Troubadour

Troubadours, Trouvères

nom masculin
Poète-musicien de la France méridionale aux XIIème et XIIIème siècle.Le mot, d’origine provençale, est formé du verbe trobar = trouver, de même que son synonyme du Nord de la France, trouvère, est formé du verbe trover = trouver. Le troubadour et le trouvère sont ceux qui inventent les paroles et la musique de leurs chansons. Le plus ancien des troubadours dont les oeuvres littéraires aient été conservées est Guillaume VII, comte de Poitiers (1071-1127) ; on ne possède la musique que d’une seule de ses chansons. Les premiers troubadours étaient limousins et écrivaient dans le dialecte de leur province. Ils étaient des hommes cultivés, pour la plupart instruits dans les écoles monastiques ou épiscopales. Un auteur moderne a prétendu que l’art des troubadours n’est pas d’origine populaire ; cependant leur type de chanson a tout de cette origine, ce qui n’exclut pas qu’elles fussent écrites par des chansonniers au courant de l’art savant. Les airs de troubadours dont on possède la notation sont dispersés dans une vingtaine de manuscrits qui ne sont pas antérieurs à la fin du XIIIème siècle. Leur notation, dérivée des neumes aquitains, offre les mêmes caractères que celle des trouvères du Nord, quant à l’interprétation, la mesure (mode rythmique) étant réglée, dans les chants syllabiques, par la corrélation entre les accents métriques du texte et les temps forts de la mélodie. (Voyez Mode). Les chansons des troubadours sont des mélodies chantées en solo, accompagnées à l’unisson, avec quelques doubles et triples cordes, sur la vièle, la harpe, classe ces pièces correspondent la plupart du temps aux paroles, et non à la musique. On peut seulement remarquer que la pastourelle et la romance sont en général alertes et légères, au chant syllabique ou presque, tandis que les chansons d’amour, d’aube, d’histoire ou de toile, le sirventès sont plutôt développés, avec des passages vocalisés expressifs. Les troubadours les plus célèbres sont :

  •   Guillaume VII, comte e Poitiers (1071-1127), le plus ancien dont on possède les oeuvres (une seule notation)
  •   Bernard de Ventadour (1145-1195),
  •   Jaufré Rudel (1130-1141),
  •   Gaucelm Faydit (vers 1180-1216),
  •   Guiraut Riquier (environ 1220-1280)

 

Poêtes provençaux des XIe, XIIe et XIIIe siècles, ainsi appelés du mot troubar, trouver, inventer : ils nommaient leur art la .gaie science. Les plus célèbres d’entre eux lurent P. Vidal, Arnaud Daniel, Janfred Rude], Bertrand de Born, Anselme Fayditt, Raimond Béranger, comte de Provence, Richard Coeur-de-Lion, Thibaut, comte de Champagne et Guillaume IX, comte de Poitiers. Leurs poésies, qui, pour la plupart appartiennent au genre lyrique et sont très- courtes, se composaient de sirventes, plaints, tensons, ballades, novas (ou nouvelles). Ils chantaient surtout la chevalerie et l’amour. Le troubadour de profession allait de château en château réciter ou chanter ses vers, en s’accompagnant d’un instrument, ordinairement d’une espèce de guitare : souvent aussi il se faisait accompagner d’un jongleur (Comir), par lequel il faisait chanter ses vers. Les troubadours étaient répandus dans le Midi de la France. Ils florissaient surtout à Toulouse, à Narbonne, à Aix en Provence. Ils parlaient la langue d’Oc, ou le languedocien.
Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier, 1872

 

Troubadours et trouvèrent ont joué le même rôle en France, et dans un livre du genre de celui-ci il est difficile de les séparer. Les uns et les autres doivent être considérés comme les créateurs de la poésie française, avec cette différence que les troubadours, fils du midi, écrivaient en langue d’oc, tandis que les trouvères, enfants du nord, se servaient de la langue d’oil. Leurs noms ont d’ailleurs la même origine, et viennent pour les premiers du languedocien trobar, et pour les seconds du français trover, trouver, qui ont la même signification. Dans ses recherches sur la France, Estienne Pasquier dit que « les poètes provençaux étaient appelés troubadours à cause des inventions qu’ils trouvaient. »

Nous n’avons à nous occuper ici que sommairement des troubadours et des trouvères, et seulement en raison de leurs relations avec les jongleurs et ménestrels, par lesquels ils se faisaient suivre parfois, afin de leur faire exécuter et récite ou chanter les poésies dont ils étaient les auteurs. La différence entre les uns et les autres était nettement établie, et un vieux poète la caractérisait en ces termes :

  • s'il chante bien, c’est un jongleur ;
  • s'il dit beaux mots, c’est un trouveur.

C’est au moyen âge, à partir du onzième siècle, que commença à prendre naissance l’art des troubadours et des trouvères. Leur histoire appartient à celle de notre littérature et de notre poésie ; nous n’en retiendrons que ce qui a trait au sujet qui nous occupe, au côté spectacle, qui leur était nécessaire pour se faire connaître et répandre leurs oeuvres. « L’art du troubadour, au quatorzième siècle, a dit Kastner, devint, sous l’influence des lois académiques de l’institution des Jeux floraux, la gaie science ou le gai savoir, attendu qu’on mettait tous ses soins à trouver, c’est-à-dire à imaginer des choses jolies, agréables, récréatives et amoureuses. Ce fut vers le onzième siècle que les trouvères et les troubadours se répandirent dans les châteaux et les principales cours de l’Europe, dont ils firent les délices. Ils prenaient part surtout à l’exécution des spectacles accompagnés de danses et de musique qui avaient lieu entre les divers services d’un repas, et que, pour cette raison, on appelait entremets. Ces espèces d’intermèdes dramatiques étaient surtout en usage dans les grandes fêtes nommées tinel ou cours plénières, qu’on célébrait à l’occasion des mariages des souverains ou de leurs enfants, et ils n’étaient même pas bannis de certaines solennités consacrées par la religion ou par la coutume locale. Les trouvères et les troubadours se rendaient de tous côtés à ces fêtes. Ils voyageaient isolément, chacun pour son compte, quand, doués d’une égale habileté dans plusieurs parties de leur art, ils pouvaient se passer de leurs confrères. Quelquefois ils formaient de petites associations dont chaque membre exerçait une industrie spéciale. Il arrivait ainsi qu’un troubadour menait avec lui ses ménestrels et ses jongleurs, à peu près comme on a vu dans la suite le maître de danse se faire accompagner par le ménestrier qui joue de la flûte ou racle du violon. » Ceci suffit pour faire apprécier la distance qui séparait les troubadours et les trouvères des jongleurs et des ménestrels
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d‘Arthur Pougin, 1885. 


 

 

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