Trappe

Les trappes sont les endroits du plancher de la scène par lesquels paraissent ou disparaissent instantanément, à la vue du spectateur, soit un personnage, soit un objet plus ou moins volumineux, soit parfois toute une machine décorative portant dix, vingt, trente personnes et plus. Le plancher d’un théâtre, essentiellement mobile, est divisé régulièrement, à chacun de ses plans, en un certain nombre de trappes et trappillons (Voyez Plancher) ; mais comme il arrive souvent que, pour les besoins d’une pièce, on a besoin d’ouvertures beaucoup plus grandes que celles des trappes régulières, qui ne mesurent guère plus d’un mètre de largeur, on transforme le plancher à l’endroit voulu pour obtenir ces ouvertures, ces trappes d’une dimension exceptionnelle. Le plancher, en effet, doit se prêter et se prête à tout, et sa division sous ce rapport est essentiellement variable. Selon le besoin, les trappes sont de forme carrée, oblongue, quelquefois ronde, et l’on a dit avec raison que dans un théâtre bien machiné leur nombre est parfois si grand que le plancher semble découpé à jour. Il va sans dire que malgré cela, celui-ci reste toujours parfaitement uni, que les trappes ne s’ouvrent que juste au moment nécessaire, et que, une fois opérée, elles se referment aussitôt de la façon la plus exacte et la plus parfaite. Voici d’ailleurs comment on procède : la trappe étant fermée par un coulisseau très solide qui se trouve au niveau du plancher, lorsque le moment est venu où une apparition doit se produire par le dessous du théâtre, le coulisseau glisse rapidement dans une rainure, laisse ouverte la place qu’il occupait et livre ainsi passage au personnage ou à l’objet qui doit apparaître ; celui-ci est porté par un plateau de bois qui a la dimension exacte de la trappe et qui est lui-même supporté par un fort châssis mis en mouvement à l’aide d’un jeu de contre-poids ; lorsque le personnage s’est avancé sur la scène ou que l’objet a été enlevé, le plateau redescend vivement, et le coulisseau, reprenant sa place, vient de nouveau boucher la trappe. S’il s’agit, au contraire, d’une disparition, on n’a recours qu’à la seconde partie de l’opération : c’est-à-dire que la trappe a été préalablement bouchée par le plateau mobile, et que, le moment venu de faire ou l’objet qui doit s’enfoncer sous terre, le plateau se baisse, la disparition s’opère, et le coulisseau revient occuper sa place ordinaire.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d‘Arthur Pougin, 1885


 

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