Les affections de la main à travers l’oeuvre de Rodin
Rodin a consacré beaucoup de temps et d’attention aux mains. Traitées comme une extrémité corporelle, rattachée au corps mais aussi de manière isolée comme des œuvres à part entière, autonomes.
C’est un vaste répertoire de mains que nous propose Rodin, des formes différentes, des angles de vue singulières, des anatomies expressives traduisant aussi des émotions.
Chang, étudiant en médecine, visite le Cantor Arts Center et observe avec fascination l’œuvre de Rodin (1840-1917). Peu à peu, il se familiarise avec les œuvres de Rodin et en les scrutant attentivement, il imagine ce qu’elles ont de singulier, quels mystères elles peuvent contenir. Il imagine leur beauté mais aussi les failles des modèles, les maladies qu’ils pouvaient avoir. Il en fait une lecture médicale à chacune de ses visites. C’était pour lui devenu presqu’un jeu que de résoudre les énigmes que posaient les mains de Rodin et d’essayer de répertorier les différentes maladies qu’elles illustraient. Chang est devenu chirurgien de la main et du membre supérieur, il est Professeur à l’université de Stanfort et il propose à ses étudiants ce regard sur les mains de Rodin. « Je veux que les médecins traversent la rue et viennent apprécier la beauté artistique des mains, et je veux que public puisse voir ce qu’elles ont à l’intérieur » dit le docteur Chang. Il propose une exposition « Inside Rodin’s Hands : Art, Technology, and Survey ». Il s’agit de mettre face à face des sculptures de mains de Rodin accompagnées de photos avant et après la chirurgie de patients atteints de maladies et de traumatismes qui déforment la main de la même manière que l’a représenté Rodin dans ces mains.
Ainsi sont illustrés la maladie de Dupuytren, le syndrome d’Alpert, la maladie de Charcot-Marie-Tooth, un kyste synovial, etc
Pour le conservateur du musée d’art européen, Bernard Barryte, il est vraisemblable que Rodin ne se souciait pas particulièrement des signes médicaux que révélaient les mains qui a sculptées. Tout son travail de sculpteur était destiné à communiquer des émotions et à susciter de l’empathie. Les mains qu’il choisissait sont particulièrement expressives. Les mains qu’il a prises comme modèles, il les trouvait simplement intéressantes. Il a travaillé sans fin des mains de toutes sortes afin d’avoir une « blibliothèque » de mains qu’il pourrait utiliser selon les besoins. Pour Barryte, « Bien que les mains de cette exposition aient été choisis en raison de leur ressemblance à des déformations cliniques, nombreuses sont les mains sculptées par Rodin qui ne sont déformées par aucune pathologie particulière, mais simplement par les rigueurs de la vie du XIXe siècle ».
L’exposition confronte les technologies contemporaines et l’imagerie médicale les plus sophistiquées mises au service des étudiants pour mieux comprendre le corps humain et la vision d’un artiste qui donne avec ses œuvres particulièrement expressive plus de « chair » que ne le fait paradoxalement une réalité même « augmentée ».
Les étudiants durant leurs études sont amenés à découvrir de la manière la plus formelle et technique la main, à la disséquer. Ce rapprochement des sciences avec les arts leur permet de porter un regard esthétique et sensible sur la main par l’intermédiaire d’un sculpteur qui l’a magnifiée dans son œuvre. Une main n’est pas simplement un modèle anatomique, des muscles et des tendons, mais résident dans chacune d’elle une pensée, une émotion et une fonction que l’artiste a saisies et qu’il nous donne à voir et surtout à comprendre dans toute son humanité.
Rédacteur Docteur Arcier, président fondateur de Médecine des arts®
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