Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne

Théâtre bâti sur le terrain de l’hôtel de Bourgogne, à Paris, (à l’emplacement occupé depuis par la halle aux cuirs), par le Confrères de la Passion, et les Enfants sans-souci, conformément au privilège par eux obtenu, par arrêt de 17 novembre 1548, mais avec injonction de ne plus représenter des mystères sacrés et de borner aux sujets profanes. Telle fut l’origine du Théâtre-Français. On représenta alors des pièces historiques et romanesques de Jodelle, Baïf, Grevin etc., puis des tragédies de Robert Garnier. En 1588, les Confrères, qui, en 1612, demandèrent l’affranchissement des droits qu’ils payaient aux Confrères de la Passion, ce qu’ils obtinrent en 1629. Les principaux acteurs comiques de ce théâtre étaient alors Robert Guérin dit Lafleur ou Gros-Guillaume, Hugues Guérin dit Fléchelle, ou Gautier Gargille, Boniface, Henri Legrand dit Belleville ou Turlupin, Deslauriers dit Bruscambille ; le principal acteur tragique, Pierre Lemessier, dit Bellerose, qui créa les principaux rôles des premières pièces de Corneille (1626-1643). On y comptait encore Alison, qui jouait les servantes et les nourrices, les femmes n’osant pas encore paraître sur les planches ; et Melle Beaupré, la 1er femme qui se soit montrée sur le théâtre, ou elle créa la soubrette dans la Galerie du palais, de Corneille, en 1634.

Plus tard, parmi les acteurs de ce théâtre, on compta Floridor, Mondory, Baron père, Hautetoche, Poisson, Brecourt, Champmêlé ; Mmes Desoeillets, la Thuilerie. Là furent représentés les premiers chefs-d’œuvre de Cornelle, depuis le Cid jusqu’à la Mort de Pompée, ceux de Racine, depuis Andromaque jusqu’à Phèdre (1667-1677). Les comédiens du théâtre de l’hôtel de Bourgogne se joignirent à ceux de la salle Guénégaud (1680). L’hôtel de Bourgogne fut occupé alors par des comédiens italiens jusqu’en 1697, époque où le théâtre fut fermé. Il rouvrit le 1er juin 1716, et l’on vit une nouvelle troupe italienne. En 1762, on y réunit l’Opéra-Comique ; les comédies italiennes ayant été supprimées (1779), on y joua des drames de Mercier, des vaudevilles de Püs et Barré, de petites comédies et des opéras-comiques de Lachabeaussière et Massollier, etc. A la clôture de 1783, les comédiens quittèrent l’hôtel de Bourgogne pour aller s’installer à la salle Favart. Le théâtre de l’hôtel de Bourgogne fut détruit et remplacé par la halle aux cuirs.

Encyclopédie de l'art dramatique / par C.-M.-Edmond Béquet - 1886