Sogoninkou

« Les rythmes joués dans les musiques de percussions Mandingues sont regroupés en classes bien identifiées qui permettent de les associer à des rites de la vie social précis.
Ce rythme est joué par un kongoni et deux djembes. Le sogoninkou (traduction : tête de petit animal) est à l’origine une danse de masques. Le danseur est coiffé d’un bonnet orné de poil de bélier ou d’une petite sculpture représentant une antilope (il pourrait s’agir d’une représentation de l’antilope mythique qui fit découvrir l’agriculture aux hommes), tandis que son visage est dissimulé par un carré de cotonnade percé de deux trous pour les yeux et orné des cauris (petits coquillages). Il danse seul ou accompagné de son apprenti qui est lui aussi masqué. Il évolue lentement en adoptant une attitude animale caractéristique, soutenu par les percussionnistes et la chanteuse.
A un moment donné, le chant cesse et le danseur exécute des acrobaties étonnantes tandis que les musiciens augmentent le tempo et modifient le rythme. Puis le soliste donne un signal et l’on revient au rythme et aux tempo initiaux. Il existe donc plusieurs parties de sogoninkou, celles-ci étant toutes liées aux différentes évolutions du danseur. On distingue notamment la partie nommée « wara foli » qui est identique au « seneke foli » (rythme des cultivateurs). Contrairement aux autres rythmes le kongoni ne cesse de faire des variations, alternant rythme binaire et ternaire à des tempos différents. Il nécessite donc un apprentissage très long. Lorsque la chanteuse évoque le souvenir d’une personne décédée, le danseur se couche lentement à terre et reste allongé comme s’il était lui-même mort. Si ce dernier doit être parfaitement entraîné physiquement, il doit aussi connaître les secrets et les rites liés à cette danse emprunte de mysticisme.
Traditionnellement, cet événement s’organise après la grande récolte. Un danseur peut donc voyager de village en village accompagné de ses musiciens et de sa chanteuse, recevant cadeaux, aliments et argent en récompense de ses prouesses. Il danse parfois sur le tamis servant à passer les grains de céréales. Aujourd’hui, on peut organiser un sogoninkou à l’occasion des grandes fêtes et avec l’approbation du conseil du village. La manifestation dure au plus une journée et une nuit, en fonction de la fatigue du danseur.
Percussion mandingue » [1]

1. Comtet Julien, Mémoires de djembéfola, L’Harmattan, 2012