas pour autant ce qui est le plus probable, sauf si le bruit est souvent au-delà de 88 db au moins (car la zone de risque et de danger est de 80 et 85 db, mais par semaine (35 h/semaine) et cela de manière habituelle. Le bruit double tous les 3 db, ainsi pour 20 heures par semaines, ces limites seraient de 83 ou 88 db de manière hebdomadaire et habituelle (cote d’alerte, cote de danger).
Je pense qu’il ne faut pas oublier que le risque auditif est un risque cumulatif c’est-à-dire qu’à un moment donné ce risque est le résultat de ce que votre oreille a subi avant, parfois longtemps avant (adolescence etc). Avez-vous des résultats d’audiométrie antérieure, avez-vous comparé ces bilans. Avez-vous eu dans votre histoire d’autres types d’agression auditive sur le plan sonore, avez-vous été dans une ambiance sonore comportant une intensité élevée dans le cadre de vos activités mais aussi dans d’autres activités de loisir par exemple. L’ORL a, je suppose, étudié vos antécédents, demandé des examens complémentaires.
En résumé un bilan ORL est nécessaire pour bien évaluer la situation globale, et le niveau sonore de votre environnement professionnel doit être étudié.
Si ces bilans plaident en faveur d’un risque auditif en relation avec vos activités professionnelles, plusieurs démarches peuvent être entreprises.
Limiter la source sonore à la source :
• Soigner l’environnement ou vous faites de la musique, en limitant la réverbération sonore, en traitant acoustiquement le local, en s’éloignant quelques peu de la source (s’il s’agit d’élève, faire la dosimétrie au niveau de votre oreille, pas à la sortie de l’accordéon de l’élève).
• Limiter dans la mesure du possible l’exposition, notamment extra-professionnelle. Tous les sons à une certaine intensité sont toxiques pour l’oreille. Eviter les activités qui peuvent poser un problème pour les oreilles (plongée sous-marine par exemple), les médicaments qui peuvent être toxiques pour l’oreille.
• Limiter l’agression sonore en portant une protection auditive, il existe aujourd’hui des protections moulées acceptables, mais si nous sommes conscient que l’écoute est dans le champ musical de première importance, il existe à travers le monde de nombreuses organisations musicales qui en sont dotées. Il faut néanmoins savoir qu’une bonne protection c’est celle que l’on porte, et si le bruit double tous les 3 décibels selon une échelle logarithmique, la protection joue également selon une échelle logarithmique, c’est-à-dire que pour être efficace, il faut la porter la plupart du temps. Cette protection est à la charge de l’employeur.
L’hypoacousie est dans certaines conditions reconnues comme maladie professionnelle et doit donc faire l’objet d’une déclaration, mais je suppose que votre hypoacousie est inférieure au niveau d’atteinte requis dans le tableau 42 des maladies professionnelles.
Sur un plan plus global, si ce risque existe, il existe également pour l’élève, même s’il joue moins de temps. La santé auditive est de première importance dans un conservatoire ou une école de musique, aussi il serait utile d’avoir une réflexion au sein de votre organisation sur ce risque.
Il est à noter que la revue Médecine des arts a édité 3 numéros extrêmement précis sur ces problèmes auditifs chez les musiciens, chaque école devrait avoir ces numéros afin de mieux informer le collectif du travail et les responsables et mettre en place une prévention de ce risque pour les enseignants, mais aussi pour les élèves .
Merci de nous tenir informer de l’évolution de votre problème, cela fait avancer globalement la réflexion de tous les musiciens qui viennent sur ce site. PS. Numéro sur l’audition et sa protection pour les musiciens
Cordialement
Docteur ICARRE