Tempérament

vient du verbe latin : temperare qui signifie tempérer, coordonner, et aussi amoindrir par diminution.
Nom masculin

Le ton (considéré comme intervalle) est divisé en deux demi-tons, l’un chromatique qui contient 5 commas, et l’autre diatonique composé de 4 commas. C’est ainsi, par exemple, qu’entre les deux notes ut et ré, formant un ton, on trouve une autre note qui peut être à la fois un ut dièse, en montant, et un ré bémol, en descendant. Ces deux notes ut dièse et ré bémol ont entre elles une telle ressemblance d’intonation, qu’on les appelle synonymes ou enharmoniques. (V. ces mots.) Entre ut et ut dièse, le demi-ton est chromatique et contient 5 commas ; entre ut et ré bémol, le demi-ton est diatonique avec 4 commas. Le ton est donc partagé par deux notes, l’une dièse, l’autre bémol, ayant entre elles la différence d’un comma : différence qui est si petite, que l’oreille les confond toutes les deux. Tous les instruments de musique ne font pas de la même manière les notes synonymes ou enharmoniques. Dans les uns, et parmi ceux-là les instruments de la famille du violon, elles ont deux procédés pour les exécuter : c’est ainsi que le do dièse et le ré bémol, le ré dièse et le mi bémol, le fa dièse et le sol bémol, le sol dièse et le la bémol, le la dièse et le si bémol ont deux doigtés différents. – Au contraire, dans les instruments à clavier tels que le piano et l’orgue, et les instruments en cuivre à pistons, les notes enharmoniques se font sur une même touche sur le piano et avec le même doigté sur les instruments de cuivre à pistons.
Sur les premiers instruments, on applique le système de la justesse absolue, et sur les seconds celui du système tempéré, c’est-à-dire celui du tempérament ; système dans lequel, au moyen d’une manière d’accorder l’instrument, chaque ton est divisé en deux demi-tons à peu près égaux, de sorte que le demi-ton chromatique et le demi-ton diatonique contiennent également 4 commas et demi. Alors les notes enharmoniques sont rendues par un son unique. Les instruments auxquels n’est pas appliqué le système du tempérament et de l’accord tempéré sont appelés instruments à justesse absolue (la voix humaine est un instrument à justesse absolue), parce que l’instrumentiste peut à sa volonté hausser ou baisser les sons de manière à obtenir la justesse absolument exacte pour chaque son. Chez ces derniers on trouve dans l’étendue d’une octave 35 notes différentes : 7 naturelles, 7 dièses, 7 bémolisées, 7 doublement diésées, 7 doublement bémolisées. Les instruments qui jouissent du système de l’accord tempéré n’ont que 12 notes différentes par octave. On peut s’en rendre compte en regardant le clavier d’un piano ou d’un orgue.
Dictionnaire de musique, Rougnon, 1935

• On appelle tempérament une altération presque insensible de la valeur du dièse et du bémol, pour les faire coïncider au même point dans les instruments à sons fixes, tels que les pianos, les orgues, les harpes, etc. Dans leur état naturel, ut dièse et ré bémol ne coïncident pas : ut dièse est plus élevé que ré bémol. Il fallait donc altérer un peu cet état naturel pour ne pas multiplier à l’infini les touches du clavier, et pour le rendre accessible aux mains des pianistes.

• Dans le système moderne, appelé tempéré, on trouve que tous les intervalles ne peuvent pas être pratiqués dans leur justesse parfaite, mais qu’ils perdent tantôt sur un point, tantôt sur un autre, quelque chose de leur acuité ou gravité. En effet, l’expérience nous montre qu’une suite de tierces majeures et mineures, de quintes et de quartes, accordées avec une justesse rigoureuse, lorsqu’elles arrivent à un terme donné, produisent.un son ou trop haut ou trop bas, relativement aux premiers. C’est pour obvier à cet inconvénient que l’on est dans la nécessité d’altérer l’un ou l’autre son, afin de combiner les intervalles d’un mode avec ceux de l’autre : et c’est le résultat de cette opération qu’on appelle tempérament.

Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier, 1872