Symphonie
Pièce divisée en trois ou quatre morceaux et composée pour l’orchestre. La symphonie commence le plus souvent par une courte introduction d’un mouvement lent, qui contraste avec la vivacité, l’éclat, la véhémence, l’entraînante rapidité du premier allegro qu’elle prépare. Vient ensuite un andante varié, un cantabile ou un adagio suivi d’un menuet ; un rondo vif et brillant, un finale plein de mouvement et de vigueur, terminent cette œuvre, une des plus importantes en musique. Rien qui émeuve, qui entraîne comme une belle symphonie, traduisant avec des gradations habilement ménagées toutes les nuances du sentiment. Au dix-huitième siècle, Corelli, Geminiani, Vivaldi, en composant leurs concerti grossi, avaient ouvert la carrière de la symphonie. Mais, malgré l’incontestable talent de ces virtuoses célèbres, ce genre de composition présentait encore toutes les imperfections d’un premier essai. Il lui restait à acquérir une forme plus originale, à prendre un essor plus vigoureux, plus hardi. Haydn lui donna une vie nouvelle, l’anima du souffle ardent de son génie, l’éleva, en un mot, à un haut degré de perfection. Ses symphonies sont d’admirables chefs-d’œuvre, qui ont toujours d’irrésistibles séductions, même pour les oreilles les moins familiarisées avec les délicatesses de l’art. Mozart et Beethoven ont fait des symphonies qui sont des créations sublimes, et où l’on retrouve cette verve, cette abondance d’idées, cette fécondité inépuisable, cette variété de style et de coloris qui distinguent ces grands compositeurs. Mendelssohn doit être encore cité de nos jours comme un des meilleurs compositeurs dans ce genre de composition, qui exige à la fois de l’habileté, de l’inspiration et une science profonde. Richard Wagner a écrit des symphonies où l’on rencontre parfois des effets grandioses, mais d’un style inégal et bizarre que l’on ne saurait prendre pour modèles. Nous devons citer encore Robert Schumann, un compositeur de l’école de Richard Wagner dont les oeuvres brillent plus par la science que par l’inspiration. Bien qu’elle n’ait abordé le genre de la symphonie que longtemps après l’Italie et l’Allemagne, la France a déjà obtenu de brillants succès sous ce rapport. Une des illustrations de l’école française, un de nos premiers compositeurs dramatiques, Méhul, a l’ait des symphonies qui ne sont pas un de ses moindres titres de gloire. Et de nos jours, quelques-unes de M. Berlioz brillent par des effets nouveaux, par la hardiesse de la conception, par une instrumentation habile et savante. MM. Félicien David, Ch. Gounod, Th. Gouvy, Henri Reber, Onslow, ont composé aussi des symphonies qui méritent d’être signalées. Le Conservatoire a travaillé avec succès à populariser chez nous les symphonies des grands maîtres. Une institution de fraîche date sous la direction de M. Pasdeloup, la Société des concerts populaires, propage avec éclat les œuvres symphoniques.
Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier, 1872
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